C’était un projet. Et on l’a fait : une nuit au port des Tuiles, dans la Leyre de Biganos, après une navigation de conserve entre le Jouët 680 Iboga et le Gibsea 68 SeaRose.
On l’a fait avec une variante.
Au départ du Ferret, juste quand les bateaux flottent il est 14:30. Sur l’Iboga, Manou et le chef (moi) plus cousin Pascal et son neveu Fabien « le Mauritien ». Sur SeaRose (hips), Estelle et Guillaume, accompagnés de leur équipier domestique favorit, Lionel.
On est parti pour un grand triangle, presque un tour du bassin. Regardez la trace.
Le premier segment, mission n° 1 : monter à Claouey débarquer Pascal et Fabien. C’est leur dernier jour sur le bassin et ils ont peur de manquer de voile dans les semaines qui viennent. L’Iboga est habillé de son grand génois bien puissant, et d’une GV arisée, pour bien profiter des 15-18 nds de vent NW. RAS sur la route. On a un petit challenge quand même devant nous : avoir assez de temps ensuite pour redescendre de Claouey jusqu’à la Leyre. Alors pour gagner du temps, parce que la marée le permet, on coupe devant Petit Piquey, le Four, la dune perdue. Ça touche un peu mais ça passe dérive et safran relevés. Voici l’estey de Madone. Pascal et Fabien nous font gagner de précieuses minutes en sautant dans l’estey pour rejoindre la plage à la nage. Ciao la Sylvosa connexion.
Derrière, sur SeaRose, on ne comprend pas trop où je veux en venir, j’ai l’impression… Je montre la route : on commence par descendre (à contre courant) le chenal de Lège, mais on ne s’embarrasse pas de la carte marine, les chenaux, le balisage tout ça… Cap sur l’usine de Facture tout droit. On est au grand largue tribord amure, puis vent arrière. En fuite devant ce vent toujours soutenu. Je sortirais bien le spi, avec un équipier de plus (ou pas). Mais Je ne voudrais pas semer mes compagnons de route :) Alors je me contente de tangonner le génois. C’est bien mieux, même si on est souvent en légère fausse panne, le bateau est bien tracté. La PM nous atteint au niveau des digues du domaine de Certe, à Audenge. Il n’y a plus beaucoup de route avant l’entrée de la Leyre. Mais cette entrée se fait discrète. Il faut viser la dernière balise du « chenal » d’accès et l’embouchure se révèle quand on est dessus.
Entre temps on a affalé et ferlé la GV pour rester sous génois seul, histoire de gérer la puissance et la vitesse dans la rivière.
Le « Ssshhhh » des plumeaux qui bordent la rivière, l’île de Malprat à tribord sur la rive gauche, les tones à canards sur la rive droite. Une fois passé la première courbe, la Leyre est relativement rectiligne ici, contrairement au chemin du Teich. Ça fait des années que je ne suis pas venu. En fait, je viens de contrôler : exactement 12 ans jour pour jour, à l’occasion d’une régate de pinasses à voile suivie d’une nuit… agitée !
J’ai besoin de me concentrer pour être prêt à la manœuvre.
Un passage devant le port, marée haute. Des enfants plongent du quai. Demi-tour pour nous amarrer face au vent du nord, le long de l’un de ces postes d’amarrage aménagés par les locaux. Un poste vide, mais une voiture garée sur le sentier, le propriétaire a prévu de revenir. Le suivant n’a pas de voiture ni l’air de servir souvent. C’est pour nous. Iboga contre les poteaux. SeaRose à couple. Trop habitués au corps mort. Pas mal de réglages pour un amarrage à peine convenable (et qu’il faudra reprendre 2 fois dans la soirée pour suivre la descente du niveau de l’eau).
Ah ! On peut se poser et passer à… l’apéro !
Le cockpit du GibSea est adopté d’office pour son confort. Concours de paniers, spécialités du Sud-Ouest, bavardage en profitant du payasage. La soirée enchaîne dans la cabine tandis que le vent tombe et l’humidité avec. La nuit est bien tombée, la pleine lune illumine le ciel noir, quand chaque équipage transforme sa cabine en chambre. RV est donné, au moins aux deux skippers, à 06:00 pour dégager juste après la renverse de pleine mer. Nuit sans vent ni vague, un calme surnaturel tandis que la marée nous a discrètement remonté de plus de 3 mètres.
Lever du jour ce lundi matin. Guillaume et fx baillent, séparent leurs navires et démarrent les moteurs « discrètement ». Cap dans le lit de la rivière vers la sortie. Lever du soleil magique sous les nuages épais (la photo d’entête de ce billet et l’album photo). Estelle sort la tête pour en profiter. Sur l’Iboga, je bataille un peu à garder les gaz : la poignée revient, pas assez serrée. Ce matin, il faut bien suivre le balisage du chenal de Comprian. L’idée, c’est d’aller un peu plus loin mouiller dans le chenal pour finir notre nuit sans risquer d’échouer. À la latérale babord J4, on est tranquille (enfin, ce qu’on croit…)
Banettes.
vers 09:00 second réveil. Partage du petit déj. Le ciel est bien chargé à l’ouest. Le front de pluie finit par nous recouvrir. Réfugiés dans les cabines, porte fermée sur l’Iboga car les bateaux sont tirés par le courant à contre-vent.
Peu après la fin de la pluie, un drôle de ressenti se propage de mes pieds jusqu’au cerveau : mais que le bateau est stable !
Et, oui : pendant que nous profitions du temps qui passe, les bateaux sont échoués. Arghhh !
Là où ça peut être un souci, c’est un RV à 18:00 à Contis (40), à au moins 1h30 de route du Ferret en hiver, 2h30 mini en été. La calculatrice à marées et à itinéraires se met en route, tenant compte que au lieu de revenir au Ferret avec le courant (descendant) maintenant, enfin… dès que le bateau reflottera, ce sera à contre courant. Et voilà un x2 dans l’équation. Enfin, l’échouement a eu lieu 40 mn avant la BM, aussi un peu moins de 2h plus tard, il est 13:30, nous avons fait nos adieux à nos partenaires de marée et tracé au moteur, à contre courant donc, la GV haute en essayant de porter un peu dessus pour aider Yamaha. Comme ça Jusqu’au Ferret. 3 heures de moteur.
Au Ferret, assez d’eau pour aller au mouillage. Débarquement express super organisé. Et en voiture ! 17:50 à Contis. Un peu stressant mais ça finit bien.
En tout cas, une magnifique marée, un triangle inédit pour nous avec cette descente de la côte du Bassin entre Claouey et Audenge, exceptionnelle, le lever du jour magique, les copains bord à bord. Vive la voile !