La croisière de Balao

Jean-Jacques cherchait un nouveau Jouët 680.

Curieux comme je suis, des histoires et portraits de notre petit croiseur, j’ai cherché à en savoir plus sur son précédent Jouët. Balao avait été vendu à Port-Bail (Cotentin), après une croisière à Marseille via la Garonne… m’explique Jean-Jacques. Un témoignage qui montre la voie à ceux qui trouvent que le Bassin est un peu petit, finalement.

Voici la première partie du récit : mai 1991, d’Arès à Castets, via le Verdon.

« Voici 16 ans, j’ai échangé mon Microsail 5m50 pour un Jouët 680. Mes obligations professionnelles me laissèrent un peu de répit, venant de rencontrer la maman de ma fille, Olivia. Période idéale en ce début de printemps pour tirer quelques bords et apprécier les mouillages sauvages sur le Bassin. Puis nous fumes invités à un mariage 3 semaines plus tard à Marseille…

« Et, si nous y allions en bateau ? »

Nous décidons d’équiper le Balao en 3ième catégorie et de quitter Ares début mai 1991. Par une belle journée de printemps, nous franchissons les passes que je fréquente régulièrement puis nous voici avec un vent frais de Nord-Est, plein nez, avec la nuit tombante…

La remontée au prés commence avec foc et 1 ris. Ce fut la chevauchée des vagues avec, évidement, pour moi toujours ce mal de mer du début de navigation. Il était entendu avec Olivia que toutes les heures nous effectuerions des quarts.

C’est 2 heures après qu’Olivia m’annonce qu’il y a de l’eau dans les fonds. Surprise ! Que se passe t-il ??? Evidement le bateau cogne à chaque vague. Décision ? Faire demi-tour… pas possible pour l’instant : les passes sont inaccessibles de nuit surtout qu’à l’époque ce sont celles du sud qui sont ouvertes. Aprés examen de la coque, j’en déduis que cela ne provient que du puits de dérive. Donc j’abats un peu, tant pis pour le cap, et je colmate avec des serviettes éponge le haut du puits. Nous verrons.

Voie d’eau !

Il faut avouer que le bateau a une survie et 2 moteurs HB au fond de la coque : un Seagull neuf de 6 cv, fiable et léger, car je crains que le vieux Jonhson ne soit fatigué… donc le bateau est trop surchargé. Toutes les heures j’écope et éponge 10 litres, soit un plein seau, avec un complément de mon estomac… Enfin la nuit se passe. Au petit matin nous décidons de continuer vers le Verdon. Le rythme d’écopage est pris. Pas un chalutier, aucune rencontre ; nous sommes à 8 mille environ de la côte.

Nous voici arrivés en soirée au Verdon. Balao et l’équipage vont pouvoir souffler de ce parcours éprouvant. Le lendemain, je plonge sous la coque pour m’apercevoir que les lèvres sont absentes.

Puis ce fut la remontée de la Gironde à la voile et avec la marée sur Bordeaux. Enfin une nav’ tranquille. Apprécions les îles et les châteaux du Médoc. Halte à Pauillac pour attendre la renverse et passer la nuit. Puis à Bordeaux, dématage à la main, quelques achats, recomplément des pleins et le départ sur le Garonne. Porté par le courant montant sur quelques km, rencontre avec un pêcheur d’alose qui nous vend une belle pièce. Notre 8 cv donne plein pot. Arrêt à Cadillac. Nous pensions ressentir l’effet de renverse. En fin de compte, le courant diminue, mais ne s’inverse plus. Direction Langon. Là, nous commençons à apprécier le fleuve, ses rives plus rapprochées. Et puis voici Langon. Nous longeons sa citadelle, imaginons voici quelques siècles l’époque du commerce en Gabarre avec Bordeaux. Enfin, arrivée à Castets, entrée du canal « parallèle à la Garonne. »

[Suite]