Hommage à l’exceptionnel

Non, je ne me suis pas engagé aux 18 heures cette année. Pour la première fois depuis 20001. Mon bateau pas préparé (carénage, accastillage, etc.) et un coefficient de marée dans les 90, une perspective de passer de nombreuses heures à batailler contre le courant et à attendre la renverse à l’ancre, raisons qui ont eu raison de mon goût pour cette épreuve/partie de plaisir.

Enfilade de pinasses au corps mort devant Arcachon

Enfilade de pinasses au corps mort devant Arcachon

A la place, j’ai embarqué sur le bac à voile Pdt-Pierre-Mallet pour la régate des bateaux traditionnels de la fête du port de Larros, suivi d’une fête de haute tenue, selon les critères pinassayres. Il y a quelques photos sur Flickr.

Bon, nous avons gagné la régate de bac. Acclamations lors de l’entrée sous voiles dans le port de Larros. Belle manoeuvre d’affalage dans un mouchoir.

Mais cet épisode dans la tradition ne m’a pas empêché de faire du Jouët. Au contraire.

En amont, pour rejoindre l’équipage au port d’Arcachon. RV à 13:00 samedi. Autant dire à la basse mer. Pas envie du tout de batailler 2 heures au moteur pour aller du Ferret au port, contre le courant. C’est pourquoi j’ai embarqué sur l’Iboga à 23:00 vendredi. Ainsi, j’étais d’attaque à 06:30 samedi pour la traversée avec la fin du montant. Et comme il y avait un vent d’ouest soutenu, l’Iboga a avalé les 3 miles en une demi-heure ! Sacrément en avance…

Rase prés salés

Saint Ferdinand d'Arcachon vu depuis la Canalette de La Teste

Saint Ferdinand d’Arcachon vu depuis la Canalette de La Teste

Il est à peine plus de 07:00. Le soleil se lève péniblement entre les nuages. Je me trouve un nouveau but : aller récupérer ma planche à découper (indispensable ustensile de pique-nique) oubliée à la cabane des 680 au port du Canal. Par le chemin des écoliers : tourner la pointe de l’Aiguillon, embouquer la canalette de La Teste jusqu’à la digue éventrée des prés salés ouest, puis ressortir du chenal et tracer au plus près des terres – c’est la pleine mer – une main sur la dérive quand même, le port du Rocher, Bordes, la Hume, Meyran (les tonnes à canards), Larros et enfin le port du Canal.

Tout ça au portant à vive allure mais le temps de regarder cette côte de prés salés et de digues où le résidentiel arrive (on se demande bien pourquoi les anciens, pendant des centaines d’années, ne voulaient pas s’installer là ; est-ce que les millions y changeront quelque chose ? On en reparlera…) mais il faut reconnaître, dans une certaine discrétion de formes, teintes, hauteurs…

Au port du Canal, installé au quai de la « notre » cabane (enfin, à couple du voisin : plus facile), le plaisir de partager un café avec les croissants apportés par Jean-Claude tout en parlant… voile.

Et c’est le moment d’aller à Arcachon. 3 milles encore. au près, cette fois, et avec la marée un peu descendue, plutôt intérêt à respecter les chenaux. Sur quelques bords, il faut reconnaître que la dérive de l’Iboga gratte un peu.

Au port d’Arcachon

Au port d’Arcachon, J’ai encore le temps de compléter à la coopé l’armement de sécurité du bateau, d’aller chercher une baguette fraîche chez Chérin et de récupérer enfin auprès de Mathieu le poster de l’expo de Stéphane Scotto. Enfin, je rejoins le bac à Voile au ponton du Patrimoine.

Toujours un pincement au coeur en voyant là comment un énorme quai a remplacé la plage d’échouage, dernier vestige de l’ancienne rive de la rade d’Eyrac chargée d’histoire2

Le temps de saluer Bruno, de l’Umbria, je suis rejoint par Jean, Christine, Cathy, Jacky, Babar et Stéphane. Jean-Louis arrive du Ferret avec Zaza, en une superbe formation de 3 canots mixes… Il embarquera au banc du Tès, laissant la barre de son canot vert-amande à Babar, tandis que Jacky, lui, ira prêter la main comme équipier sur Umbria. Tandis que la régate des bacs se prépare, je vois les concurrents des 18 heures d’Arcachon se rassembler. Ca fait drôle.

[intermède bac à voile + fiesta à Larros]

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Plafond bas

Dimanche matin. Plafond bas au propre comme au figuré. Je m’arrache du port d’Arcachon alors que rentrent les premiers concurrents des 18 heures d’Arcachon. Je ne tiens pas à être à couple derrière un empilement de bateaux.

Il est 11:30.

Croisant un 680 qui rentre, je l’interroge sur ses performances : 3,5 tours. Ouais, et bien je ne regrette pas ma décision : parraît-il que la flotte est restée 3 heures à batailler face au courant sur la ligne de départ, puis il a dû y avoir un max à l’ancre et de très lentes progressions. Je la connais un peu cette course. Et pour finir, un coup de vent à 10:00 qui a peut-être permis à ceux qui n’avaient pas abandonné de gratter un demi tour supplémentaire à l’arrache.

Quant à moi, maintenant, mon idée, c’est de naviguer avec le courant : descendre vers Arguin, piter là, remonter au Ferret à BM+33.

Mais ça ne sera pas ça, parce que, rendu au Grand-Banc, de sombres nuages de pluie bouchent le sud et le rinçage n’est pas dans mon programme. N’est pas breton qui veut !

Un phoque à Afrique !

Miroir d'eau sauvage

Miroir d’eau sauvage

A la place, Au portant, sous foc seul, je m’engage dans l’estey d’Afrique. Je croise un phoque ! Pas de photo :-( Puis près d’échouer, je croche l’ancre. Je me fais à manger et je m’endors. Un petit déficit de sommeil peut-être ?

Je n’ai même pas mis pied à terre. Il a un peu plu et le soleil est arrivé. C’est superbe la fine pellicule d’eau sur les herbiers frappée par le soleil a de teintes rares.

Voilà que le bateau reflotte. Il est temps de retourner au mouillage.

Le vent semble fort. Je pars avec un ris et le foc n°1. Maintenant, j’aurai le courant dans le pif. Et le vent aussi. Je compte sur assez de vent pour m’extraire du Teychan en quelques bords de près et ensuite au bon plein pour vaincre le courant du chenal de Piquey.

Dans un premier temps, le Teychan, je déchante : le vent faiblit et je n’étale que trop peu, malgré le lâcher du ris (voir la qualité de la trace à ce moment là…) Alors je tente le passage par le Courbey, où le courant montant est moins franchement de bout, avec une composante traversière. C’est lent, mais efficace et après avoir « régaté » contre un Open 5.00 (qui aurait évidemment eu le dessus s’il avait été concentré) c’est enfin le Bancot et le chenal de Piquey. Bon plein à largue, à 2 nds-fond contre probablement 6 nds-surface, j’arrive péniblement à doubler les corps morts qui semblent vouloir s’arracher et migrer vers le nord. mais ça le fait.

Hommage à l’exceptionnel

20:00, j’entre dans l’escoure du phare. C’est plein mer, le soleil illumine cette scène. Derrière le Mimbeau, j’aperçois une voile de monotype qui évolue. Je ne peux pas ne pas profiter de l’aubaine et j’embouque la Lugue pour un hommage à l’exceptionnel. Saluts à Jean-Louis qui vient de mouiller son Zaza, et à Claude qui canote en tractant une autre annexe. Je les retrouverai chez Cécile un peu plus tard pour le « Perroquet de clôture » qui ponctuera cette fin de week-end.

Et le corps mort. Ma nouvelle gaffe fait merveille. Comment ais-je pu me passer de cet admirable instrument pendant tant de sorties ? Parce que « M…E ! j’ai encore oublié d’acheter une gaffe ! »

Voilà pour une session de près de 48 heures de voile diverses et agréables. Douzième jour de bateau cette saison. Pas trop mal.


  1. Voir les éditions 2000, 2001, 2002, 2003, 2004, 2005, 2006 et 2007 

  2. Ne pas manquer de (re)visiter l’admirable compilation de cartes postales anciennes de Noël Courtaigne 

  3. Rappel qu’il est possible de s’abonner gratuitement aux horaires de marées du Ferret par SMS ; suffit de comprendre comment fonctionne Twitter