Un super WE sur l’eau s’annonce puisque j’ai le privilège d’embarquer Alice.
Ça commence vendredi soir. La PM est à 20:00, un coef de 104. Excellente opportunité pour une nuit à l’île.
On a décollé vers 19:00 du Ferret. Route nord, le long du chenal de Piquey, bâbord amure au près. Vers le canelon, on a piqué à travers parcs vers la côte ouest de l’île, pour profiter de la lumière rasante du couchant sur les tamaris et les cabanes de la SCI de l’île aux oiseaux. Et puis comme la renverse est arrivée, on fait sud le long de l’île, en esquivant la tonne à canards, pour mouiller au plus près de l’île, quartier Afrique.
Une bière sur les dernières lueurs du jour, un petit dîner à fond de cabine et direction les sacs de couchage.
Samedi matin, après une nuit calme, nous dérapons l’ancre vers 09:30 sous GV seule dans un vent d’ouest 2 à 3 bft. Nous prenons notre petit déj dans le cockpit, en route tranquille, portés par le courant, vers notre destination, Arguin. Il y a encore assez d’eau avec ce coëf de 103, pour passer sur les bancs de Bernet, le Moulleau… donc route droit au sud.
« L’Incident Catabas »
Nous sommes juste passés au large du Club Plage Pereire. Je suis en train de partager avec Alice quelques connaissances sur l’histoire du parc Péreire, le chalet, la vente, le projet de lotissement Gaume, la protection inespérée du front de mer dans les années 70 (pour plus de précision, lire ou écouter la Chronique de Jean Dubroca sur Radio Côte d’Argent, mise en ligne sur HTBA – Histoire et Traditions du Bassin d’Arcachon)…
Quand Alice m’alerte : papa, le bateau, il ne vient pas sur nous, là ? Le bateau ? Derrière nous, au moteur lancé je dirais à 7-8 nds, un gros catamaran déjà très près. Bah, encore un plaisancier indélicat qui va nous passer à ras en se déroutant a minima au dernier moment. Un peu la règle sur le bassin… Mais maintenant (ça va plus vite en vrai qu’à le raconter) il ne va pas se dérouter, il n’entend pas nos cris et sa trajectoire passe sur nous. Je loffe d’un coup de barre et borde la GV. L’Iboga accélère un peu et s’écarte de 5 m. Juste assez pour éviter d’être heurté de plein fouet par l’énorme coque tribord du cata ! On ne peut éviter de toucher de l’arrière du bateau : le moteur est bousculé, il ne saute pas de sa chaise mais pas loin. Le cata est passé. La cata, esquivée. Pas grâce au « barreur » qui ne se rend compte que maintenant de sa faute. Que faisait-il au lieu de regarder devant lui ? Sa route au travers des caouènes sur une appli mobile de GPS ? Le beau auprès de son équipage en leur racontant ses exploits nautiques ? J’extrapole.. En tout cas il ne faisait pas ce que doit faire un barreur de navire lancé à 7 nds sur un petit plan d’eau comme le bassin d’Arcachon : regarder où il va !
Là, je lui gueule un peu dessus, la peur. Je luis demande (par gestes et cris) de revenir pour explications. Il ralentit. Je l’imagine hésiter. Et continue sa route. Aurais-je eu des dégâts, un blessé… il aurait continué. Il fuit. La Classe.
À bord on a un peu le cœur qui bat. Mais pas de mal. On ne va pas se gâcher la marée.
Le délinquant est déjà loin. Une photo vite prise mal prise (10:20) postée sur Instagram et Facebook pour évacuer le stress et qui sait ? Identifier le bateau… Ce qui est chose faite rapidement puisque Jacques, du Blog officiel du Cap-Ferret, corroboré par l’ami « Volodia », le bateau est le Nautitech 40 de Catabas – Location Bateau Arcachon. Dont j’attends des nouvelles à cette heure (mise à jour le 11 septembre : j’attends encore ; belle moralité nautique).
La fin de la marée est normale
Après une navigation sans (autre) histoire, nous atterrissons dans la conche d’Arguin vers 11:30. Il y a déjà pas mal de monde. On y retrouve notre agresseur du matin. Mais je décide de ne pas aller à l’esclandre et profiter en paix du mouillage. Le ciel est bien bouché mais va s’éclaircir avec la marée.
Le programme classique d’Arguin : casse-croûte dans le cockpit, option traversée du banc pour une baignade / bain de soleil côté passes, option lire à l’abris du vent dans le cockpit, tour de la conche à pieds… Bizarre : deux tables de parc à huître avec quelques poches accrochées, loin de leurs parcs. Comment sont-elles arrivées là ?
La marée est bien remontée et le bateau flotte à nouveau. Le vent aussi. Nous quittons le mouillage, bien sûr 100% voile, sous le regard inquiet de nos voisins :) C’est là qu’il faut savoir : pour quitter un mouillage très proche du bord au portant, c’est à dire que le bateau va devoir faire un demi tour le plus serré possible, on n’envoie que le génois, on remonte l’ancre doucement afin que le bateau ne prenne pas d’erre, en faisant en sorte qu’elle dérape alors que le bateau est déjà engagé du côté où il y a assez d’eau pour s’engager (ce jour là, à bâbord).
À 17:00 l’Iboga passe le nord du banc et pique sur le Cap. Alice à la barre, fx aux réglages. Comme souvent, la houle du large vient faire de belles vagues entre le chenal de la passe nord et celui du Pyla.
En quelques bords, voilà l’escoure du phare et le corps mort à 18:00.