La marée était presque parfaite

Ce dimanche, je suis sur le bateau depuis cette nuit, deux heures du matin, après une très bonne soirée chez l’ami Patrice, avec sa vue somptueuse sur le bassin. Tout près du mouillage, il y a un Brio calé sur ses béquilles. La nuit est parfaite puisque essentiellement à marée basse et je ne suis pas réveillé avant le clapot vers 7h30. Il n’y a pas d’urgence. L’Iboga flottera dans une petite heure.

Un matin tranquille — Toutes les photos de la marée

Le temps d’émerger, préparer le thé et une tartine, puis, comme la marée continue à monter, je mets le cap vers le sud, longeant le Cap-Ferret. Contre-courant, vent arrière à grand largue. Une navigation tranquille avec parfois quelques risées. Cela m’a mené en à peu près une heure au bout de la pointe. Mon but est d’arriver au banc d’Arguin à marée haute pour avoir une place dans la conche sud qui est toute petite cette année.

Aller au portant

Je vais traverser le chenal dans les grosses vagues de la houle, vent de travers. Rejoindre la pointe nord d’Arguin. Le banc est à sa plus petite dimension puisque nous sommes quasiment à marée haute maintenant. C’est idéal pour longer le banc au plus près des plages et des parcs à huîtres. Mais les plus belles lagunes sont confisquées, dans l’enclos de la zone de protection intégrale.

Ça faisait bien longtemps que je n’étais pas venu ici à la pleine mer et si tôt. C’est beau ! Le vent est bien dynamique maintenant ; je vais rentrer sous voile dans la conche en tirant un ou deux bords (regardez la trace). Derrière moi, un Feeling, mais au moteur celui-ci. Au fond de la conche, je suis le premier. Il est à peu près 10 heures et ça fait deux heures que je navigue.

Juste derrière moi, les 3 premiers bateaux d’une longue série

Le mouillage n’est pas évident parce que le vent nord nord-ouest est parallèle à la plage. Or, je souhaite rester en eau profonde pour pouvoir partir à la fin de la marée basse. Cependant, je n’arrive pas à garder l’Iboga perpendiculaire, d’autant plus que de nombreux bateaux viennent s’agglutiner au bord de la plage ou derrière moi, rendant tout aménagement de mon mouillage impossible. Après une rapide baignade dans les rouleaux côté passes, et quelques réflexions et supputations, je regarde navré la conche surchargée et je décide de la laisser à tous ces intrus.

Je décide de venir mouiller à l’entrée de la crique, là où nous étions vendredi avec Sandira. Pour l’instant il n’y a personne. Déplacement d’un coup de moteur. Mouiller l’ancre face au vent et laisser l’Iboga culer vers la plage, en laissant assez de longueur. Le bateau évite pas mal : ça dissuadera (non) d’autres de mouiller trop près.

Il est maintenant temps de déjeuner parce que le thé et la tartine au miel sont bien loin. Une grosse salade verte, tomates, fromage, jambon, oignons, ail. À l’eau (cf la soirée). Je reste dans le carré à l’abris pour me protéger du soleil. Pendant ce temps, j’entends des bateaux qui arrivent, passent tout près du mien, ratent leur mouillage, recommencent. Et effectivement, maintenant, nous sommes cinq ou six et bientôt une dizaine au mouillage dans une certaine promiscuité.

De temps en temps, je sors la tête pour regarder ce qu’il se passe. Un moment, les Khmers-garde-RNN viennent parlementer avec des bateaux mais je n’ai pas l’impression qu’ils sont là pour verbaliser aujourd’hui. C’est d’autant plus bizarre que ce nouvel arrêté obtenu par la SEPANSO proscrit le mouillage dans cette zone. En tout cas, aujourd’hui, ils auraient beaucoup de travail de prévention et éventuellement de répression s’ils décidaient de s’y coller.

Une forêt de pignots pas de mâts

Toujours ans la cabine de l’Iboga, à l’ombre (il fait quand même un peu chaud), je bouquine le cycle des robots, d’Isaac Asimov, que je ne peux me résoudre à cancel (en aurais-je eu l’idée), étant donné la qualité de ses apports d’actualité à la réflexion sur l’alliance de l’homme avec la machine pensante. Sieste.

Vers 16:00. Bientôt basse mer. Le bateau est idéalement mouillé. Je retraverse le banc pour nager côté passes bien plus calmes que ce matin.

Je dérape le bateau à la main. Grée le génois et sors de la conche. Dans le chenal, j’envoie la GV à 1 ris pour une remontée au près le long de la côte du Pyla. On a un bon 18nds, c’est viril. Comme c’est marée basse,  je dois faire gaffe aux bancs. Je remonte comme ça jusqu’à Péreire, coursant un petit trimaran devant moi que, grâce à un meilleur cap et des bords plus près de la plage, je rattraperais presque au Moulleau, s’il n’était pas arrivé. Puis une dernière traversée du chenal en biais pour contrecarer le courant, je réintègre l’escoure du phare. Au mouillage je retrouve le Brio ; les filles qui y campent ont passé la marée ici.

Retour au près

En dépit de la foule des bateaux, à laquelle je m’attendais, c’est une bonne marée de voile, avec un parcours assez rare, Arguin le matin désert à PM et du bon temps à ne rien faire. Merci Iboga !

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