Pyla Paradiso

Où comment la dernière marée de la saison prévue avec Manue et Roland, dans le temps superbe de dimanche entre deux passages dépressionnaires, s’est transformé en WE sauvetage. Ça faisait longtemps, que le bateau ne s’était pas échappé (#galère2017). Mais hélas pas longtemps depuis la dernière galère avec l’affaire de la dérive en juin dernier. Deux dans l’année, c’est deux de trop…

Je découvre seulement après avoir écrit cette chronique, parce que je n’écoute ni France Bleu, ni Facebook le WE que la tempête avait un nom : Aline — La vidéo de Florian Clément alias « Météo du Pays de Buch »

Donc cette fin de semaine a été marquée par une belle tempête de sud-sud-ouest avec des vents de plus de 50 nds. Donc une vraie « tempête » au sens de l’échelle Beaufort :

48 à 55 nds : Conditions exceptionnelles : Très grosses lames à longue crête en panache. L’écume produite s’agglomère en larges bancs et est soufflée dans le lit du vent en épaisses trainées blanches. Dans son ensemble, la surface des eaux semble blanche. Le déferlement en rouleaux devient intense et brutal. Visibilité réduite, Vagues de 9 à 12,5 m.

Amiral Francis Beaufort (1774-1857)

Sauf que bien sûr, dans le bassin d’Arcachon, les vagues n’atteignent pas ces dimensions, la faute au fetch — la mer l’a pas assez de distance pour se former. Mais quand même avec du S-SO, elle a un petit 10 miles de fetch, jusqu’au fond. Il n’y a qu’à voir les images de Claouey et Piquey jeudi !

Claouey coup de tabac du 20 octobre 2023 — vidéo : Kris

En attendant, l’Iboga avait surmonté le coup de vent de jeudi.

J’avais été tranquillisé par la photo du bateau à sa place que m’avait envoyé ma correspondante sur place, Marie.

Photo de Marie vendredi midi

C’était sans compter sur le coup de vent de vendredi soir : j’ai été prévenu samedi midi que mon bateau n’était plus à son emplacement au Ferret ! Ça se passe comme ça : tandis que je suis à Bordeaux en train de préparer ma soirée Rugby de samedi soir à la villa de Patrice à la Vigne, et la marée de dimanche finalement très prometteuse avec Manue et Roland, Stéphane Scotto demande à son ami Hervé Hélary de lui envoyer une photo de mon bateau ; je lui dis c’est pas la peine, mon bateau est à sa place, mais il m’envoie quand même une photo de l’emplacement… sans le bateau ! Même pas la bouée… Alerte 🚨 !

13:24 samedi : où est le bateau ? — photo Hervé via Stéphane

Mon ami Patrice vient de quitter le marché du Ferret, il est encore dans le coin, il se rend sur place et confirme que l’Iboga est en effet nulle part en vue. Au moins n’est-il pas dans la jetée, c’est déjà ça. Mais où est-il ?)

Nous le retrouvons rapidement, grâce au CROSS Étel 02 97 55 35 35, et à mes amis du Ferret coordonnés par l’inoxydable Pierre Desmarie qui connait tout le monde à la plage du Phare, équipés de fortes jumelles : il est au Pyla devant la fameuse villa Téthys. Il y a plus moche pour échouer. Les amis voient des gens tourner autour du bateau !

Normal : ce sont Manue et Roland, rejoints par Jacques et Stéphane, déjà sur place tandis que je suis sur la route. Ils me rassurent immédiatement.

J’ai eu beaucoup de chance. Le bateau est « seulement » éraflé, avec un enfoncement un peu sévère comme vous pouvez voir sur la photo. Certains de mes voisins d’échouage ont eu moins de chance est sont bons pour la déconstruction…

L’Iboga devant la villa Téthys — photo iPhone S. Scotto

Innombrables supputations sur le parcours du bateau depuis son arrivée en terres testerines : où est-il arrivé ? où et contre quoi — perré, épi de pierres… — a-t-il tapé et frotté ? combien de temps (apparement pas assez longtemps pour le détruire) ? où a-t-il cogné pour casser l’embase du chandelier bâbord et couper la filière ? qui a pris soin du bateau en mettant l’ancre ? Et, que s’est-il passé pour que l’ancre soit tordue comme ça ?

L’ancre tordue WTF 😱

Le beau temps, dans un vent encore fort samedi à la basse mer a fait sortir de nombreux promeneurs. Quelle aubaine tous ces bateaux échoués, faits-divers divertissants dans une actu plutôt anxiogène… Parmi les promeneurs, la surprise de rencontrer l’ami Florent de l’écosystème Frenchtech, puis courant vent arrière notre équipière de pinasses Anne-Jo !

Bon en attendant alors, on fait comment ?

Je n’ai pas pu le renflouer pour le moment parce que les coefficients diminuaient (c’est sans doute grâce a ces très faibles coefficients que mon bateau a été sauvé) et les marées hautes n’ont pas fait flotter le bateau depuis lors.

Après plusieurs hésitations, je suis résolu à renflouer par moi-même dès que la marée sera assez haute, ce que j’estime possible mardi prochain à la pleine mer de 14:06.

Marée de mardi 24 octobre avec sa surcote — marees.info

Et la Question : pourquoi s’est-il échappé (cette fois-ci, parce que les autres, remarquez, surtout en hiver, on sait : décembre 1999, février 2001, octobre 2006, décembre 2008, février 2014, et avril 2017) ?

Et bien, le bateau échoué au Pyla est toujours parfaitement attaché à son fouet, son émerillon avec la bouée, sa chaîne, son 2e émerillon bien vissé sur… le corps mort ! Comment est-ce possible, alors que celui-ci avait étalé les vents de jeudi soir ? Quel rapport avec les traces de frottement noires tout le long du bateau ? Elles laissent supposer qu’un bateau (semi-mou ?) à la dérive s’est accroché et a eu raison de la tenue du corps mort.

Le corps mort version avril 2021

Ceux d’entre vous qui avaient suivi l’épisode (3-C07 a disparu !) où la Mairie de Lège Cap Ferret retire tous les mouillages non valides alors que le mien n’est pas valide puisque j’ai oublié de le renouveler, se rappellent que j’avais résolu d’innover en remplaçant la lourde pierre de ciment (150 kg) que je me trainais depuis 1995 et désormais perdue, par une élégante vis hélicoïdale galva facile à manipuler et difficile à arracher. J’en ai été très content, jusqu’à samedi midi.

Bateau sécurisé, surtout qu’il n’est pas censé flotter d’ici mardi

Donc, maintenant assuré par le corps mort que j’ai vissé dans la plage du Pyla, et l’ancre de 15kg plus la chaine + 20m d’aussière, maintenant vidé en prévention des pillages avec l’aide de Stéphane, le bateau va m’attendre au Pyla ou j’espère du coup qu’il ne flottera pas d’ici mardi. Et mardi je serai dessus pour l’aider s’il le faut à se renflouer avant de la mener (à la voile !) au chantier de Grégory Debord à Meyran.

Assurer le bateau pour les prochains jours — photo iPhone S. Scotto

À suivre évidemment, dans les Chroniques !