En dehors du chenal d’accès au bassin, de la rade d’Eyrac, du chenal de Piquey et du tour de l’île aux oiseaux, les chenaux et esteys du Bassin sont trop peu familiers aux plaisanciers, sauf bien sûr aux riverains et aux professionnels de la mer qui les emprunteraient les yeux fermés.

C’est bien dommage, car, sauf quelques chenaux transversaux, ils forment l’accès maritime aux richesses des côtes intérieures du bassin d’Arcachon : La Teste, Gujan, le delta de la Leyre, et toute la côte qui, de Biganos à Ignac et même Hourquet, constituait la rive droite de la Leyre aux temps historiques.

Hors des sentiers battus

Ce n’est pas sans motif que les néophytes évitent de s’engager dans le bassin intérieur. En effet, par le jeu des marées, les chenaux ont une profondeur variable et souvent négative à basse mer ; mais c’est surtout quand les berges des chenaux, encore ou déjà submergés, ne se distinguent plus des sournois crassats alentours, que la navigation se complique. Qui n’a jamais touché, de sa quille ou de sa dérive, alors qu’il se croyait sur la bonne route ? par ailleurs, si de certains chenaux sont relativement simples — un alignement suffit à s’y diriger — d’autres au contraire sont particulièrement tortueux.

Or, s’il était facile autrefois de suivre les rangées de pignots placés par les parqueurs autour de leur concession pour protéger les huîtres — la quasi totalité de la surface du bassin était alors exploitée — il n’en va pas de même aujourd’hui où les parcs sont cantonnés aux zones les plus qualitatives : du Ferret à Piquey, au sud et à l’ouest de l’île, autours des chenaux de Cousse, du Teychan, du Passant et de Gujan pour l’essentiel. C’est ainsi que les parcs en bordures des chenaux ont été progressivement délaissés et leur balisage traditionnel, laissé à l’abandon, a disparu.

Alors, sur quoi se guider pour emprunter les chenaux et esteys du bassin ?

Le balisage intérieur

Les 270 balises fixes qui signalent les chenaux principaux et les chenaux d’accès aux différents ports, sont constituées d’un poteau en azobé (ou autre bois exotique) surmonté traditionnellement d’un cylindre blanc visible de loin, marqué d’une lettres de A à K.

Ces lettres sont distribuées dans le sens des aiguille d’une montre, en partant du Cap-Ferret jusqu’à la Canelette, entrée du port de La Teste près du port d’Arcachon. Selon la formule de mon lecteur Claude « les esteys formant presque comme les doigts d’une main vers les fonds du Bassin. »

A la lettre est attaché un chiffre qui augmente au fur et à mesure qu’on se rapproche de la destination.

En direction de la côte (d’un port), les chiffres impairs sont à laisser à droite et les chiffres pair sont à laisser à gauche. Astuce ! Si vous êtes familier du balisage latéral, pensez « pair = rouge » et « impair = vert ».*

Vous trouverez aussi des balises informelles, installées par les usagers, ainsi que de simples piquets aux couleurs latérales métalliques apparemment officiels mais qui ne figurent pas sur les cartes.

Attention, les balises ne sont pas éclairées. Pour cette raison et à cause de la complexité du dessin des chenaux, la navigation de nuit sur le bassin est réservée aux soirs de belle lune et de préférence à pleine mer.

Depuis quelques saisons, le cylindre blanc d’une cinquantaine de balises a été remplacé par une marques du système latéral ou du système cardinal.

Des usagers se plaignent de ce que, avec cette précision toute administrative, les balises ont perdu en visibilité de loin. Quant à moi, je me suis parfois demandé quel sens le fonctionnaire des ponts et chaussées maritimes avait choisi pour déterminer la latéralité de certains esteys transversaux…

Pour mémoire — car nul plaisancier ne l’ignore, n’est-ce pas ? — les latérales sont conventionnellement rouge à bâbord et vert à tribord du chenal, en direction du port de destination. Les cardinales sont Nord (2 pointes vers le haut) Est (bases opposées), Sud (2 pointes vers le bas) ou Ouest (pointes opposées), selon leur disposition relative au danger qu’elles signalent.

Actualisation du 11 janvier 2010 : opportunément signalée par Pierre dans un commentaire ci-après, cette carte, publiée par le SIBA, détaille le balisage actuel, qui s’est considérablement développé (cliquer pour accéder à la carte détaillée sur le site du SIBA).

Update du 28 juillet 2011 : Balisage des chenaux du bassin d’Arcachon : le SIBA met en ligne sa carte interactive

Les passes du bassin d’Arcachon

Pour être complet sur le balisage du bassin d’Arcachon, 15 bouées latérales rouges et vertes balisent le chenal d’accés de la passe nord entre le banc d’Arguin et le banc du Toulinguet puis à l’ouest des bancs de Bernet, vers le port d’Arcachon. La dernière bouée (n°15 verte) se trouve entre la plage Péreire et le Grand Banc.

La bouée d’atterrissage est éclairée grâce à ses panneaux solaires mais elle est désormais muette, son signal sonore, le meuglement de la vache, généré par les vagues, n’a pas été reconduit sur la nouvelle version de la bouée.

Attention : le balisage des passes n’est pas toujours en phase avec l’évolution du chenal due au glissement nord-sud des bancs de sable qui se détachent de la presqu’île. C’est pourquoi, même si les coordonnées de ce balisage sont désormais régulièrement communiquées en système géodésique mondial WGS 84 facile à rentrer dans un GPS, il est impératif avant toute entrée dans le bassin, de contacter le sémaphore du Cap-Ferret sur le canal 16 de la VHF pour leur demander conseil.

* article inspiré et documenté d’échanges sur le Yahoo groupe Histoires et traditions du Bassin d’Arcachon. Merci à Raphaël, voileux, amoureux et connaisseur du bassin qui m’a ouvert les yeux sur cette astucieuse disposition paire-impair ; merci à Claude, inlassable vecteur d’informations pour maintes précisions et réflexions sur le système actuellement en place