C’est ma marée d’anniversaire. Il v a faire 30° avec un vent de sud 15 nds et ses longues rafales à 20 nds. Dérèglement, vous dites ? Attention : on avait eu ces températures (sans le vent) le 18 octobre de mes 50 ans, pour la magnifique fête organisée par ma douce et créative Manou avec tous mes amis à la villa de la famille à Claouey.
C’est David qui fait équipier aujourd’hui. Je vais faire son chauffeur. Nous partons de Bordeaux un peu avant 10:00 avec Henri et sa planche de surf qui veut profiter du swell.
Déposer Henri à la Garonne. Non sans aller contempler l’océan magnifique, la plage quasi déserte et le swell plutôt brutal.
Puis le Ferret, embarquement à pieds, de l’eau à la taille, ça passe.
Départ toute toile en haut. Ça fuse au travers. Au milieu du chenal, le vent monte encore. Je prends un premier ris. Quelques larges bords en direction de la passe sud. Le vent monte encore. Affalage du génois ; on descendra à Arguin sous GV seule même si le près n’est pas fameux, avec le courant porteur, ça ira bien.
Nous voilà devant la conche. Il est 2h moins le quart. Le vent est vraiment bold. Je dirais plus de 25 nds dans les rafales. J’hésite, je tergiverse : alors si je m’engage dans la conche, je suis vent arrière, je peux remonter la dérive, mais je dois aussi lâcher la bride du safran ; c’est là que ça coince dans le scénario : si j’ai besoin de loffer ou si le vent me fait loffer, pas sûr que je résiste, ou que le safran remonté résiste… en plus, je vois qu’il y a pas mal de bateaux dans la conche, et je ne vais pas pouvoir maîtriser ma vitesse… Alors, je renacle devant l’obstable. Cap à la côte pour chercher une plage abritée du vent de SE.
La plage est là. Je beache l’Iboga. Affalage de la GV, l’ancre à terre avec une dizaine de m de chaine + aussière. Et nous descendons le pique nique. Parce que le bateau est quand même vachement secoué par les rafales, il n’est pas si abrité en fait, et le petit ressac qui se forme. Bref, il saute sur la plage, avant d’être emporté par la vague suivante et c’est juste impossible de déjeuner à bord. Obligé de subir le sable… Au pied de la dune, c’est un moindre mal.
Nous voilà donc beachés aux Gaillouneys, ça tombait bien : je n’avais pas encore regardé la forêt brûlée par là. Mais là, j’ai dû reprendre le mouillage, sur la plage, 4 fois après qu’il ait dérapé sous la force du vent. Mon ancre FOB 6kg, confortable dans la plupart des circonstances habituelles, s’avère (je le savais) trop légère. Il m’en faut une autre à bord pour ce genre de circonstances…
Tandis que David récupère au pied de la dune, j’explore la crête. Je n’avais pas encore vu la forêt incendiée de ce côté là, qu’on ne peut atteindre qu’en bateau. Je ne suis pas déçu : la forêt noire, brune, rousse… mais aussi verte entre les zones touchées. Un cadre encore plus exceptionnel pour contempler les passes et les bancs depuis ce belvédère !
Et c’est le moment d’appareiller — il est 17:00 et quelques, la marée remonte depuis deux heures. Je veux garder un bateau manœuvrant, alors je grée le foc et le 2e ris à la GV. Mais le vent a commencé à se calmer. Je vais renvoyer un ris, d’autant plus que nous sommes au portant jusqu’au Pyla. David barre jusqu’à l’entrée de l’escoure du phare où je repends les commandes. Le bateau va toucher le fond à quelques mètres de sa bouée. La marée va monter de quelques cm le temps de ferler les voiles et préparer le débarquement. Il n’est que 18:30 mais la nuit arrive déjà.
D’après la météo de la circulation, il est trop tôt pour nous engager sur la route. Nous allons donc attende la nuit à la bodega de l’Escale, entre (la fin d’un) match de foute et la tombée de la nuit.
Pour mémoire, la Trace de la marée