Lundi 30 juin 2003 : Aïeee ! « Quel con, mais quel con »

Il pleut ce matin, à 8:00 et il ne fait pas chaud, pas très engageant, mais la météo dit que ce seront des pluies éparses dans le sud ouest, alors… Je me fais déposer par Hélène à la cale, avec mon sac et ma glacière.

La marée baisse depuis 2 heures. Il pleut encore. Vent faible de nord nord-est. Voiles en ciseaux, je dévale le chenal de Lège, songeant à la journée qui s’annonce quand, au hasard d’un regard machinal sous le génois; je vois se précipiter sur moi une grosse vedette au mouillage, avec son ancre bien saillante ! Grand coup de barre pour freiner l’Iboga. Mais ça ne suffit pas : le courant porte fort avec le coëf de 70 et cette grosse ancre vient salement déchirer le rail de fargue en alu de mon bateau. Aïeee ! « Quel con, mais quel con » me crie-je. Mais le positif reprend vite le dessus (il faut bien) : l’autre bateau n’a rien, j’aurais pu avoir la malchance que l’ancre s’enfonce dans le bordé (j’en frémis) et ça me servira de leçon à propos d’attention à la barre. Les boules quand même.

Autrement, c’est une navigation sans histoire : chenal de l’île à contre courant au près mais à 5nds. Arrivé dans le chenal de Cousse en direction d’Arcachon, il fait grand beau maintenant, le bassin est cerné de cumulonimbus impressionnants. Là, je me ravise et décide d’emprunter le chenal du Courant mais me retrouve à contre-courant, au près dans un vent extrêmement faible et variable en direction entre nord et nord-est. La trace GSM est cocasse : je dérape lamentablement jusqu’à ce que le vent finisse par adonner et monter de quelques nds. Résultat, je mets environs une heure de « combat » à rallier l’entrée du Courant distante d’à peine 400m de mon point de départ. Mais là, moi qui croyais le dévaler d’une traite au portant, je déchante : me revoici avec le vent dans le pif (et oui, il est passé plein sud) et, comme la marée est descendue entre temps, la dérive touche souvent. Pfff, c’est du boulot. Maintenant, le vent monte jusqu’à 25 à 30 nds. L’Iboga est franchement ardent dans son génois léger. Mais nous voici devant le port. Un coup de moteur et c’est l’accostage.

Déjeuner à bord avec Hélène et Chantal. Bien agréable moments. Café. Qu’il fait chaud à l’abris du port. Mais en hauteur, on entend le vent rugir : ça doit bouger dehors. C’est pourquoi, avant de quitter l’abris, j’échange la voile d’avant pour le foc. J’aurais aussi dû préparer le ris de la GV !

Arcachon-Claouey en 90 mn

En effet, dès ma sortie du port, je dois m’y atteler et, avec mon accastillage toujours aussi déficient, je dois m’y reprendre à 3 fois. A corriger avant les 18 heures d’Arcachon, la semaine prochaine. Enfin, toilé conformément aux circonstances, l’Iboga emprunte Mapoutchet, puis l’enfilade des habituels chenaux de l’Ile, d’Arès puis de Lège sans presque manoeuvrer. Que du bonheur de faire filer le bateau ses 6-7 nds dans ce vent chaud… Le trajet dure à peine 90 mn. La prise de corps mort à la voile est une partie de précision tant mon voisin est proche de ma bouée. Le principe, c’est de garder toujours un peu d’erre, au cas où on rate le premier passage, et puis il faut de la détente pour sauter de la barre, après avoir imprimé le dernier mouvement, jusqu’à l’étrave où, normalement, la gaffe doit être à poste pour crocher le bout de mouillage. Ce lundi, c’est fait sans contact. Ca suffit pour la journée.

Initialement publié à la main dans le vieux blog de l’Iboga