Renflouement et saison tronquée mais pas de beaucoup

On se rappelle que l’hypothèse du dimanche soir, c’était que la marée de mardi serait peut-être la bonne pour ramener le bateau dans son élément liquide : samedi à la PM de 23:00 il y avait 3,18m de hauteur d’eau, le bateau était léché par les vagues, donc, avec 3,60m + plus grosses vagues attendus mardi, il flottera.
Entre temps, l’ami Joël, du 680 La Bulle, a distrait ses quarts de nuit pour jeter un coup d’œil : RAS (de loin) mais surtout, le bateau ne flotte pas, ce qui est très bien. Je crains surtout que le bateau ne soit pris dans le ressac du Pyla, avec du vent d’ouest.

Tout l’accastillage piqué 😡 — photos — et rappel que le pillage est passible de poursuites pénales…

Mardi 1h avant la PM, je suis au bateau. Il fait beau. Le vent est bien calmé. Oh ! Mais c’est pas possible : des charognards ont dépouillé mon bateau ! Palan de pataras, palan de hâle-bas, toutes les poulies, drisses de tangon… et quoi aussi ? Le bateau a été ouvert je vois, mais refermé (mal). Dur de dire s’il manque quelque chose : je n’avais rien laissé de valeur dedans heureusement. Mais quels connards ! Piquer de l’accastillage qualité puces nautiques… Pfff. Encore une déclaration à faire.

Des connards et des amis

Arrivent Jean-François, collègue pinasseyre, et Joël qui vont m’aider à pelleter sous le bateau au cas où il manque quelques cm à la pleine mer. On arrête quand je me se rend à l’évidence (bien après eux) : il va manquer un bon 50 cm de niveau d’eau pour faire flotter le bateau.

Comme le Ever-Given bloqué 6 jours dans le canal de Suez — Les autres photos

Je vais retendre au winch les deux amarres, et sécuriser la GV sur sa bôme, dans la cabine. Je garde le moteur dans la voiture.

Fin de la première tentative énervante et décevante.

Et inquiétante aussi, parce que je ne suis pas du tout à l’aise de laisser mon bateau sur cette côte agressive. D’après marees.info, demain pas davantage d’eau, ça va encore. Mais jeudi il faut absolument que ça le fasse. Parce que la tempête est annoncée de retour pour le WE. Je vais traverser Arcachon jusqu’au chantier de travaux maritimes Gentil. Je me fais répondre que ayant de plus gros bateaux à renflouer, il ne peut pas s’occuper du mien, mais je peux aller demander à son confrère à côté. À côté, justement, il y a le chantier Bossuet. Jean-Baptiste est un ami, en plus d’être le constructeur des pinasses à voiles sur lesquelles je navigue. Homme de mer et du coin, il aura sûrement de bonnes idées. Il m’accueille avec son sourire habituel « alors, t’as sorti ton bateau ? » Je lui retourne « alors t’as surélevé tes machines ? » En effet, des submersions son attendues et son atelier est à ras des flots. C’est lui qui va me suggérer « t’as pas des amis ostréiculteurs ? ».

Bons sang ! (en vrai je dis « ‘tain, oui !) bien sûr que j’ai des amis ostréiculteurs : la famille Gonzalez, de la Cabane du Pirelon, digue centrale à la Teste (je recommande évidemment). J’appelle Dominic, le père. Je n’ai pas le temps de finir mon histoire que « on arrive. » RV est pris pour 1h avant la PM de jeudi. Jonathan viendra me tracter avec son puissant chaland, après la marée aux parcs. De plus Dominic se déplacera deux fois au Pyla « j’ai que ça à faire je suis retraité » pour constater la situation et préparer un orin à la basse mer de jeudi matin.

Voilà jeudi.

Au matin, j’ai reçu une photo de Joël : tout allait bien.

Iboga au Pyla 25 octobre 2023 03h00 par Joël — les autres photos

Jeudi décisif

Dominic me fait un point à 11:00 : rien de grave, mais à la PM de cette nuit, le bateau s’est bien déplacé. Oui ! Le corps mort (toujours la vis, sur laquelle j’avais tiré au winch) et l’ancre, qu’il a fallu creuser pour la désensabler, ont quand même ripé et le bateau est parti 100m au nord. heureusement sur du sable, et même un peu plus bas par rapport au niveau de l’eau. Ce qui n’est pas plus mal.

En arrivant à 14:00 donc 2h avant la PM et je fais bien, je constate que le bateau a été salement secoué : tout est en vrac dedans !

Il faut faire vite : l’eau est bientôt là. Je transporte mes affaires et le moteur que j’installe sur le tableau ; le gouvernail sur ses aiguillots. Le bateau commence à bouger. Une pluie pas trop dense arrose la manœuvre. Le vent est complètement tombé. Ça c’est inespéré .

À l’avant, je tire sur l’aussière de l’ancre. Quelques vagues pour m’aider et voilà : le bateau flotte dans le lit du courant. Tout près des vagues mais pas assez pour être renvoyé à la côte. Merci la pétole, autrement…

Mes sauveteurs ne sont pas arrivés, mais je ne vais pas les attendre. J’ai appelé Joël pour le dispenser de venir m’aider. Moteur. Remonter jusqu’à l’ancre. Dérapé. Aller vite sans glisser à l’arrière ; avant, gaz, barre au large. C’est parti ! Soulagement intense.

Bye bye le Pyla, pas mécontent et à jamais plus — photos

Un assez fort courant dans le bon sens et le moteur à mi-gaz. Plus de 5 nds pour faire le tour d’Arcachon. Devant Péreire, voilà le chaland. On va se laisser dériver à couple quelques minutes, le temps d’épiloguer et de les remercier pour leur aide et leur disponibilité. Mais inutile de les bloquer davantage : je suis autonome. Je vais continuer la route, passée la Canalette, au niveau du port de Rocher, piquer à travers prés-salés submergés — c’est la PM — en faisant décoller les bernaches ; cap sur Meyran, arrondir un peu les tonnes de chasse au canard, des fois…

Voilà le fond du port de Meyran. La vraie pluie arrive, quelle averse. Ça achève de me tremper jusqu’au fond des bottes et sous la veste hauturière. Quelques 590 et autres à couple attendent leur mise au sec aussi. Je vais laisser l’Iboga à couple et après quelques hésitations, arriver à descendre à terre, parce que c’est la pleine mer très haut et il n’y a pas de passerelle là ;)

Bon je descend comment maintenant — d’autres photos

Il est 16:30. L’ami Pascal « Cagouille » est venu me chercher après le travail. Je fais un point rapide avec Grégory. Pascal me ramène au Pyla. La boucle est bouclée.

Je prévois devenir le WE prochain passer le nettoyer haute pression (ça sera un Ryobi, pas un Kärcher) et rincer le moteur et… on verra.

Ah, et il va falloir faire faire des devis, une déclaration de vol, RV avec l’Expert… Partie de plaisir.

Saison tronquée ? Pas de trop heureusement. J’avais prévu la sortie le 1e WE de novembre, mais la tempête Aline en a décidé autrement. Même si j’aurais bien fait encore une ou deux marées sur le bassin déserté et aller explorer ce qu’il reste du banc d’Arguin… Force aux ostréiculteurs qui ont soit perdu leurs parcs et leurs huîtres là bas, ou ont dû opérer un replis stratégique en catastrophe.

Toutes les photos du mardi décevant et du jeudi décisif

Mercis

🙏 Merci en particulier à Stéphane « Scottographe » et Jacques Froissant qui se sont rendu les premiers sur le site d’échouage au Pyla (enfin… pas tout à fait puisque les premiers à avoir trouvé le bateau ont été Roland et Manue) ; merci à Pierre et sa bande de riverains du Ferret qui ont scruté la côte avec leurs puissants jumelles ; merci à Joel Antomarchi pour sa disponibilité aux moments critiques et ses rondes de nuit ; à Jean Francois Mouton pour sa participation à la première tentative de renflouement et tous ses conseils et idées ; merci à Jean-Baptiste Bossuet pour m’avoir suggéré « tu n’as pas des amis ostréiculteurs ? » grâce à quoi j’ai profité de la disponibilité et de la gentillesse de la famille Gonzalez —  Dominic et son fils Jonathan — qui n’ont pas hésité à braver les éléments après la marée pour pour la dernière séquence. Et 🙏 à l’ami généreux Pascal Caubit pour le convoyage final en voiture de Meyran sous la pluie au Pyla où j’ai finalement récupéré ma vis-corps-mort dans les vagues histoire de m’achever à l’eau salée. Et rappel du rôle essentiel de Hervé Hélary, fondateur et animateur de la 📻 radio hyperlocale Vérigoud Cap Ferret, et enfin à Patrice Blanchot pour avoir l’un donné l’alarme, et l’autre confirmé l’absence du bateau au Ferret juste après sa disparition.

L’illustration du billet précédent se retrouve sans la moindre citation ou crédit dans le journal…