Marée d’hiver à Fontaine Vieille

J’ai été appelé ce samedi midi par un promeneur qui avait trouvé mon bateau échoué sans ancre à Fontaine Vieille, entre Andernos et Taussat.
QUOI !!!? Mais que fait-il là mon bateau ? Il est censé être paisiblement mouillé à Bertic, de l’autre côté, bien à l’abris du vent et de la houle. J’ai même contrôlé le mouillage il y a 15 jours !

Pourtant le doute n’est pas permis : l’Iboga a une fois de plus rompu son mouillage. Ça faisait longtemps1.

Tandis que je roule vers Claouey récupérer mon mouillage, l’ami Pierre, en voisin, se rend au rapport. Sa photo :

Mais à Bertic, pas trace d’ancre. Thierry pense qu’en moins d’une heure de houle, il a pu être recouvert de sable… On y retournera.
Donc je passe à Lège emprunter le mouillage de Manouche. Puis trace sur Andernos.
Le bateau est bien là, parallèle, à 1m du perré.

Constats :
– Le mouillage est déchiqueté à 1m du chaumard ; et ce n’est pas de l’usure
– traces noires et piquettage sur la gauche de l’étrave, rail de fargue déformé : un autre bateau est resté accroché là dans la houle assez de temps pour laisser ces traces et couper le mouillage…
– innombrables griffures du gelcoat, jusqu’à la fibre, de part et d’autre de la ligne de flottaison, du côté qui a raclé contre le perré
Pour le reste, le bateau est en état, pas de pillage, tout est comme je l’avais laissé.

La trace du bateau qui est venu esquinter le mien

La trace du bateau qui est venu esquinter le mien

Le gelcoat salement râpé jusqu'à la fibre

Le gelcoat salement râpé jusqu’à la fibre

Depuis quand est-il là ? Sais pas… Un jour de PM avec vent de NW, évidemment. Quel chemin a-t-il parcouru ? Mystère.

Alors voilà, avec Pierre, qui m’a apporté, en plus de son amicale compagnie, une pelle, nous creusons, sans trop y croire sous le bateau. « Oh, la marée, c’est pas aujourd’hui qu’elle montera si haut, hé. » Parole de riverain.

Ah, si le bateau ne flotte pas aujourd’hui, il va falloir prendre des dispositions, alors. Parce que je ne vais pas venir comme ça, à chaque marée haute, pour voir si des fois… Il faut imaginer un renflouement mécanique. Genre coûteux. Du coup, un coup de sans fil à l’assureur, pour déclarer le sinistre. Puis appeler Daniel, « mon » chantier naval. Ah, il est en pleine forme, Daniel : en vacances à Maurice ! OK… Je dois voir avec ses ouvriers, à partir de mardi… Là, il ne peut rien faire…

En attendant, nous posons les deux ancres, celle d’Eric (de Lège) et celle que Pierre a porté aussi. Puisque le bateau ne flottera pas aujourd’hui, il convient de le sécuriser un minimum. Au moins qu’il ne reparte pas contre le perré…

La pelle du large

La pelle du large

Des fois que, je monte le moteur et teste son démarrage. Ça, ça va.

Et puis ho, il reste encore 2h de montant, si nos calculs sont bons, en fait ça va peut être monter assez. À condition de bien creuser sous le bateau.
Nous redoublons de coups de pelle.

Et puis voilà : de l’eau partout autour du bateau. Il ne s’en faut que d’un petit effort : Pierre, moi même et un passant heureux de participer au renflouement (il paie sa leçon sur le cycle des marées que lui a prodigué Pierre peu avant tandis que c’était mon tour de pelleter, les pieds dans l’eau). Un coup sur l’arrière, un sur l’avant, pour bien souiller, 3e effort et le bateau est en pleine eau.

Bon, on ne va pas s’attarder, il y a de la route. Les adieux à l’opportun passant, à l’ami Pierre, démarrer le moteur et tracer aussi droit que possible vers Bertic.

L'ami Pierre, chef renfloueur

L’ami Pierre, chef renfloueur

Traversée sans incident. Envoyer quelques SMS à ceux qui sont impliqués dans l’histoire pour les tenir au courant. Mais surtout PROFITER d’être sur l’eau, cette lumière gris-bleu, ce paysage jamais banal et puis, cette lumière du coucher de soleil derrière les nuages à l’ouest, le rose-orange du ciel, la silhouette de la pesqu’île à contre jour…

Certes il fait quand même assez froid. 15 février, faut pas abuser. Je vous ai dit qu’il a presque fait beau, toute cette après midi, sur le bassin ?

Arriver à Bertic. La marée baisse depuis 1H. Trouver la bonne place parmi les bateaux qui hivernent ici : 1 grand Feeling DI, 2 autres Jouët 680, le 590 de l’ami François… Rassembler mes affaires, me déshabiller et glisser dans l’eau jusqu’à la taille. Outch ! Plus froide que je pensais…

Voilà. Thierry m’attend pour me ramener à Fontaine Vieille.

Le bateau est en sécurité je pense. Reste à lancer la déclaration de sinistre, l’expert, les devis… et normalement le chantier à suivre. Espérons que cela ne retarde pas trop le début de saison parce que ce tour sur l’eau m’a inspiré bien des désirs de voile.


  1. La dernière fois, c’était en décembre 2008, un échouage très haut à Saint Brice, d’où je n’avais pu le sortir qu’à l’aide d’une grue et la formidable solidarité d’amis et d’inconnus devenus depuis de vrais amis. La fois d’avant c’était en 2001, échoué contre le péré à Arès. La première fois, c’était en 1996, à Arès contre les réservoirs