One night in Bangk… à Biganos, régate de pinasses et convivialité

Projet de WE : aller régater avec les pinasseyres à Biganos, suivi de fiesta et nuit sur site.
Checked!

Pour ceux qui sont pressés : la trace du WE sur l’eau

La météo ? Écoutons la Parole d’un pinasseyre : « ils avaient tout juste, sauf pour la pluie ».

Instruit par la fête de Larrostréa, j’avais décidé d’amener mon camping-boat sur place, histoire de passer la fin de la nuit sur site mais un peu confort. C’est comme ça que j’ai rejoint les pinasseyres au nord Bassin avant de faire la route de conserve.

Escalumade et les 3 pinasses à voile de Lège-Cap-Ferret

Escalumade et les 3 pinasses à voile de Lège-Cap-Ferret

Je passe vite la nuit de vendredi à samedi passée au corps mort un peu secoué à l’aube avec le montant et ce vent de sud assez marqué quoique chaud. Au matin, visite de Michel et Jean-Louis en annexe, allés mouiller leurs canots mixtes vers le chenal. Nous nous reverrons dans le delta de la Leyre plus tard. Et alors que je suis en train de partir, la garde de ma lame de safran qui pète, après prise dans un corps mort ; je dois m’ancrer provisoirement le temps de remplacer cette petite drisse chargée de tenir le safran bien en bas et, en cas de touche, de péter avant de laisser la lame souffrir.

La première étape est donc Ferret – Graouères. Courant de bout. Maline (coef. dans les 100) mais vent de sud assez fort. Iboga vent arrière, tangon dans le génois en ciseaux avec la GV, le bateau remonte le courant à 4 nds. Parfait.

Attente à Graouères

Du coup, j’arrive un peu tôt dans le chenal d’Arès. Les Claoueyens ne sont pas prêt. Alors je mets Iboga à la cape un moment, puis sous GV seule à tirer des bords, puis je passe la pointe de Graouère et entre un peu dans le chenal de l’île où là je mets l’ancre pour attendre. La marée est basse, c’est la renverse.

Arrivent les collègues : le bac à voile Escalumade qui tracte les 3 pinasses, avec l’essentiel des équipages, et le Bjet Manouche d’Eric et Muriel. Il y a un flottement dans le chenal de l’île du à un RV plus ou moins prévu avec l’Aimi-Aquo de Jean-Louis. Et puis la flottille prend la route vers le delta de la Leyre : Girouasse, chenal du courant au près et très peu d’eau, Teychan, chenal d’Audenge, jusqu’à finalement la balise H2 au chenal de Touze. C’est allé très vite, avec le fort courant montant et le vent de sud toujours aussi fort. Sous les nuages bas, il pleut un peu partout mais pas encore ici, la houle commence à se former… Interrogations si la régate va pouvoir avoir lieu.

Retrouvailles des ferret-capiens

Retrouvailles des ferret-capiens

C’est que la régate d’aujourd’hui est spéciale : c’est la régate des Maires. Pour la 5e saison, les pinasseyres embarquent le maire de leur commune. Pour certains Maires, c’est une première tandis que d’autres sont de vieux routiers de la pinasse à voile.

La régate des Maires

A l’heure dite, 17:00, le rassemblement à la balise H3. L’Iboga, Manouche et Escalumade restent à l’ancre à la H2. La météo est jugée jouable. Les équipages se forment ; je suis embarqué comme n° 1 sur Ferret-Capie. Le n° 1 a pour fonctions principales : amurer la voile après la prise de drisse et avant qu’elle ne soit bordée ; amener la voile à l’affalage en veillant que la vergue descende dans l’axe (sur la tête des équipiers) ; participer à l’équilibre ; et encaisser les vagues quand l’étrave tape au près.

Quelques bords de mise en train. Réception des consignes de course (le parcours) et départ.

Je saute la régate : nous ne sommes pas dans le journal de bord de Ferret-Capie, mais de l’Iboga. Et puis, une régate de pinasses à voile il faut beaucoup de talent pour la faire vivre à l’écrit, je n’aurais pas cette prétention. Qu’il suffise de mentionner que nous ne faisons pas la course dans le trio de tête – la Légeote, la Hume et la Boïenne (locale de l’étape, embarquant Bruno Lafon le maire de Biganos, organisateur) – mais dans une échappée par rapport au gros de la flotte, à laquelle participent Saint Ferdinand (avec Yves Foulon, maire d’Arcachon) et Petit-Cailloc (je crois me souvenir, mais dans le feu de l’action, hein…) ; que nous parvenons à distancer Petit-Cailloc ; que devant nous, la Hume est victime d’une avarie de vergue et est contrainte à l’abandon, laissant ouverte la place de 3e chèrement débattue entre Ferret-Capie et Saint-Ferdinand, qui nous cède un demi mètre à la ligne !

Ne cherches pas la trace de la régate : je ne tenais pas à perdre mon GPS !

Zoom sur le port des tuiles à Biganos

Zoom sur le port des tuiles à Biganos

Fabuleuse entrée dans la Leyre au soleil rasant

Ce qui est vraiment fabuleux, c’est le cheminement sous voiles des pinasses et canots mixtes le long de la Leyre, entre les prés salés, réservoirs, tonnes à canards, appontements de fortune, et les spectateurs qui applaudissent au spéctacle… comme ça jusqu’au port des Tuiles. Ce petit port, sur la commune de Biganos, asséché tout au long de la marée sauf à pleine mer, est une simple échancrure dans la berge de la Leyre de Comprian équipée d’un quai et d’une cale de mise à l’eau.
Il est l’heure pour le soleil de glisser quelques rayons sous les nuages et les couleurs sont à couper le souffle. On oublie même la silhouette omniprésente et la fumée (nauséabonde si l’on est sous son vent) de l’usine de pâte à papier de Facture.

Mais pour quelques-uns, le moment n’est pas venu des plaisirs de la remise des prix, des applaudissements et du premier apéritif « de cohésion » (apprécier la formule :-). En effet, il y a pas mal de chemin – plus de 2 miles – pour aller chercher les bateaux au large. Le temps presse car la marée est maintenant contraire pour revenir, et la nuit n’est pas loin. Contrairement à Manouche et Escalumade, je tente un retour sous voiles. Et oui, je tiendrai jusqu’après l’entrée dans la rivière mais quand le bateau descend en dessous de 2 nds, je crains vraiment de manque de lumière alors le Yamaha est appelé à le rescousse pour les dernières centaines de mètres.

Eric et Muriel ont trouvé un emplacement, une sorte de « quai »… j’amarre l’Iboga à côté et il est enfin temps de rallier la fête des pinasseyres.

Open-bar sur nuit Boïenne

Ricard, moules-frites, vin rouge, discussions enflammées, chants sur les tables, etc. La nuit avance, la fête se concentre autours de la tireuse à bière. Il ne reste plus qu’un noyau dur à 05:00. Time to banette.

D'où viennent les nuages

D’où viennent les nuages

Et une poignée d’heures plus tard, les plus avisés quittent le port à la faveur de la pleine mer. Il sera temps de dormir mieux plus tard.
Avec Manouche, nous descendons aussi la rivière et rallions le Bassin jusqu’à un endroit entouré d’eau de toutes part où nous nous laissons dériver doucement le temps d’un thé-tartines-miel. Le temps est assez lourd (pas que dans la tête je veux dire), ciel plombé, pas un souffle. Et un moment, je m’avise que des herbes poussent autours de notre position ! On se casse, viiite… Moteur à fond en direction supposée d’un chenal.

Echouage ou échouement ?

Instinct, expérience, chance ? je conduis l’Iboga sur quelques cm d’eau jusqu’au chenal de Comprian où je retrouve enfin de l’eau. Et je me retourne. Manouche a été moins… instinctif, expérimenté, chanceux ? puisqu’il s’est laissé prendre par les hautes terres. Certes, il cale un peu plus qu’un Jouët 680. Et c’est ainsi que tandisque je mène l’Iboga vers les eaux saines, moteur embrayé au ralenti, je laisse mes amis pour une longue marée (9 heures minimum) échoués sur un crassat exclusivement vaseux. Au moins ne seront-ils pas gênés par les vagues pour leur sieste.

Vous voulez voir où ça s’est passé ?

Alors de mon côté, donc, porté par le courant descendant, un peu chahuté dans le Teychan et rêvant d’une grosse sieste pour finir ma nuit, je m’achemine doucement vers l’ouest puis le sud. Peu avant la basse mer, tandisque le soleil s’impose sur la grisaille, j’avise un banc de sable émergent à Bernet. Un bon endroit pour ne rien faire pendant quelques heures. Un petit tour pour l’aborder du côté calme. Échoué. Volontaire, moi. La différence entre échouement et échouage.

La marée recouvre les bancs de Bernet - fin de la sieste

La marée recouvre les bancs de Bernet – fin de la sieste

L’eau est bonne : baignade. La carène est sale : un peu de tampon grattant. Que ça repousse vite cette saleté d’herbe… J’ai faim : repas. J’ai sommeil : je dors. Une vie quasi animale pendant ces quelques heures passées au banc de Bernet.

Une vie quasi animale

Et puis quand la marée montante submerge le banc, je fais cap vers le Mimbeau pour arriver encore au moteur sur une escoure du phare très encombrée de bateaux, baigneurs, jet-skis (il y a même un blaireau de cette espèce qui me fait la leçon à propos d’une « marque » que je devrais porter dans mon gréement étant au moteur. On crois rêver !), il y a une bande qui tire des coups de traïne au milieu de tout ce monde, ils sortent quelque poissons à mon avis bien en dessous de la maille autorisée, bref…

Et voilà c’en est fini de cette session de bateau. Journées n° 18 et 19.

Là, maintenant, je monte à Claouey pour écouter jouer mon cousin Renaud et sa formation de jazz-fanfare ConTreBand.