De mauvaises réponses à de vraies questions, c’est ça le problème de cet arrêté

[En contribution au forum Hisse et Oh]

Les vraies questions, c’est ce qu’on peut constater comme surpopulation nautique, comme envahissement de certains mouillages, comme champs de corps morts qui encombrent les chenaux, comme bateaux-ventouse dans les rares ports, comme couche de déchets au fond des ports (de moins en moins cependant), comme excès de vitesse, comme trafic aux heures de pointe autours de la pointe de Bernet et le long du Teychan, et ce bruit de fond omniprésent, et l’état chaotique de la surface… Et aussi avec la foule, l’incivilité, l’inconscience du milieu et de l’environnement, la vulgarité et tous les dégâts que peuvent commettre ces irresponsables.

Dégâts sur le cadre de vie – tous les vrais amoureux du bassin s’en rendent bien compte – dégâts sur les sites envahis, pollution, déchets etc.

Et un nouveau dégât, pas des moindres, maintenant : la prohibition aveugle et massive de tout ce qui fait les petits plaisirs du plaisancier :

– passer un WE au banc d’arguin, ou exceptionnellement 3 ou 4 jours, au terme d’une navigation de 1 heure et demie en venant du Ferret comme de 5 ou 6 heures (selon conditions), si on vient d’Arès ou de Biganos, traverser le banc en long jusqu’au bout du sud et en large jusqu’à la passe et se baigner dans le ressac en regardant rentrer les fileyeurs dans la houle, profiter du silence quand la plupart des autres bateaux sont enfin partis, saluer le phoque qui se roule dans le sable à côté de son bateau le matin au soleil levant derrière la dune…

– bivouaquer à l’estey d’Afrique, remonter Pelourdey (en ramassant quelques… palourdes), faire le tours de l’île à pied par la plage (et un peu au travers des villages, les pieds chaussés pour ne pas se blesser, aller jusqu’au port de l’île regarder Arcachon, au loin dans la brume d’été, au travers des tamaris et des pins rachitiques, ramasser quelques fleurs sèches…

– aller planter son étrave sur le Bancot, à la sortie du Courbey, le temps d’une baignade et en attendant que la marée remonte (ah, j’avais oublié, la cale à JetSkis à la Vigne en face… :-(

– venir lécher les plages et les côtes, au travers, ou tirer des bords jusqu’à l’extrême limite, pour profiter du faible courant ou pour, tout simplement, voir le bord de plus près ; évidemment, au milieu des champs de corps morts…

Bien sûr il y a d’autres destination, d’autres circuits, d’autres mouillages. Mais ces 4 là sont tellement somptueux qu’on a du mal à les imaginer interdits.

Surtout quand on est respectueux des sites, en phase avec leur équilibre.

C’est ça, c’est la mauvaise réponse : ne pas s’occuper des causes, ne pas faire le détail des pratiques, ne pas proposer de réponses différenciées, ne pas traiter l’origine de certains problèmes. Non, au lieu de ça, clôturer (symboliquement) nos mouillages et sanctionner non pas le crime, ni le délit, mais faire de la simple présence une contravention. Simple.

Voilà pourquoi j’étais à Arcachon, samedi 1er mars.

J’y suis allé à la voile. Il n’y avait pas plus de 2 bateaux visibles le matin à 10:00 et l’après-midi, les sportifs, mais pas de plaisanciers.

Je n’ai pas signé la pétition qui circule parce que je ne me reconnais pas dans le semi-rigide beaché.

J’ai trouvé certains amalgames douteux.

Mais oui, je suis inquiet pour ce que le Bassin deviendrait sous cette réglementation.

Dernière minute : un participant aux réunions avec le Préfet m’a fait parvenir le projet d’arrêté et des infos de l’intérieur sur l’évolution de certaines négociations. Je traite et je diffuse dès que possible.