Le Flow comme si vous y étiez

Vingt-quatre heures d’Iboga, dont une belle séquence de 3h de virements de bords dans un vent soutenu. Ça faisait longtemps et c’était bon.
Ça a commencé samedi soir, 20:00 au bateau, avec de l’essence, un pack d’eau et quelques victuailles. C’est bien calme sur l’eau. Pas un bateau. Le temps couvert, après cette journée si chaude. La lumière de fin de journée un peu blême. La mer monte jusqu’à 22:30. Yamaha, 1h, Saous. Ancre. À portée de vue au sud de l’île, 4 ou 5 bateaux. C’est l’heure rose : il ne reste plus que quelques minutes de jour. Aux cabanes, un peu plus loin à l’Est, une bande de fêtards qui rejouent radio nostalgie.

L'heure rose à l'île aux oiseaux

L’heure rose à l’île aux oiseaux
Et d’autres photos

À bord de l’Iboga c’est le calme d’un dîner sobre arrosé d’une Saison de Dottignies, bière ambrée belge de haute fermentation. Puis banette avec la suite du 3e opus des aventures de Takeshi Kovacs, de « Altered Carbon », dans « Anges déchus« . Nuit.
Dimanche matin, 09:00. Temps encore un peu gris. Pas de vent au mouillage. Laissons le temps à la marée de monter. Petit déj de fraises fraiches. Communication avec l’ami Stéphane qui a, je découvre, passé la nuit sur son Jouët aux cabanes tchanquées. Mais ce n’était pas lui la bande de fêtards. Allez, voiles en haut, un petit vent de sud déhale le long du Pelourdey jusqu’aux cabanes, salut à Stéphane, RV à Arguin s’il en a le courage et volte face. Plus je m’éloigne de l’île, plus le vent se manifeste. J’hésite un peu à trouver la sortie ; c’est toujours un peu pareil la sortie de l’estey d’Afrique à marée haute… Il ne faut pas hésiter à aller jusqu’à la latérale gauche (rouge) pour trouver l’estey entre les parcs. Sortir jusqu’au chenal, oui, face au vent, donc après 3 ou 4 virements de bords. Qui ne seront que les premiers d’une longue série puisque le vent est résolument dans l’axe de ma route.
Vent debout donc, et forcissant jusqu’à 20 nds peut être. Un ris n’est pas de trop. Au milieu du Teychan, l’Iboga traverse une petite flotte de voiliers en course. Je me retourne : Stéphane vient de trouver la sortie d’Afrique aussi. C’est pas évident. Mais la route aujourd’hui, c’est au plus près de la côte : Péreire, Arbousiers, s’écarter des bancs du Moulleau, repiquer dans les mouillages encore inoccupés le long du Pyla. Et tirer des bords. Comme ça jusqu’à la Dune. Et encore, tout le long du banc.

Arrivée sous voiles pour mon 1er #Arguin 2018 #iboga680

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Voici l’entrée de la conche sud. Ce qu’il en reste. Il est 13:30. Je navigue depuis 3h. Pas vu passer le temps. Le pied, quoi d’autre ? Ce que le psychologue Mihaly Csikszentmihalyi a décrit et nommé le Flow.
SMS de mon camarade de Jouët, derrière, qui a jeté son dévolu et surtout son ancre sur le Mimbeau. Le RV à Arguin, ça sera une autre fois.
Arguin, mi-marée. Ah, le cri des sternes ! De l’eau suffisamment pour évoluer sous GV seule sans souci. Le vent est bien tombé : les mouvements du bateau sont lents, surtout contre le courant qui vide la conche. Pas trop de monde non plus : une vingtaine de bateaux, dont 2 voiliers incluant l’Iboga, et la moitié de semi-mous. Je mouille dans 2,5m d’eau.
Programme habituel à base de casse croute, café et lecture au soleil. J’ai tout mon temps : ma place au mouillage au Ferret ne sera pas accessible avant 19:45. Envie de marcher et de baignade. J’approche le bateau de la plage. À terre. Le sable, la baïne, les passes, la baignade, pas longue, évidemment : en avril ne te découvre pas… Le retour à bord et la suite du livre… Argh ! Pas de chance, les gars du bateau à 20m, ils découvrent les joies du… DRONE !!! Putain de bordel de merde de truc vrombissant ! En plus des hélicoptères (j’arrivais un peu à faire abstraction) des avions (comment a-t-on le droit de voler si BAS à Arguin ?) et du tellement peu de jetskis que j’ai même failli ne pas en parler dans cette chronique… là, LE DRONE !!! #respire
Bref. La batterie du drone finit par se vider et mes voisins passent à autre chose. Retour au livre.
Ainsi se passe la fin d’après midi. Rien à raconter, vous voyez.
Il est plus de 18:30. La marée remonte depuis 1h. Temps de décarrer. Sous voiles bien sûr. Le vent s’est un peu relevé, pas très régulier, disons 15 nds dans les risées contre 8-10 nds le reste du temps, mais maintenant nord-ouest. Ça va être de face le retour. Un long bord bâbord amure me mène au nord du banc, puis traversée du champ de caouènes heureusement submergées, jusqu’à toucher La Digue de la Pointe, suivis de quelques virements qui avec l’aide du courant nous ramènent à l’escoure du phare. Toujours sous voile, prise de corps mort parfaite. Il ne reste plus qu’à désarmer pour la semaine et débarquer à pieds dans moins d’1 m d’eau. Pas trop tôt : ça fait quand même une bonne heure que j’ai quand même froid. Mais 24h que je Profite ! Déjà 3 sorties et avril n’est pas fini ! Merci Iboga.