Nous avions laissé Balao et son équipage, en 1991, à Ajaccio…
« Après avoir visité une partie de l’île, nous repartons vers Propriano où, là aussi, nous aurons une place au port. Mais 2 jours après, nous mouillerons dans de petites criques pour échapper aux premiers scooters des mers.
Et si nous allions voir nos amis aux Baléares ?
Nous sommes début juillet. La météo est clémente ? C’est OK : nous continuons notre « pèlerinage ».
Puis, descente sur Bonifacio, avec son goulet, et préparatifs pour cette traversée tout en calculant sur le respect du poids : 20 l d’eau et toujours 2 l d’essence…
Dans la nuit nous nous déhalons de la côte, comme chaque fois à la voile, le moteur étant positionné à l’intérieur du bateau pour son assiette.
Toujours force 2-3. Navigation de rêve. Le bateau, de par sa dérive, est facile à équilibrer et donc nous ne barrons que très rarement. Nous apercevons des dauphins, cabotins, autour du bateau ; des mouettes nous accompagnent. C’est avec plaisir qu’on les retrouve, et avec regrets lorsqu’ils nous quittent…
Le deuxième jour, dans l’après midi, le vent commence à mollir puis tourne et, en fin de journée, c’est la « pétole ». La méditerranée devient « miroir ». Nous en profitons pour nous baigner.
Le lendemain, mêmes éléments : le calme entrecoupé du bruit des machines des cargos qui croisent pas très loin de notre coque de noix. C’est chaque fois notre spectacle. Nous établissons un taud avec la GV et attendons…
Banc de thons !
Au menu : lecture. La nuit s’avance doucement. Nous l’apprécierons après la chaleur de cette journée immobile. La journée suivante sera pleine d’émotions : toujours le calme plat… et, vers midi, un banc de thons vient se mettre à l’ombre de la coque ! Incroyable. A les toucher. Ils resteront là plusieurs heures… Par économie de poids, j’avais renoncé à prendre mon fusil harpon. Avec un harpon de fortune – une fourchette – j’ai bien réussi à toucher mais pas à remonter.
Cette situation météo commence à nous inquiéter aussi ; il faut rationner l’eau, nous prenons plusieurs bains afin de nous rafraîchir, pas un souffle, période étouffante.
En soirée, nous entendons le bruits de machine qui se rapproche, puis apercevons un point à l’horizon qui se présente droit sur nous. J’espère que ce cargo va dévier sa route… Ne voyant pas d’intention de changement de cap, je décide de remettre le moteur en place. Il faut faire très vite… la nourrice !!! brancher, pomper, pourvu qu’il démarre, le navire est bien sur notre axe, pas très loin… je lance une fois, 2, puis 3… repompe et notre 6CV démarre,ouf !!! A fond, par 90°, nous nous dégageons. Le monstre nous croise à moins de 150 m et j’aperçois à la passerelle, l’officier de quart qui me fait signe qu’il est désolé. Je ne pouvais lui répondre que par un bras d’honneur… La nuit fut comme les autres aussi calme.
C’est au matin du jour suivant que nous aurons une toute petite brise où, sous spi seul, nous glissons doucement mais avec quel plaisir et quelle joie : notre « Balao » est magnifique… Les mouettes qui nous accompagnaient, nous regardent nous éloigner.
Nous apercevons les lueurs de Minorque, puis le phare de Formentor et, en fin de soirée nous jetons l’ancre dans la petite baie de Porto Sóller où quelques pavillons français flottent. Nos position nous étaient données par relevés gonio, jamais de problème, évidement les Gps n’étaient pas très courant.
Rencontre à Sóller
Le lendemain le premier achat fut… un fusil harpon. Puis, retrouvailles amicales ; ensuite nous irons ancrer à la « cale à Déa » au pieds de la maison où Picasso venait en vacances, dont les tableaux sont peints directement sur les murs des différentes pièces. Un tableau du maître représente et s’appelle je crois « les rochers de Déa ».
Plusieurs ballades sur les hauteurs puis nous naviguerons de ria en ria ; et là, rencontre de mes anciens voisin de ponton à Capbreton sur un voilier alu DI de 11m. A l’époque, ils naviguaient sur un 7m et moi sur une grosse unité acier… Pour eux aussi Canal du Midi, mais sortie à Agde. Nous nous suivrons quelques jours puis nous décidons de rentrer sur Marseille.
Départ début d’après midi, force 3 bien établi. Au largue, le bateau marche très fort ; je n’ai ni loch ni speed. Et puis, le vent commence a fraîchir, la mer aussi, l’île disparaît derrière nous…En soirée, je prends la météo : ça se gâte devant nous : 6-7 pour la nuit… Nous faisons demi-tour et cap sur Formentor dont on aperçoit le phare. Il est temps de se dégager de cette zone : la mer monte de plus en plus.
Vers 1h du matin nous arrivons au pied du phare situé sur ces très hautes falaises, et pénétrons à l’abri derrière le cap, puis mouillons à l’estime. Le coin est très calme.
Le lendemain matin, un bruit de moteur, de chaîne, à proximité de nous : nous sommes samedi, le coin est très joli, dégagé de tous cotés. Je ne comprends pas comment on peut venir à une dizaine de mètres d’un autre bateau : il faut que j’insiste pour qu’ils puissent accepter de s’éloigner… Puis dans l’après midi c’est un joli sloop allemand qui viendra assez proche… Ils quitteront leur bateau en annexe laissant sur le pont le groupe électrogène tourner, certainement, pour trouver l’eau fraîche au frigo… à la nage je me permettrai d’aller l’éteindre…
Apres baignade et farniente, le lendemain suite à la météo, nous repartirons vers Marseille en nous faisant tirer par le radio phare du « platier ».
Traversée sans soucis. Deux mois se sont écoulés depuis notre départ.
Nous saluons la famille d’Olivia, après avoir profité d’une place clandestine au vieux port, et cap sur Agde. »
A suivre…