Les peintures antisalissure : un peu d’efficacité SVP !

Les antifoulings efficaces ont été interdits il y a 20 ans.

Et à juste titre : chargés en TBT (tributylétain), ils ont très rapidement saloppé les plans d’eau et les sédiments portuaires au point de modifier par exemple la structure des coquilles d’huitres. Cause de la crise ostréicole de 1975 à 1982, le TBT provoque à l’époque des anomalies de calcification des coquilles de Crasostrea gigas : phénomène de feuilletage et de chambrage des coquilles, altération des protéines calcifiantes, malformation des coquilles et problèmes de croissance des huîtres. Le TBT provoque encore d’autres dégâts écologiques graves : problèmes de reproduction chez les bivalves, dérèglements sexuels chez les gastéropodes1

Interdits, pour les plaisanciers, s’entend ; la marine marchande a continué à les utiliser longtemps après. La pêche et l’ostréiculture, je ne sais pas…

Ceci dit – assez d’écologie, retour aux problèmes de plaisanciers – il y a un vrai problème d’efficacité en effet avec les produits conformes à la réglementation que l’industrie nous propose. Ce qui fonctionnera cette année à ce mouillage sera inopérant sur un autre plan d’eau ou peut-être même l’an prochain au même endroit ! Et il n’est pas possible de comparer a priori les produits, bien évidemment, l’opacité règne sur les composition de ces peintures antisalissures.

Au prix qu’elles coûtent, je pense que nous pourrions avoir un peu plus de garantie d’efficacité.

Et toi, ami marin qui me lis, avec quoi enduis-tu les oeuvres vives de la coque de ton bateau dans l’espoir de lui éviter cracoys et algues nuisibles à la performance ? En es-tu content ? Quelle est ton opinion sur ce délicat problème ?

Update du 27/11/2007 : Assemblée nationale, séance des questions orales sans débat du 2 octobre 2007, question de Mme Marie-Hélène des Esgaulx :

Je voudrais attirer votre attention sur les conditions de mise sur le marché de certains produits chimiques, notamment herbicides. Une étude de l’Ifremer a en effet révélé dans le bassin d’Arcachon un taux alarmant d’Irgarol, substance biocide utilisée notamment dans les peintures antisalissure des bateaux. Même à très faible dose, cette substance peut avoir des effets ravageurs sur le milieu végétal marin, en particulier sur le phytoplancton, qui est la base de toute la chaîne alimentaire, et sur les herbiers de zostères, qui sont un maillon primordial dans le Bassin d’Arcachon. Sa dégradation est très lente et sa rémanence est amplifiée dans les milieux semi fermés comme celui du Bassin d’Arcachon.

Il me semble que la commercialisation de cette substance devrait être purement et simplement interdite. En attendant, je souhaiterais que les industriels déclarent la composition exacte de leurs produits et mettent en place un étiquetage à l’attention des consommateurs. Je me demande aussi si une procédure d’autorisation de mise sur le marché comme celle que connaissent les médicaments n’est pas envisageable pour ces substances particulièrement toxiques : cela serait une application raisonnable du principe de précaution, permettant de préserver les écosystèmes aquatiques et les nappes phréatiques. L’inventaire des substances chimiques qui sera réalisé dans les prochains mois, en application du règlement communautaire REACH, doit être l’occasion de renforcer la réglementation de toutes les formes de biocide.

Précisions et débat sur le blog de Marie-Hélène des Esgaulx.


  1. Raport de mastère 1 Université Paris 7, par Christophe Mallard – 2005/2006 « Un xénobiotique : le TBT«