Retour à Arguin

Ça va être une journée de vents d’Est-Nord Est. Nous avons deux équipiers, Christine et Patrice, qui savent ce que c’est la voile puisqu’ils naviguent en Ponant régulièrement.
Au matin, grosse odeur de charbon humide : l’incendie de Sainte Hélène dans le Médoc.
La mer descend doucement avec ce petit coef de 50. RV avec les amis au Ferret pour un départ sous voiles tant qu’il y a un petit 8-12 nds. Il est trop tôt pour descendre vers le sud — on y serait trop vite ! — donc on pointe au près vers le nord, chenal de Piquey. Quand on est dépassé par un Djinn 7 ! Le barreur de l’Iboga, j’ai passé la barre à Patrice dès le départ de la conche, est piqué au vif et décide de refaire l’impudent. Mais nous avons un ris. Et surtout le fond de la coque sale, contrairement à notre compétiteur ! Bref, après une belle remontée qui nous a conduit au dessus des bancs de la Vigne, jusqu’à la Villa Algérienne, nous faisons volte face, avec l’idée d’envoyer le spi. Làs ! Le vent tourne Est et nous sommes de nouveau au près ! Le Bassin… Patrice toujours à la barre, dans un vent molissant, de plus en plus mou, nous descendons jusqu’au bancs de Bernet, que nous traversons dérive haute. Puis, la pétole venue, ou presque, je prends la barre alors que l’apéro puis un pique nique de bon aloi sort de la cambuse arrosé d’un rosé qui saura rester frais jusqu’à sa dernière goute.
Au café, le vent revient suffisamment pour nous permettre de tirer un large bord jusqu’au banc d’Arguin. Première navigation dans la passe sud depuis les incendies de l’été dernier. Choquants, ces pins plus ou moins roussis, voire carréments cuits aux Gaillouneys…
Voici la conche. Nous tentons une entrée sous voile. Seulement tirer des bords (à ce moment, le vent est passé Nord Ouest, exprès pour nous contrarier) dans 40cm d’eau, ça ne marche pas. Alors au lieu de simplement lancer moteur, puisqu’on sait qu’il fonctionne, nous repartons vers l’entrée de la conche pour aller beacher.

Patrice tend la main à Manou
Patrice tend la main à Manou


Voilà l’Iboga à l’ancre et c’est le moment de la traversée à pieds pour ralier la passe. Baignade et théorie sur les conséquences de « la digue Bartherotte ». Le vent forcit. Il est repassé et bien établit NE, 15 à 20 nds. La mer est bien remontée depuis déjà 3h. Il n’y a plus personne sur le banc. Nous embarquons pour le retour. Départ sous GV seule. Envoi du génois. Je prends la barre. La remontée du banc d’une traite. Abattée pour traverser les caouènes au nord du banc. Mais la plupart sont bien immergées, ça déferle peu avec ce régime d’est. Le vent a forci plus souvent à 20 nds. Prise de ris ; on garde le génois pour la puissance. C’est comme ça qu’on réduit sur un Jouët 680. Lof pour longer le Mimbeau.
Casquette à la mer ! On la repèche ? Allez ! Une manœuvre académique de récupération sous voiles, sans oublier l’impératif équipier dédié à suivre des yeux et montrer du doigt la victime.
Encore deux virements de bords et c’est la rentrée dans l’escoure. Je préfère assurer la manœuvre en ferlant le génois. L’atterrissage vent arrière sous GV arisée. Lâcher d’ancre à 30m de la plage et le bateau passe bout au vent, neutralisé, cul à la plage. Il y a 50 cm d’eau sous le bateau, parfait pour débarquer l’équipage et les sacs.
Le bateau ramené au licol à son corps mort. La suite, dans le belvédère familial de Patrice à la Vigne appartient à une autre chronique…