Des moments forts de voile et de bonheur que l’on oublie pas

Début juillet 2005, au détour d’un message de Michel, heureux possesseur d’un Jouët 680 à Loctudy :

(extrait) « Quant à Port-Manech, c’est là qu’était basé Gwenn ha Glaz quand je l’ai acheté et ramené jusqu’à Kérity avec l’ancien propriétaire et 2 amis. 10 heures de convoyage, par une journée superbe, une petite brise (10-15 noeuds) et le sentiment d’être à la fois sur « son » bateau, mais pas encore tout à fait :-))

Un des moments forts de voile et de bonheur que l’on oublie pas et auquel on repense souvent, quand on navigue aprés, en solitaire. Il y aurait d’ailleurs je pense beaucoup à dire sur ce sujet de la navigation en solitaire, faite à la fois de plaisir pur et de frustation de n’avoir personne avec qui partager ces moments de bonheur qui sont si difficile à faire « passer » aux autres au retour. »

Un témoignage qui « résonne » doublement sur ma propre expérience. Ma réponse :

« Je comprends particulièrement bien ce que vous voulez exprimer sur la navigation en solitaire, ayant moi même navigué solo 3 ou 4 ans avant de me retrouver en situation plus « sociale ». La difficulté de faire partager ça à ceux qui ne l’ont pas vécu est réelle. D’ailleurs, il est assez significatif que j’aie commencé mon livre de bord en ligne à partir du moment où j’ai navigué en équipage. Pour autant, je garde des sensations/souvenirs/sentiments d’une force inégalée de ces heures passées seul à la barre et toujours sollicité par le bateau, sans un instant de répit sauf à la cape ou au mouillage. Bien sûr, un plan d’eau plus étriqué que l’océan et la Bretagne sud, mais quand même assez technique avec ses chenaux, ses marées et ses thermiques… J’ai en tête une session de 7 heures pour parcourir la petite dizaine de miles qui séparent les passes du Bassin de l’estey de Madone, à Claouey au nord du Bassin : pétole, courant dans le nez… et pas de moteur à ce moment là. Je n’ai pas un moment lâché le morceau : envoi de spi, recherche de micro risées… J’ai fini par arriver à la nuit noire pour couronner l’expérience.

Pareil aussi le premier convoyage avec son bateau tout juste acheté. Un simple convoyage d’Arcachon à Claouey avec, à bord, mon oncle avec lequel j’avais toujours navigué (semaines de LR; Fasnet, convoyages…) et mon père (l’une des 2 fois où il est monté à bord). Quelle responsabilité, quelle fierté : pour la première fois, c’était moi le skipper !

Je pense qu’on ne peut pas savoir… non, je ne veux pas généraliser ; en ce qui me concerne, c’est à partir de cette expérience de skippage et aussi de navigations solitaire que j’ai développée pas mal de qualités d’anticipation, de gestion, d’analyse, de prise de décision, de sélection d’options, de plan B (voire de plan C)… tous ces « talents » indispensables pour mener un voilier, avec ou sans équipiers, d’un endroit à un autre, sans encombre et, si possible, avec plaisir.

Une école que je recommande sans hésiter. Pas besoin de bateau compliqué, rapide ou en kevlar. Un Jouët 680 est très bien pour ça, mais un Edel 2 ou un Brio, pour la moitié du prix font aussi bien l’affaire à mon sens. »