Découragés, les fans des Chroniques de l’Iboga — anciens équipiers, camarades de Jouëts, amis et simples sympathisans — ont tus leur clameurs : « et cette chronique des 18 heures d’Arcachon, elle arrive, ou quoi ? » « t’as tellement honte du résultat que tu te caches ? » « le classement, le classement ! »
Peut-être que c’était tellement bien cette session de 33 heures sur le bateau quasi non-stop qu’inconsciemment, je renâcle à partager… à moins qu’une simple flemme du côté de l’interface cerveau-clavier ne justifie sans panache ce retard du journal de bord ?
Assez préambulé. Au fait.
Version Bonaparte
« Une bonne image… long discours » paraît-il.
Version ambiance
« C’était excellent : 150 bateaux sur la ligne de départ, se tirer la bourre, apéros 1, 2, 3… à bord, super ambiance, navigation de nuit, petit matin blème, retour de la chaleur… j’adore. La trace GPS »
Version résultats
« Bon, dans la Classe A2 (bleu), en compensé, on est bien classé : 6/16.
D’autant plus que, en distance compensée :
– les 2 premiers de A2, des Bjet, n’ont rien à faire contre nous, bien plus rapides
– les Djin 7 (2 devant mais de peu) et les Sun 2000 (tous derrière) qui sont très comparables à nous sont bizarrement dans la Classe A3 (orange)
Dans « ma classe », ainsi recomposée, nous serions 6/28. Pas mal, non ?
Mais le compensé classe A2, c’est le seul où on est bien classé.
Dans le classement général distance réelle, l’Iboga est 78e / 121 classés. j’ai eu fait mieux.
Mais, là n’est pas l’essentiel.
On s’est bien amusé et on a bien fait marcher le bateau. »
Version longue
Je vous mets le briefing préalable (en citations) avec à l’intérieur comment ça s’est passé en vrai. Ça vous va ?
Facts & Forcasts
Ma synthèse : temps de moins en moins pourri, humide, pas froid, pas assez de vent pour s’éclater (ni se fatiguer). Ya de l’ancre dans l’air, si je peux dire…
Quant aux des coef. : pas violents, en rapport avec la météo pas violente non plus ; le convoyage aller à contre courant, potentiellement au moteur. Dans la course, penser à (tâcher d’) avoir passé la bouée Bélisaire avant 23:00 (PM de 22:49), autrement… ancre, sûr. Si on réussit ça, on prend 1 tour aux autres.
Pour le reste…
Une assez bonne anticipation, ancre comprise. Mieux : le vent a été dans l’ensemble au RV assez soutenu pour une navigation agréable sans être effectivement violente ; il n’est pas tombé aussi tôt que d’habitude ce qui nous a permis de passer Bélisaire une fois après la tombée de la nuit. Pas terrible : d’avoir manqué de lucudité au tour d’après avec encore moins de vent et d’avoir fini par jeter l’ancre pour 3 heures, celles qui ont permis à Galip notamment de nous mettre 1,5 tour dans la vue et bravo à Patrick.
Marées
Samedi 03 juillet : PM 10h25 – BM 16h21 – PM 22h49
Dimanche 04 juillet : BM 4h46 coef48 – PM 11h12 – BM 17h05
Les marées ont été conformes.
Météo
BULLETIN RIVAGE GIRONDE, EMIS LE JEUDI 1 JUILLET 2010 A 17H01 LEGALE VALABLE JUSQU’AU JEUDI 8 JUILLET 2010
SAMEDI 3 : TOUJOURS INSTABLE
Le département se réveille sous des pluies orageuses. En début de matinée les orages se dissipent mais le ciel reste gris et bas. Au cours de la matinée les nuages de basse couche se déchirent progressivement laissant un ciel chaotique dans une atmosphère lourde et humide. Le risque d’averses se maintient jusqu’en soirée.
Vent: Nord-ouest dominant 5 à 10 noeuds.
Mer: peu agitée à agitée.
Houle: de 2 m à 2,50m.
Visibilité: 2 à 5 milles réduite sous les pluies.
Températures:
Minimales : voisine de 19 degrés.
Maximales : 24 à 25 degrés.
DIMANCHE 4 : RETOUR DU SOLEIL
En début de journée le ciel reste encombré avec de rares ondées. Progressivement des trouées se dessinent se généralisant au cours de la matinée à l’ensemble du département et les ondées disparaissent. L’après-midi reste agréable. Le soleil domine malgré la présence de quelques nuages inoffensifs, permettant au mercure de gagner quelques degrés.
Vent: Faible à modéré de secteur nord à nord-ouest avec effet de brise.
Températures:
Minimales : 16 à 19 degrés.
Maximales : 27 à 29 degrés.
La prévision météo du samedi matin sur 48h est très conforme. Même la petite pluie du samedi soir. Même les bons thermiques d’après-midi. Bravo Météo France.
Préparation technique du bateau
Euh… rien que je voie cette année, sauf casse au convoyage.
Je laisse tomber cette fois encore mon envie de bastaques (surtout vu le vent qu’on aura, pas).
Ah! si :
– acheter et poser une girouette
– fixer aux haubans des penons (liens de sacs poubelle)
– acheter une lampe torche puissante + piles
– calibrer la drisse de palan de dérive (pour réglages de la mort qui font la différence)
Nous ferons ça à Arc.
Là, on s’est contenté d’acheter la girouette et de ne pas la poser : trop tard, trop dur de grimper au mat avec les outils et dans le speed. Les 18 heures sans girouette, de simples penons dans les haubans.
Pan sur les doigts : les feux de navigation, et où sont-ils ? Nulle part… Fred file à la coopé constater la rupture de stock. La course sans feux ? Pas facile à admettre. Et la chance de la solidarité de notre voisin de ponton qui nous prête ses 2 feux en rab, le rouge et le blanc qui deviendra vert avec un bout de bouteille de Badoit (si si, il y avait de la Badoit à bord. Ça étonne quelqu’un ?). Un grand merci pour sa générosité spontanée à Philippe, patron du Djinn 7 Marlotte 3.
Les Rendez-Vous
A ce jour :
Delphine départ d’Arcachon (sauf si pour le fun, une traversée Arc.-Ferret vendredi soir), retour à Arcachon, rapport aux transports en commun.
Fred, départ d’Arcachon (gare aux bouchons si tu arrives vers midi, Fred…), retour à Arcachon
Benoît départ et retour du Ferret ? covoiturage pour Bx-Ferret samedi matin ?
En fait, Benoît et fx font Bordeaux-Ferret en Volvo, Benoît tient le bateau le temps que Delphine nous rejoigne. Pendant ce temps, Fred arrivant de Charente inférieure, joue à cache cache avec les bouchons des arrivées juilletistes, jusqu’à Arc.
Pour le retour, on recompose : Benoît repart d’Arc. avec Fred. Delphine et fx pour raccompagner le bateau au Ferret.
Planning
11:00 – 12:00
RV au bateau
Ça s’est passé comme ça.
12:30
après la PM de 10:25, nous quitterons le Ferret dès que possible, entre 12:30 au plus tard
départ pour Arcachon, pendant le trajet, à bord :
casse-croûte des équipiers présents, 1er ti-punch
étude du réglage de dérive (très important et trop négligé)
étude des rôles pour le départ (n°1 pour parrer les abordages, écoutes, chrono, photos/vidéo, bières)
étude du parcours / stratégie courant/vent
Un jour on fera comme ça.
A la place, je crois que ça a été surtout blaguer et casser la croûte, plus un très utile envoi de spi. Par chance, malgré le courant de face, le convoyage a été un bon moment de voile avec assez de vent. Aussi, escale à la plage d’Eyrac pour déposer Delphine qui ne nous supporte déjà plus qui a une course à faire en ville et qui nous rejoindra au port.
14:30
à Arcachon, inscription, préparation du bateau (rangement, vérifications rivets…)
rentrage des points GPS des bouées de parcours
bière au club house, échange d’intox avec d’autres concurrents etc
vaisselle si, + 1/4 du bidon d’eau (les poids, bordel !)
attention, on a que 1 heure et quelques ; ça passe très vite
Pas de déviation, sauf petit stress sur le délai d’arrivée de Fred, avec l’épicerie, et l’épisode des feux de nave.
Et puis, l’incontournable bar du club house :
"quel est le point fort de votre équipage ? La sobriété". tu parles, ils sont au Ricard ! #18hA #iboga
— François-Xavier Bodin (@fxbodin) July 3, 2010
16:00
départ vers la ligne (Thiers) rangement du moteur à fond de cabine, extinction des mobiles jusqu’au couche de soleil (‘tain, ça déconne pas à bord de l’Iboga…) sauf 1 iPhone pour twitter
Ça s’est passé comme ça. L’étale de courant. Tirer des bords le long de la ligne, étalonner les temps de procédure… faire gaffe aux autres, profiter du plaisir d’être dans le tas.
17:00
DEPART !
si pas retour au port avec la coque percée ou autre avarie (ça s’est vu) : régate jusqu’à la chute du vent, puis nuit à l’ancre et enfin retour en passant par le canot avec les croisants. enfin, on verra bien. si ça se trouve, contrairement aux prévisions, il y aura du vent tout le temps, ce qui serait génial, et on fera 14 tours, mais je n’y crois pas. visons d’en faire 7 ou 8, déjà.
Cet épisode a bien duré 18 heures.
Un départ plus que correct, un peu en retrait mais plus au vent, à raser le bateau comité, c’était pas possible. Tribord amure, au près. Le rouge à tribord qui tente le forcing mais qui renonce, Benoît devant le bateau qui surveille sous le vent, fx à la barre qui faufile l’Iboga au cul d’un gros sans trop souffrir des perturbations du vent. Le bon stress qui concentre, qui démultiplie les sensations, qui permet de voir à 360°. j’adore les départs. 40 secondes après T0, l’Iboga passe la ligne dans le 1er tiers de la flotte.
Après, des tours de moins de 2 heures chaque. Delphine affectée à la feuille de course scribe scrupuleuse de nos rotations pointe l’heure de passage à Thiers.
Une fois le bateau bien en main, les ti-punch remplacent les bières et le serrano, la salamanque, les crudités, les chips… ainsi jusqu’à la nuit.
Des allures sommes toutes assez confortables puisque, toute la course, nous aurons un vent orienté NW. Il n’y aura quasiment aucun long bord bout au vent, ni aucun vent assez arrière pour justifier franchement l’envoi du spi (Ceci dit certains ont choisi de s’écarter de la route directe pour abattre ensuite sous spi jusqu’à la bouée CVA. Un choix).
La nuit est tombée pour de bon. Noire. La marée descend et au sortir de la bouée de Bélisaire, nous avons l’occasion de régater contre Galip. Une seule option gagnante : remonter jusqu’au Grand-Banc pour ensuite longer les parcs, dans une relatif abris du courant de face. Près serré babord amure. Mais noire, la nuit. C’est comme ça qu’on entend crier, sur Galip. Qu’y a-t-il ? Et à ce moment, plein de pignots ont poussé autour de l’Iboga ! Nous sommes à l’intérieur des parcs. Arriverons-nous à sortir ? Une abattée à 90° et fonce dans le tas, faut que ça passe. Quitte à pousser ou nous déhaler sur quelques lattes. Nous voilà sortis. Galip est sorti devant nous de cet épisode. Nous ne le reverrons plus de la course.
Vers une heure du mat, au plus fort du descendant, le passage à vide mentionné plus haut. Ancre près de la bouée de Bélisaire. Le réveil remonté pour 1/2 h avant la renverse et l’équipage entier a bien besoin de repos. Nous ne sommes pas les seuls à l’ancre et les « bleus » de l’épreuve (tu me lis, Joël ;-) se sont laissé embarquer jusque chez Hortense. Mais les malins de l’épreuve (tu me lis, Patrick ?), et peut-être un peu plus lucides et concentrés, on vu venir le coup et on tiré un bord vers le nord juste après la bouée de Péreire, de sorte de remonter en amont du niveau de la bouée Bélisaire pour arriver dessus avec de l’élan et ainsi la passer malgré la faiblesse du vent. Les moyens malins (tu me lis, Jef ?) on posé l’ancre mais l’ont rapidement relevée après une petite 1/2 heure de stop.
Peu avant 4 heures du mat, un souffle de vent me tire du mauvais sommeil, je hisse les voiles, Fred émerge et tous les 2 nous relançons le bateau dans la course. Les heures un peu dures.
Vers le lever du jour, toujours un moment fabuleux, Delphine revient à la vie, bientôt suivie de Benoît. C’est l’heure des croissants frais et de la Dépêche de la semaine dernière ; merci quand même, la Dépêche. La course n’est pas finie et l’équipage a à coeur de tirer le maximum du bateau jusqu’au bout.
Et les 11:00 nous interceptent dans notre 6e tour, peu après le bouée Péreire.
Rappel que la carte interactive montre bien chaque tour.
11:00
heure de fin de la course
retour au CVA pour remise du cagnard et de la feuille de course (remplie) selon où on se trouve à midi, ca peut prendre de 20 mn à 2 heures voire plus
note : penser à compléter le plein du bidon d’eau.
Comme à 11:00, nous sommes aussi loin que possible du port, le retour, toujours sous voiles au portant, ce super vent, nous donne l’occasion de faire un vrai repas avec chorrizo frit, tomates et pâtes. Le reste des formalités, comme prévues. Et puis refaire la course. Et puis se dire que c’était bien. Mais ce sont déjà les adieux à Fred et Benoît…
Après, l’objectif technique est d’être de retour au corps mort à partir de 19:30-20:00 quand il y aura assez d’eau pour arriver au corps mort après la BM de 17:05, ce qui n’exclut pas de participer à la remise des prix si on quitte Arc. à 17:30 au plus tard. En même temps, ça nous laisse le temps de revivre la course, de nous faire nos adieux etc. et c’est une occasion d’attendre l’établissement du thermique s’il doit se manifester. Inch Allah.
Là, il y a eu variante. d’abord sur la composition de l’équipage (voir ci avant) mais aussi sur les impératifs et contraintes. D’abord le vent s’est levé et les nuages ont disparu quasiment. Avec ce temps superbe, une envie de voile. Bizarre, non ? de toutes façons, effectivement ça ne sert à rien d’arriver trop tôt au Ferret. Du coup, on ne s’attarde pas au CVA et je passe la barre à Delphine pour un tour de l’île, pour commencer. Je vous ai dit que Delphine possède un CV voile incluant une transat à l’envers sur une goëlette de 36m ? Le parcours de l’Iboga, en attendant : traversée de la rade d’Eyrac, Cousse, Mapoutchet, chenal de l’île bout au vent (remarquer le point de zigzag en haut sur la trace interactive), rencontre avec Olivier sur son Open 5.0 devant la Pointe aux chevaux, puis chenal de Piquey jusqu’à l’escoure du phare. Débarquement de Delphine.
Il est pile basse mer. Avec ce petit coef de 48, il s’en faut de 4 heures que je puisse accrocher l’Iboga à son corps mort. Alors j’attends. Baignade, sieste, bouquinage. A 20:00, je clôture cette session de plus de 30 heures de bateau.
Une petite rétrospective des participations de l’Iboga aux 18 heures d’Arcachon
Certaines avec Fred et Benoît et même une exceptionnelle avec les deux !
Épreuve zappé en 2008
2006, 5e participation de Fred
2005, l’année où on casse le safran avant le départ ; Benoît et Fred à bord, l’une de mes photos five stars
? trou dans les chroniques…
Fred rallie l’Iboga pour l’édition 2001
La première pour l’Iboga, en 2000
Les 18 heures d’Arcachon 2010 vues d’ailleurs
Sur le très commenté blog du Sun 2000, animé avec une générosité reconnue, et c’est très bien, par Mathieu « Estouki »
Sur le site de l’association des Jouët 680 animé avec régularité par Jean-Claude « Le Gaillard »