C’est le Grand Jour de la saison : la mise à l’eau et le retour du bateau sur la Presqu’île. Le RV a été pris avec l’Homme de la Manutention, très tôt, pour bénéficier du descendant tant qu’il reste assez d’eau à la cale de la Barbotière. Seulement voilà, l’Homme en question a disposé autrement de notre RV. Ce n’est pas la première fois. Nous décidons par téléphone de reporter à 16:00, quand le flot sera de retour. Entre temps, sous un petit crachin rafaleux, je monte à bord du bateau toujours calé, pour l’armement : enquiller la bôme, maniller le palan d’écoute de GV, endrailler la GV tout en glissant les lattes dans leur gousset respectif, passer les ris, ajouter une estrope pour contenir le point d’amure contre le mât car la bôme tend à s’échapper du vit de mulet quand le voile n’est plus sous tension (lors des prises de ris par ex., ce qui est très embêtant, la bôme flottante, sur le moment). Des bricoles nécessaires. Et puis l’Homme de la manutention paraît dans la matinée, avec son 4×4 et sa remorque. Pour préparer le bateau. Désamorçage des étais de chantier, transition du navire des bers vers le charriot hydraulique. Le bon moment pour les retouches d’antifouling à la place des patins du ber. On me propose une mise à l’eau immédiate, vu que la marée elle n’a pas beaucoup baissé. Je devrais dire oui, mais je décline : pas d’humeur, ce crachin, ces rafales… j’espère un temps plus clément cet aprème.
Mais j’aurais dû accepter parce que…
Après un repas au coin du feu, il est 15:30, l’heure d’aller voir où en est le flot.
1h plus tard, il va être bientôt temps. Bref, bientôt 17:00 quand l’Iboga flotte à reculons. débarquement de l’annexe mise en remorque, moteur, volte et route à petit régime vers la sortie. Le moteur cale ! Un moteur juste révisé avec vis platinées neuves et connecteur d’essence changé à cause d’une prise d’air… Redémarre. Cale. Il ne tient pas le petit régime. Il faut envoyer des gaz. À suivre… L’estey de la Barbotière au moteur. La GV envoyée vite fait, avec un ris. Puis le génois. C’est là que je comprends que j’aurais dû partir ce matin, parce que je vais devoir faire la route pile en face du vent — 15 nds avec 18 en rafales —, et à contre-courant ! La route qui à l’aller m’avait pris… 1h20, va prendre cette fois-ci dans les 3 heures… En comptant l’épisode du décrochage de mon annexe. Une bien belle manœuvre de l’homme à la mer sous voiles. Qui a dit qu’on a besoin de passer un permis pour savoir manœuvrer un voilier ?
Alors je tente de ruser, en coupant sur les terres pour faire de larges bords hors du flux des chenaux. Nord de la Matelle, « passage des Gujanais » pour rejoindre le Teychan, puis bord à terre qui m’amène au port d’Arcachon. On peine. Un tiers de la route est faite. Une heure de plus à tirer des bords à la côte, et nous voilà devant la Chapelle.
La nuit tombe. Une nuit sous les nuages, sans lune, sans la lueur du crépuscule. Au large de Joigny, je rend les armes : Yamaha, route directe. Traversée du chenal devant le Ferret. Traversée des rangs de corps morts au jugé. Atterrissage les yeux fermés, on y voit aussi bien. Voilà ma bouée ! Et comme je m’y attendais, la chaîne est tout emmêlée dans son orin… Mais le bateau est sécurisé. Je peux fermer et pagayer jusqu’à la plage où m’attend patiemment depuis 2h mon équipière préférée ❤️
L’annexe, première au rack encore cette année.
Le bateau a encore besoin de son nettoyage intérieur, plus décoincer le tangon si on veut spier, et une petite liste de trucs à riveter, et encore le hublot tribord à reposer dans les règles de l’Art. Un dossier qui traine.
Toujours est-il que la saison 23 est officiellement OUVERTE !