Scénario inédit pour une dernière de la saison

Aujourd’hui, c’est la dernière de la saison parce que l’autorisation de mouillage court jusqu’au 31 octobre, je dois transhumer le bateau jusqu’à son port d’hivernage, Meyran, où il doit être calé sur le parc du chantier Debord.

Je pars de chez et avec Jacques, du port de la Teste. L’ami Stéphane nous dépose à la navette de 10:00 à Thiers.

20mn plus tard parce que le courant speede, on débarque à Bélisaire. Retrouver les autres équipiers — Patrice, Guillaume et son fils Noé — au marché du Ferret où ils ont préparé un gros pique nique de qualité. On a bien le temps d’un café-croissants chez Lemoine.

À 11:00 au bateau. La vieille Dufour est décrochée. Je la laisserai au corps mort le temps qu’elle pourra.
Installation du moteur, du gouvernail, déhoussage de la GV. La routine. Le moteur (finit par) part(ir) au quart de tour. J’embarque mon équipage de l’eau aux genoux et cap à l’est en travers du courant descendant. La GV est vite envoyée, suivie du Génois pris en charge par Patrice.

Jacques à la barre.

Nous allons avoir un bon 16nds parfois tempéré par de brèves molles à 9nds. Le contraire d’un vent rafaleux. C’est du sud-sud est.

On va traverser à travers bancs, la main sur la dérive. Puis tirer deux larges bords bâbord amure, jusqu’à Arguin. Je profite pour initier Guillaume et Noé au virement du génois. Le vent forcit mais l’équipage lourd assure un rappel efficace.

Voici la conche d’Arguin. J’affale et étouffe la GV pour engager l’Iboga vent portant dans l’estey peu profond sur le bord des parcs à huitres. Dérive haute, safran relâché.

Notre camarade Djinn 7 (le même que celui de Patrice il y a 3 semaines !) qui a descendu le Pyla en même temps que nous mais avec un bien meilleur cap est rentré peu avant. Il a beaché de face. Nous choisissons de faire face au vent avec une volte en arrivant, ancre, à culer à la plage. Ancre arrière pour caler le bateau.

Salutations au skipper du Djinn 7. Ah ! On se connaît : c’est Nicolas, le barreur de notre adversaire juré en pinasse à voiles… Nicolas possède ce modèle du chantier bordelais B2 Marine depuis quelques semaines. Il navigue solo sur son Pangaea. On aura l’explication du nom en cours de discussion.
En effet, une proposition d’apéro se transforme en repas pris ensemble dans le grand cockpit de Pangaea. Qui penche vers l’arrière en s’échouant (tandisqu’à côté, Iboga échoue parfaitement à plat, jdcjdr).

L’Iboga face au vent — toutes les photos

Bonnes conversations animées autour du serrano, du pâté de bellota, œufs mimosa et salade de carottes râpées, lichettes de quiche… arrosés de la sélection du sommelier (que j’ai oublié, distrait par les histoire de Patrice). Il faut dire que j’ai embarqué un champion d’histoires. On va connaître parfaitement l’affaire du chantier du voisin indélicat pour le moins, un célèbre animateur de TV-poubelle désormais hêtelier et marchand de biens sur la presqu’île fort peu sanctionné par les Autorités pour ses abus sans-gêne multiples (je simplifie outrancièrement la Cause, Patrice me pardonnera, mais je lirai la suite dans l’Avenir d’Arcachon d’où l’affaire semble sortie1).

La marée a tourné. Bientôt l’Iboga sera de nouveau entouré d’eau.

La vaisselle pendant que l’eau bout à bord de l’Iboga. Je porte le café au bateau d’a côté. Et c’est le moment de la promenade digestive.

Bon voisinage — toutes les photos

Maintenant l’Iboga flotte. Il est temps de prendre le chemin de Meyran, qui est le but de cette dernière marée de la saison. Le bateau doit rester là au fond du port en attendant mercredi que Grégory puisse le mettre au sec calé sur son parc.

Les adieux à Nicolas.

Le départ et la sortie de la conche sous voile, en contournant la Grosse vedette échouée au beau milieu de ce qui sert d’estey. No comment. Enfin, si : comment quand même. La dame elle n’apprécie pas.
Voici le chenal. On est grand portant avec encore un vent soutenu. Allure parfaire pour le spi. Donc, démo de spi. Jacques repend la barre. Noé m’aide à gréer le bras de spi. Envoi de la bulle sans souci.
Pendant ce temps on découvre que la dernière navette UBA est à 17:30. La navette faisait partie du plan : pour rapatrier les amis du Ferret au départ d’Arcachon ce soir. Ils doivent trouver une solution pour rentrer.

Le spi d'Arguin à Péreire
Le spi d’Arguin à Péreire — toutes les photos

Le spi, on va la garder comme ça, avec un empannage nécessaire devant le Pyla, jusqu’aux Arbousiers ou Péreire. Il est 17:00. Là, une claque tandis que le vent passe NW (On était Sud. Rappel) 15 ou 17 nds au moins. Affalage fissa (on perd puis repèche, bravo pour l’acrobatie Jacques, la baille à spi). Renvoi du Génois. Pas longtemps puisque voici la… pétole.

On va insister un peu à la voile. Jusqu’à la pointe de Péreire peut être. Mais c’est la vitesse du courant ; il faut être lucides : le coucher du soleil est à 19:00, on a intérêt à être arrivés avant.
Alors c’est Yamaha qui prend le relais. À petit régime, parce qu’on n’a qu’un fond d’essence, le courant aidant, on avance à plus de 4 nds. Comme ça tout Arcachon, à ras des bouées de corps morts vierges de toute embarcaction. Ça sent la fin de saison.

Pour s’occuper, dans le vacarme du petit 5CV vaillant, on va expérimenter une recette de rhum blanc au… vinaigre balsamique. Pas mal. Mais pas assez acide pour remplacer le citron vert.
Meyran est trop loin pour ce soir. On va finalement faire escale à la Teste. Jacques a repéré une place libre à côté de son Sun 2500.

Toujours au moteur, Thiers, Eyrac, sa grande roue et sa queue de baleine, le port d’Arcachon, l’Aiguillon avec sa fameuse falaise de béton blanche, véritable éperon, le Lapin blanc, la Canalette, la digue des prés salés… Voilà le port. Nous sommes attendus par Manu qui va réceptionner le bateau.

Accostage imminent — toutes les photos

Jacques amarre l’Iboga. Il connaît bien son catway. Pare-battages. Débarquement des équipiers.

Fin de la marée.

On va déposer les ferret-capiens à Péreire où Théodore arrive d’un coup de plate pour leur faire la navette. Les adieux, les remerciements mutuels, les serments de s’envoyer les photos, et chacun part vers sa soirée de samedi.

Je conduirai l’Iboga à Meyran à la marée montante de dimanche aprème.



  1. « L’Avenir d’Arcachon : organe des intérêts politiques, industriels et maritimes de la contrée »
    61 années disponibles – 3424 n° chez Gallica