Ce matin au petit jour, après une nuit calmissime, le bateau flotte au niveau du quai. Il n’y a pas d’air. C’est la PM et il est temps de quitter le port.
Un truc bien se produit : le moteur démarre et ne cale pas. Par contre, même avec la poignée dans le coin, il ne prend pas les tours : l’hélice pousse, mais un minimum. Par exemple, elle ne permettrait pas de contrer le moindre courant et même vent de face. Le bruit est vraiment pas normal non plus. Mais on n’a pas le choix : il faut arriver à Claouey pour la régate des Festivoiles en fin d’après midi. On a 10h devant nous, ça devrait aller…
Alors très lentement, le bateau se déhale, aidé du courant dans la première section du parcours : chenal de Gujan, chenal du Passant, on coupe le banc des Arouillats, traversée du Teychan (le courant de travers se fait sentir), « tout droit » dans le Courant… Là, le courant justement, on l’a pas mal par le travers et les 5l d’essence sont finis. Quelle consommation !
Alors on va continuer à la voile. Un peu de vent s’est manifesté, secteur E-NE, qui nous aidait déjà depuis un moment. On finit le Courant, traverse le carrefour de Girouasse, embouque le chenal de l’Île, de nouveau le courant avec nous. Après le débouché de Graouères, traversée du chenal de Piquey…
C’est la séquence où on a le courant dans le pif, lancé depuis 3h et le vent pile de bout aussi. Qui faiblit de plus en plus avec le réchauffement de la journée. Alors comme on n’a pas d’autre choix, on va tricoter une route au plus près du bord du chenal, en esquivant les pêcheurs soit à l’ancre soit à la dérive.
Après 24 bords (!) c’est la fin, on ne dessine plus des Z mais des 8. On ira plus vite à l’ancre. Il est 11:00, 5 h qu’on navigue. On a encore le temps pour arriver à Claouey.
On n’a plus qu’à attendre.
Voilà la renverse. Et avec elle, un soupçon de vent. Juste assez pour aller plus vite que le courant porteur. Ainsi le chenal d’Arès puis de Lège. Jusqu’à l’entrée de Madone. Arrivés !
Ah, non : échoués. Il n’y a pas assez de hauteur d’eau pour aller plus loin. Et bien on va… attendre.
Se faire à manger, bronzer.
Jusqu’à ce que ça passe. J’attends un peu plus pour avoir un peu d’aisance pour tirer des bords dans Madone encombrée, car le vent est passé Ouest maintenant.
Et voilà ! La cale du club nautique, seule langue de « sable » sur une plage totalement envasée. Je vais laisser le bateau là et le remonter progressivement tandis que les gréements traditionnels et les pinasses arrivent avec le flot pour la régate de ce soir.
Alice retrouve la famille de la villa Sylvosa ; quant à moi, mon équipage de pinasseyres.
Le Carbu
Entre temps, mon cousin Pascal à qui j’ai raconté le moteur, décide de prendre les choses en main, trop content d’avoir un truc à faire marcher. Le moteur est débarqué et installé sur un établi de fortune, Alice reçoit la mission d’aller chercher de l’essence pour la nourrice. La suite pour moi après la régate : le carbu est déposé et le fautif est démasqué, caché au fond de la cuve ! Il s’agit (et je le savais parce que le mécano qui m’avait fait la révision m’avait expliqué le problème) de la conduite qui plonge dans la cuve, au milieu du flotteur, et qui se termine par un gicleur calibré vissé, et bien le pas de vis de cette conduite a été cassé lors d’une précédente maintenance (bien sûr je n’avais pas été informé…) et la réparation de fortune à base de résine n’a pas tenue. Donc, beaucoup trop d’essence est aspirée, le mélange manque d’air, l’explosion est très mauvaise et le moteur ne prend pas les tours tout en consommant comme quatre. Explication.
Pascal tente un nouveau bricolage, sans trop y croire quand même, à la colle MS Polymère. On remontera ça demain. Là il fait nuit.