Pour la 680, on s’en est vu. L’Iboga a passé la ligne à 17:58 ; 2 mn avant la fermeture !
Vous verrez la trace de notre bataille le long des corps morts.
La Bulle a un peu taquiné le peloton de tête, les premiers temps, jusqu’à Eyrac ou Thiers, non ?
Pour nous, il n’y a plus eu de régate 680 à partir de la Chapelle, quand Petit Pacha et Galip se sont embrouillés, derrière nous. C’étaient les seuls qui nous menaçaient. Par la suite, nous avons régaté contre les First 211 et 21.7, un Bjet et un Microsail. Les First et le Bjet sont arrivés 5 mn devant nous, ce qui est pas mal je trouve étant donnée leur meilleure remontée au vent. Le Microsail, nous ne l’avons pas laissé passer au travers dans Mapouchet, régate oblige.
Ce qui a fait la différence ? Pour ce qui s’est passé sur les autres 680, je ne sais pas. À bord de l’Iboga :
– un barreur magique, expérimenté, Éric, capable de passer les bouées jaunes alors qu’on est déjà dessous… mais ça ne marche pas à tous les coups et il a fallu envoyer de vaches contre-bords travers au courant plusieurs fois ;
– un tacticien-régleur tignous, observateur et expérimenté, Vincent, arrivant à placer tous les penons du génois, entretenant à bord la concentration et l’engagement nécessaire à un niveau de performance hors du commun, pour mon bateau ;
– une superbe coopération des 3 membres d’équipage, bien qu’il ne navigue pas plus d’une fois ensemble par an ;
– un jeu de voile optimal, avec ce génois neuf en Hydra Net 200g dimensionné au maximum de la jauge, sorti de l’atelier Bordeaux Voiles début juillet (voir le feuilleton de la prise de cote, des choix, et de sa construction) ;
– le HB à fond de plancher, devant au près, derrière au portant ;
– et sûrement la motivation à mettre un point final à la conquête du trophée mis en jeu en 2005 par Chantal Pivert, de la Voilerie du Bassin pour dynamiser la compétitivité des Jouët 680 et ça a marché ! Car c’était une formidable rencontre de Jouët 680 puisque, citant Jean-Claude Faucher :
FORMIDABLE ! 16 Jouët 680 sur la ligne, on ne voyait qu’eux ! Record de 12 largement battu ! Alors là je vous remercie et vous félicite pour cette mobilisation, bravo à tous les équipiers de : Iboga, Galerne, Jeficcau, L’Esplanade, Phoenix, Galip, Drop VIII, Ladybird, Calinoo2, Gypsy2, Emile Bourgadion, Simba, Bonaire, La Bulle, Petit Pacha, et … Le Gaillard.
Ce qui n’était pas particulièrement avantageux :
– une carène correcte, ni plus ni moins, pas de cracoys, pas d’herbes, juste épilée au niveau de la flottaison ;
– un accastillage dans son jus, clam intenables, rail d’écoute inréglable, réas résistants, écoutes lourdes ou dures…
– un safran décompensé, que si je veux revoir Éric prendre la barre, j’ai intérêt à le changer !
– un spi bientôt transparent ;
– la perte des 2 manivelles de winch du bord (oui, les DEUX !), heureusement vers la fin du tour…
Et, j’ai envie d’ajouter, des conditions de régate particulièrement discriminatoires, ne laissant aucune erreur impunie, ne tolérant aucune hésitation ni option hasardeuse, dures pour les nerfs des équipages… Des conditions sans concession mais des conditions réelles, authentiques, représentatives du bassin d’Arcachon.
Pour épiloguer sur cette régate, Jean-Claude Faucher, patron du Gaillard et Pdt de notre association me faisait part de la frustration des participants. En effet, la 680 Connexion était cette année encore organisée par le CVA, jointe à la Ronde du Bassin et avait une heure limite d’arrivée fixée à 18:00. Or, parmi les 680, seul l’Iboga a fini dans les temps, et de justesse encore ! Notre challenger, Galip, à Patrick, avec Chantal à bord est arrivé un bon quart d’heure plus tard, quand aux suivants… Par conséquent, aucun autre 680 n’a été classé.Ma réponse à Jean-Claude :
Alors bien sûr moi aussi je déplore que la quasi totalité des 680 n’ait pas été classée après avoir bataillé dur jusqu’au bout. Ce qui ne nous empêche pas d’établir un classement entre nous. Mais bon… J’avoue avoir été rétrospectivement étonné de cette heure limite car, bien sûr, je n’avais lu les IC que sur l’essentiel et pas « les petites lignes ». Il me semble que l’usage est de fixer une durée limite relative au temps du 1er de la flotte. Non ? Surtout une régate de samedi et pas de dimanche…
Je ne pense pas que la remontée du courant le long de l’île aurait été plus « facile ». Qui a essayé samedi dernier ? En tout cas personne qui ait menacé notre avance. Au contraire, les seuls qui nous aient menacé sérieusement — Galip et Petit-Pacha, voire la Bulle au début — ont comme nous bataillé du côté des corps morts.
Je serais enclin à considérer que le courant fort et le vent faible font partie des conditions de navigation dans le bassin et que s’affranchir de ces conditions pour « faciliter » une régate ne serait pas très intéressant. Il s’agit bien de départager des concurrents sur une pratique globale — bateau et plan d’eau inclus — non ? En tout cas c’est mon souhait.
Mais au fait, nous avions déjà rencontré cette situation en 2007, nous étions encore au Congre à 18:00, heure officielle de fin de la course, ce qui ne nous avait pas empêché d’établir un classement. La situation 2011 n’était donc pas inédite.
Voilà pour l’analyse de la régate.
Vous pourrez lire le compte rendu officiel de Jean-Claude Faucher sur le site de l’asso des 680.
Update du 03/09 : allez lire l’excellente chronique de Laurent B. du 680 Bonaire, qui était équipier sur l’Iboga pour la 2e victoire, l’an denier.
Autrement, le convoyage aller, c’était départ vers 11:30 au départ de l’escoure du Phare, après avoir dormi à bord pour ne pas rater la marée haute très matinale (merci Charles, pour être venu vérifier que j’étais bien parti à temps). L’avitaillement gentiment apporté au bateau par Célina tandis qu’à la villa des geeks, siège du Blog on the Beach, c’était nettoyage et état des lieux. Le projet d’embarquer un équipier (expérimenté) supplémentaire, au vu de la météo assez violente de la veille, idée abandonnée après actualisation de la prévision météo (merci quand même pour ta disponibilité, Jacques). L’embarquement d’Éric et le trajet d’une traite vers la plage du CVA, à la voile et même sous spi, avec un vent d’ouest encore soutenu, ce qui changeait avantageusement de l’an dernier.
Légende de la trace du 27-28 août 2011 ; vert : convoyage Ferret – Arcachon ; bleu clair : la régate ; bleu foncé : Arc.-Fontainevieille ; rouge : Taussat-Claouey le lendemain.
La course, donc, avec son bord face au courant et au vent, le long des mouillages d’Arcachon, la conquête de la bouée de chenal 15 puis de la balise du Bancot, le parcours le long des parcs du chenal de Piquey, à peu près le moment de l’étale. Le bord de spi dans le chenal de l’île. Le débridé mais sans spi dans Mapouchet. Le renvoi de spi pour fondre, si l’on peut dire, à contre courant de nouveau, sur la ligne d’arrivée. La pause casse croûte à bord. C’est qu’on a vachement faim, comme si on s’était un peu dépensé les dernières 4 heures… Puis le passage au CVA pour trouver la remise des prix déjà terminée :( Le Président Éric Limouzin désolé du sort fait aux 680, décidé à attendre le plus possible pour les accueillir après tant d’efforts… mais pas possible de joindre le Président Faucher, ni au 06, ni à la VHF. Refaire la course avec Patrick et Chantal arrivés sur Galip peu après nous. Féliciter Emmanuel (rédacteur de cet excellent article sur le Jouët 680 dans le magazine Bateaux ;-) pour la belle 2e place de son Muscadet Oups! Mais à force de tarder, ma prochaine étape, Taussat, va devenir compliquée. Il faut partir.
Et la 3e partie de cette journée sur l’eau : CVA – Taussat, où m’attendent à l’apéro les amis et tous un jour équipiers Pierre et Emmanuelle, gardiens de la #secretbeach, et Jacques, Charles et Célina, qui s’est occupée de convoyer ma voiture du Ferret à Claouey, but du lendemain.
Pour Arcachon – Taussat, Éric m’accompagne. Le vent est un peu plus faible mais suffisant pour, le Teychan traversé au moteur, remonter sous voiles Cousse puis Girouasse et Moutchalette. Le courant est totalement contraire. Le soleil dans notre dos, sur un bassin réduit aux silhouettes réfléchies. L’inquiétude d’un chenal de Taussat peu évident pour les étrangers que nous sommes, mais surtout la hauteur d’eau qui nous attend là bas… Radioguidage : à la E8, pointer vers le port des Fontaines. Là bas, un banc de sable où mouillent quelques dériveurs. Las. Nous avons plus d’une heure de retard pour arriver jusque là. Le moteur brasse le fond de l’estey. Nous voyons dans la pénombre grandissante une forme humaine qui patauge dans la vase, à notre rencontre, héroïque Pierre. Qui tente de nous guider plus avant mais c’est peine perdue. L’Iboga restera ici. Reste à rallier à pieds, la plage. Bon, et bien, il faut y aller, hein ? D’abord au milieu de l’estey. Eau totalement noire. Nuit. Lampe frontale. Léger enfoncement. Et puis il faut monter sur la matte. De la hagne jusqu’aux cuisses. Surtout ne pas perdre l’équilibre. Noire, la nuit, cette veille de nouvelle lune. Voici le banc « de sable » auquel nous aurions aimé accéder. Puis la plage et l’accueil des amis, et un bon coup de jet pour retirer un peu le noir des jambes…
Et une très agréable, amicale et généreuse soirée à #secretbeach pour clore une journée sur l’eau assez bien remplie, je dirais.