Chers et fidèles lecteurs des Chroniques,
C’est avec une émotion certaine que je vous annonce ou confirme la fin de mon parcours avec l’Iboga.
Sorti du chantier Yachting-France sous le n° 46 en 1978, quand je l’ai acquis en 1995 il n’avait que 17 ans ! Avec l’Iboga (Relire Le nom du bateau), mon programme a principalement été la sortie à la journée avec quelques nuits à bord chaque saison. Sauf les quelques saisons de course avec des participations (inégales) aux 18h d’Arcachon et surtout la conquête du Trophée « 680 Connexion », en 2011 ! Mais rien de cette histoire ne vous est étrangère puisque vous êtes lecteurs fidèles du plus ancien blog du bassin d’Arcachon « Les Chroniques de l’Iboga », ouvert en 1999. Certains étaient sous la tente du salon nautique lors des 40 ans de la série, quand j’avais raconté au micro le sens de ce blog (et mes convictions quant aux superstitions nautiques ;)
Iboga a été mon loisir de luxe pour 2 sous, mon pied-à-terre sur le Bassin, à Claouey puis au Ferret, mon refuge, mon bivouac aux mouillages les plus iconiques du bassin — Ports du canal, de Meyran, de la Hume… port des tuiles, Audenge, Bertic, Saous, Afrique, les tchanquées, le Mimbeau, Arguin… — le lieu et le témoin d’amitiés et autres amours, un vecteur de relations confraternelles notamment avec vous…
Il a été aussi un sujet d’inquiétudes et parfois de soucis à régler (en 30 ans, 6 décrochages, chacun pour une cause différentes dont certaines de ma faute, aux conséquences plus ou moins lourdes, merci les assurances). La dernière l’automne dernier, qui m’a donné l’occasion d’un refit des œuvres mortes et du pont ce long novembre de printemps.
À part ces épisodes, une routine bien confortable : mise à l’au début de saison (le plus tôt possible, fin février-début mars) mais pas tous les ans, des fois c’est plus tard ; 8 mois de saison avec 10 à 30 sorties, mise au sec pour l’hivernage (en principe) et Kärcher en novembre, renouvellement du corps mort (si j’oublie pas) en décembre, chantier carénage, et plus si nécessaire et pas la flemme, en février…
J’ai trouvé en début d’année la force de casser cette routine, à l’occasion du looong chantier consécutif au crash d’octobre, mais surtout à l’aterrissage d’une idée que je traîne en moi depuis mon plus jeune âge…
C’est comme ça que j’ai mis le bateau en vente. J’étais prêt.
Et comme tout ce qui est prêt, ça s’est fait très vite.
Mon projet.
Vous vous doutez bien que je n’arrête pas la voile !
En février, leboncoin me montre une annonce pour un superbe Kelt 39 DI à Roscoff. J’avais une alarme sur « voilier DI », en veille. De toutes façons, cette annonce disparaît dans les heures suivantes. Même pas eu le temps de faire une copie d’écran. Mais mon métabolisme avait muté : j’achète un Kelt 39 DI. Maintenant. Et dès que je l’ai, je me mets en marche pour Le Grand Voyage (en emportant mes activités alimentaires, parce que je ne suis pas à la retraite. Loin de là…)
Le printemps va me présenter quelques autres occasions de ce bateau rare (50 ex.), construit entre 1996 et 2000, et plutôt unique avec sa dérive sabre (pas de souci de pivot), sa construction robuste, et son aménagement atypique. Ses utilisateurs vantent son comportement à le mer. C’est ça qu’il me faut ! Un tout pourri pas cher à la Martinique. Un sous pavillon suisse en Grèce. Enfin un, un peu cher, au Pays de Galles. Ces deux derniers me passeront sous le nez parce que je ne serai ou pas assez réactif, ou pas disponible pour me rendre sur place assez vite. La vérité, c’est que je n’ai pas finalisé mon plan de financement. Je ne peux pas m’engager, signer un compromis et laisser un accompte comme ça, sans être sûr de pouvoir suivre.
Les dernières unités de Kelt 39 DI, ce modèle, ont été livrées sous la marque Feeling, quand Kirié a racheté Kelt. D’où dans les annonces, une confusion avec le Feeling 39 DI, construit de 1999 à 2004 (je en suis pas encore expert, je peux me tromper dans les années) par Kirié puis Alliaura. Du coup, je suis exposé à ce modèle dessiné par Briand. Toujours un peu plus de 11m mais ultra large — plus de 4m — et beaucoup plus standard : 3 cabines, carré central, dérive pivotante. J’ai aussi testé le modèle 346 du même constructeur lors d’une nave de Loctudy au Ferret ce printemps. Et bien apprécié sa construction.
C’est ainsi que le 18 juin, mon alarme Google pop sur un Feeling 39 DI de 1999, en méditerranée, à 85 000 €. Le truc étrange c’est que les photos ressemblent au bassin. Je consulte le skipper du 346, Didier, qui se met en chasse. L’annonce sort sur leboncoin, 10 000€ moins cher ! Didier va aux infos : oui le bateau est à Andernos, c’est le même, il a été préparé pour un TDM qui a tourné court en 2020, il est super équipé. Trop de signaux positifs. Celui-ci je ne vais pas le laisser passer.
Parce que entre temps j’ai fait des calculs et comparé le prix final d’un Kelt 39 des années 80-90, surcôté parce que rare, mais vieux, donc avec 20 000 € de dépenses incompressibles, avec le prix d’un Feeling des années 2000 quasiment prêt, à 5 000€ près et 10 ans de moins. La question on met du temps à se la poser mais après elle est vite répondue.
Ça s’enchaine : je suis le premier sur le coup. Visite le bateau échoué. Avec le concours avisé de mon cousin Pascal et Mylène, du Sunshine 36 sur lequel j’ai pas mal navigué. Compromis (merci pour les modèles d’actes mon pote Fabien Expert maritime), dépôt d’un acompte, sous réserve d’essai.
Ça s’enchaine : je suis le premier sur le coup. Visite le bateau échoué. Avec le concours de mon cousin Pascal, du Sunshine 36 sur lequel j’ai pas mal navigué. Compromis (merci pour les modèles d’actes mon pote Fabien Expert maritime), dépôt d’un acompte, sous réserve d’essai.
L’essai, on l’a fait dimanche dernier, sous 20-30 nds de vent d’ouest, quelques bords devant Andernos, Audenge, et retour. Solent sur étai de trinquette et 2 ris dans la GV « légère » (le bateau a une garde-robe plus que complète. Le moteur tourne rond. Essai concluant.
L’acte, c’était hier, avec le transfert de propriété sur le portail web du Gouvernement (il faut être énarque pour y arriver !) J’en ai profité pour le rabaptiser… IBOGA II. Promis Neptune, à la première sortie je sacrifierai aux rituels requis pour conjurer le mauvais sort.
Le convoyage d’Andernos à la Barbotière où le bateau va être préparé pour les vacances, c’est demain.
Les vacances, c’est pays-basque – cabottage côte cantabrique – traversée la Corogne-Bordeaux à la fin du mois. Ensuite le bateau sera au Bassin à Flots, son port d’attache. Le temps que je m’organise pour la suite. C’est l’affaire d’une douzaine de mois ou un peu plus mais pas trop.
Que va devenir l’Iboga ?
Cédric, qui me l’achète, est un enfant du Bassin qui s’y est ré-installé récemment, passionné de voile, et professionnel du nautisme. Je suis assuré que l’Iboga (il conserve le nom) sera bien skippé et entretenu. Vous le croiserez sans doutes. Son mouillage sera au Moulleau. Devant Thétis !
Je sais aussi que si je veux faire du Jouët 680 sur le Bassin, il ne manquera pas de skippers d’accord pour m’embarquer <3
Et, qui sait si Cédric — dont j’ai pu apprécier l’esprit et la plume — ne sera pas chaud pour continuer les Chroniques de l’IBOGA 680, tandis que commencent celles de l’Iboga II, alias sur Instagram #iboga39di ?