24 heures de bateau

J’avais un peu insisté toute la journée pour décider les filles et Hélène à aller, avec le bateau, profitant de la marée montante, passer la nuit à Andernos, au port ostréicole où une place nous avait été réservée par certains « locals ». La perspective du grand fest-noz celtique programmé cette nuit là n’avait pas émoussé ma détermination. C’est ainsi que nous sommes parti cette fin de journée de samedi, avec nos sacs de couchage et la glacière du pique nique de dimanche, pour au maximum 2 heures de nave avec courant porteur et en train de choisir le restaurant pour le soir.

C’était en comptant avec le vent. (à suivre)

Or, rendus vers la balise 4 (entrée de l’estey d’Afrique) juste portés par le courant, voiles flasques et à une heure du coucher du soleil, il a bien fallu se rendre à l’évidence : nous ne rejoindrons pas Andernos ce soir. Où irons nous donc ? Arcachon, Afrique ou retour au Ferret ? Le moteur toujours out (pas de refroidissement), nous faisons faire demi tour au bateau, direction Mimbeau, et mouillons l’ancre pour ne pas reculer. Un peu de bricolage pour essayer de refaire fonctioner le refroidissement… le temps passe : plus que 30 mn avant le sunset…

Et le vent revient !

Enfin, nous faisons route. A contre courant, donc. L’Iboga est de retour au Mimbeau à la nuit bien tombée, 22:00 environs, la lune très petite et prête à sombrer aussi. Plutôt que de rentrer la queue entre les jambes dans le confort de nos lits, nous persisterons et camperons sur le bateau. Heureusement, l’annexe et la voiture ne sont pas loin, aussi pouvons-nous aller dîner à terre. Puis enfin dodo à bord vers 01:00. Le vent m’inquiète, étant devenu assez fort et nord, il secoue un peu l’eau habituellement abritée de la conche. Bah, cette nuit sera marée basse.

Dimanche : vent et avarie de gouvernail

Au réveil, le bateau est pas mal secoué par un fort vent d’est 20 à 30 nds. Le bassin est moutonneux. Aïe, cette sortie n’est décidément pas très confortable. En attendant : croisants frais, jus d’orange et café dans le cokpit. Il fait grand beau temps autrement. A 11:00, la marée descendante nous chasse du mouillage. Malgré le choix du petit foc et la prise du 1er ris, je ne m’aventure pas vers Arguin au portant avec ce vent. Cap au près face au courant, vers Arcachon, dans l’idée de faire un tour de l’île en attendant que le vent se calme avec la renverse.

Et, pour la deuxième fois de l’épisode, nous voici devant Arcachon, incapables de remonter le Teychan ! En effet, le vent a faibli, le courant a forci et nous tirons des bord carrés devant la balise 6 sans avancer. Nous n’arriverons pas à pénéter dans Mapoutchet pour le bord de bon plein que j’espérais. Et bien, il faut être pragmatique, non ? Justement, voici qu’arrivent en face nos amis chaloupeyre en route pour Arguin. Et, comme le bassin est redevenu calme, pourquoi ne pas les suivre ?

Nous voici devant le Pyla quand, au détour d’une caouène qui m’oblige à relever le safran, je m’aperçois qu’un boulon de l’axe de safran a disparu… Pffff, encore un problème à gérer. Malgré une tentative de fixation avec de la garcette, l’axe menace de sortir de son trou à chaque vague. Hors de question. Alors faute de mieux, nous irons jusqu’au banc d’Arguin en veillant à éviter qu’il ne nous lache. Ca paraît long à Julie, avec son bras tendu derrière le bateau à retenir ce boulon… Bref, nous voici à 16:00 devant un petit créneau à Arguin, surchargée de bateaux. Mouillage barbare avec jeter de l’ancre alors que le bateau marche un peu vite au largue ; il se met finalement plus ou moins bout au vent tandis que le monsieur de l’Estéou voisin que nous évitons de peu dans la manoeuvre s’arrache les poumons à pourrir les sagoins que nous sommes… Il n’a pas complètement tords, je le confesse.

Enfin, le bateau est au calme pour un remplacement de fortune du boulon (ruban de caouchouc autovulcanisant serré sur le goujon). Baignade, promenade, pique nique et café avant un retour sans histoire ni beaucoup de vent jusqu’au corps mort plus de 24 heures après notre premier départ.