Les odeurs du vent d’est le matin à Arguin

Ce samedi matin, à Bordeaux, mon objectif est de pouvoir partir avant que la ☠️ braderie n’obstrue la rue Sainte-Catherine, et d’éviter les ☠️ bouchons à l’entrée de la presqu’île. C’est pourquoi à 7h15 je suis parti. Une heure plus tard, je me pose au marché de Claouey pour compléter ma glacière d’un peu de charcuterie et de fruits. Un arrêt à Sylvosa pour saluer mon tonton et ma tante, et découvrir la nouvelle clôture qui entérine physiquement la division de la propriété familiale. Bilan : même si la clôture n’est pas vraiment dans le style de la villa 1910 construit par Marcel Ormières pour son ami Fernand Lalesque, au moins n’est-elle pas trop haute de sorte que, depuis la terrasse, on peut toujours profiter de la vue pour l’essentiel (voir la photo pour se rendre compte). En revanche comme prévu le portillon de descente à la plage est maintenant exclusivement réservée à l’autre moitié de la propriété.

Me voilà descendu au Cap-Ferret où j’embarque avec une bonne demi-heure d’avance sur mon planning. Vers 10:30. Pour la météo : c’est pétole et soleil intermittent à fort. J’ai communiqué avec Jacques : nous avons convenu de nous retrouver à Arguin. Pour le moment c’est au moteur que je fais traverser le chenal au bateau et commence à descendre vers le Pyla. Jusqu’à toucher du vent sud-sud-ouest un peu après le Moulleau. La fin de la descente se fait donc heureusement à la voile.

L’Iboga barre amarrée descend vers Arguin

Je me présente devant l’entrée de la conche vers midi. Il y a beaucoup de monde à l’extérieur du banc. Et à l’intérieur aussi. Je suis joueur : je me lance pour une manœuvre sous voiles. Ça devrait passer. Seulement voilà, dans ma manœuvre, je tombe le cul sur la barre qui casse au niveau de la tête, là où les écrous la relient à la tête ! Merde. Bon, si on fait attention à ne pas appuyer, elle va faire le job. Une main au palan de dérive, une sur les écoutes, la barre entre les jambes, j’abats, je loffe, je redonne un peu de dérive… Et voilà la plage au fond, où Jacques m’attend tel le beachmaster, pour garer mon navire entre un Djinn 7 et un Jetski.

Je ne vais pas déjeuner avant d’avoir réparé cette barre. Ça va être une attelle de Gaffer, plus un lien nylon, en attendant de recoller (l’hiver prochain). Heureusement que Jacques avait quelques outils parce que je n’y serais pas arrivé avec seulement mon Leatherman.

La réparation de la barre

Pique-nique à la plage côté passes.

Promenades, baignades, siestes… pour moi, à l’abris du soleil dans la cabine, la sieste. Asimov Les robots « Les cavernes d’acier », le roman de la fameuse enquête d’Elijah Baley avec son futur meilleur ami R Daneel Olivaw qui jouera un rôle central jusqu’à la fin de Fondation. Café. Discussion avec le gars du jetski à côté, et son fils, qui attendent que la mer remonte pour aller jouer sur leur engin : un ancien voileux normand sur GibSea 262 (note de fxb : le GibSea 262 vous pouvez éviter), si c’est pas dommage quand même. J’entends un garde de la réserve qui fait de la pédagogie auprès des voiliers mouillés dans la prairie de zostères (j’avoue, c’est pas malin). Toute une troupe de semis-mous chargés de (jeunes) filles très excitées à la préparation de leur soirée au Sailfish (ou White Garden, j’ai pas capté) ; l’une a prévu sa robe gipsy et des sandales compensées avec des étoiles, l’autre a prévu de se saouler… Un barbu moins jeune, célèbre bâtisseur de digue, fait partie du groupe. Seraient-ce des locataires de ses supers cabanes au fond de la pointe ?

En fin d’après-midi il y a beaucoup moins de monde

La marée remonte, la journée avance. La plupart des semis mous, des vedettes et les 2 grands voiliers — l’Oceanis 311 et le Feeling — retournent vers le nord. Il ne reste plus que les amateurs de couchers de soleil. Vers 18:00 plus grand monde dans la conche. À bord de nos bateaux maintenant à couple, on commence à faire des plans pour la nuit. Puis un plan : dormir sur place. Ça fait un bail que je n’ai pas profité du meilleur mouillage du bassin depuis le funeste ART. 19. – I.

Un coucher de soleil sur la dune

Apéro. Salade améliorée, desserts. La lumière de fin de journée sur la dune et les nuages qui se forment au dessus de la dune. C’est pas la plus belle de l’histoire des nuits à Arguin mais on prend comme ça vient. Arrivée d’un bateau de gens festifs (je veux dire braillards, mais ils ont l’air content) qui va passer toute la tombée du jour à ripailler, laisser les chiens divaguer (pas loin et pas jusqu’aux oiseaux), chanter… C’est pas exactement le coucher de soleil à Arguin dont je rêvais. Mais bon, chacun a le droit de vivre l’instant à sa manière…

Nuit de samedi à dimanche.

Je suis réveillé 2 fois, une parce que le bateau est un peu penché en arrière et j’ai la tête en bas. L’autre ? Parce que le bateau reflotte ?

La bonne c’est vers 07:00. Le ciel est très nuageux. Il fait un petit 19° humide. Très peu de vent, encore ouest, juste assez pour faire flotter les penons de haubans. L’humeur n’est pas à la baignade matinale que j’aime tant. Thé – tartines de miel à bord de l’Iboga.

Iboga au petit matin

Peu après 07:30 les deux bateaux vont sortir de la conche au moteur. Le vent vient de tourner Est. C’est là : cette odeur de résine, de forêt de pins, de souches résineuses, de grépin, de bruyères et de dunes humides ! Quel cocktail multisensoriel !

Ça se poursuit par un remontée avec le flot jusqu’aux Arbousiers alors que le vent a quasiment disparu. L’un retourne à la Teste, l’autre (moi) jusqu’au mouillage en face. C’est la renverse. Le vent revient alors que je suis vers la bouée 14. Du Sud-ouest 3bft. Parfait.

Voilà le mouillage. Deux vedettes de plaisanciers pécheurs à couple sont mouillées trop près. Ils verront bien. Je passe à ras d’une Arcoa 570 mouillée près aussi, fais volter le bateau, accroche mon mouillage et affale le génois. Seulement mes trop proches voisins se rendent compte de ma présence, alors que la coque de l’Iboga porte sur leurs moteurs. Heureusement sans ressac ni vent. Ça y est ! Ils ont compris et changent de mouillage…

10:15 le bateau est amarré.

Je n’ai plus qu’à attendre à bord que la marée baisse, écrire cette chronique et dernier déjeuner à bord. Puis dans l’après midi en voiture, encore une pause familiale à Claouey, la route jusqu’à la Teste, une visite à ma maman qui vient de se faire métaliser une hanche à l’hôpital, suivie d’un bon moment au CPP où Nathalène et Olivier ont réuni un plateau de groupes de musique locaux (y compris l’héritier d’une famille de bâtisseurs de digue, qui avait tourné une scène du clip de « Ça fait du bien » sur mon bateau), et la crème de leurs amis qui noient un peu le touriste anonyme.

Concert annuel au CPP

Pour finir au port de la Teste pour un petit dîner tout canard 🦆 au 🍾. Comme ça.

Les photos de la marée de samedi et dimanche