Allo, M. Bodin … ?

Il est 18:00 ce lundi, je sors du coworking, quand je reçois cet appel…

Allô Monsieur Bodin ? C’est votre voisin : j’ai mon bateau dans Mimbeau. Je vous appelle parce que votre Jouët Iboga est échoué apparemment sur sa dérive, il faudrait que vous veniez voir…

Le Voisin

Le voisin qui m’envoie une photo.

Bateau échoué sur sa dérive – photo du bon samaritain voisin

WHAT!? Échoué sur sa dérive. Je vois très bien de quoi il s’agit : c’est mon pire cauchemar depuis que j’ai le bateau1. Quelque chose a dû casser dans le mécanisme de palan, à marée haute, la dérive pendouille sous le bateau, orientée vers l’avant, la marée baisse, et le bateau se pose sur la dérive, la tords en premier et ensuite sous l’effet du poids et du porte-à-faux, déchire le puits de dérive… Voilà ce que je m’attends à trouver au bateau. Autant dire que je ne suis pas optimiste.

Quand j’arrive au bateau, vers 20 heures, la marée a commencé à remonter mais le bateau est toujours bien échoué et je peux observer la situation. La première chose qui me rassure, c’est que la dérive s’est enfoncé à peu près verticalement dans l’axe du bateau. Déjà il ne semble pas y avoir de pliure. De ce côté là c’est une très bonne chose parce que si la dérive avait été pliée, il aurait été impossible de la retirer sans la couper, bateau au sec sur bers. Autant dire des frais hors de propos en ce moment pour moi.

Ensuite c’est le moment du diagnostic. Comment se fait-il que la dérive soit tombé ? J’enlève la table du carré, je dégage bien tout le tour du puits de dérive. Alors, le palan est intact, l’estrope en dyneema, posée il y a deux ans est intacte. C’est donc le cardan inox qui fixe l’estrope à la dérive qui a fait défaut.

L’estrope de relevage de dérive intacte – toutes les photos

Vient le moment de faire un plan pour relever cette dérive. Tant qu’il n’y a pas trop d’eau, je creuse autour de la dérive. À tâtons les mains dans le sable, je vais attacher une drisse de 6mm dyneema à l’emplacement fautif. Le bout va remonter via la poulie de relevage jusqu’à l’intérieur de la cabine. Et je vais faire un palan sommaire pour pouvoir wincher le moment venu la dérive. Il n’y a plus qu’à attendre.

Le palan de fortune – toutes les photos

Tandis que la nuit tombe et que la marée remonte, je patiente. Je me fais un café.

À un moment, il est peut-être 11 heures maintenant je pense que c’est le moment : le bateau a commencé à bouger sous l’effet du vent du nord qui s’est levé et dans un léger ressac heureusement pas trop fort. J’ai d’ailleurs bénéficié de conditions parfaites étant donné les circonstances. Le bateau remue un peu : je vais tenter d’accélérer le mouvement en allant à l’avant tirer comme un forcené sur l’aussière. Et rebelotte 5mn plus tard, comme ça une petite demi heure. Jusqu’à avoir l’idée de passer un winch à l’aussière d’amarrage et tirer dessus jusqu’à ce que le bateau avance sur son mouillage et passe par-dessus sa dérive. Seulement à ce moment-là je vais wincher mon palan de fortune et faire remonter la dérive qui remonte tout naturellement jusqu’à sa position où je vais pouvoir la goupiller. Ouf !

Dérive regoupillée
Dérive regoupillée – toutes les photos

Jusqu’à preuve du contraire il n’y a pas d’infiltration. Il n’y a peut-être donc pas d’avarie au niveau du puits de dérive. Mais maintenant il fait trop nuit pour aller plus loin. C’est le moment de quitter le bateau. J’y reviendrai le week-end prochain réparer ce qui doit être réparé. Avec cette impression d’être passé à côté d’une catastrophe…

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  1. Souvenir encore bien présent d’une Sacré Marée