Rendez-vous à Arcachon dans un timing serré

La prise de tête : j’ai donné RV à Aurélien, arrivant de Paris, à 14:00 au port d’Arcachon ; nous en avons, je suppose, pour au moins 1 heure et demi ensemble (je vous raconterai peut être dans quelques temps ce qu’il vient faire à bord de l’Iboga) puis ; après, je dois ramener le bateau à Claouey puis rentrer à Bordeaux pour un rendez-vous à 19:00. Comme je n’ai pas la voiture (trop long à expliquer), je dois prendre le Citram qui passe à Claouey à 17:47. En fait, ce timing est impossible, je m’en rends bien compte. En effet, le parcours Arcachon-Claouey à marée descendante prend, dans les meilleures conditions, avec un vent de 15-20 nds pas trop nord-ouest, au moins une heure et demi ; or, aujourd’hui, le vent est totalement nord-ouest et souffle bien en dessous de 15 nds… Mais j’anticipe.

Le Bassin au petit matin

Hélène m’avait déposé à Claouey à 8:30 avant de partir travailler. Ce qui est absolument génial, c’est de prendre le bateau à l’heure à laquelle les parqueurs commencent à travailler, les seuls bateaux que l’on croise sont les plates de pécheurs qui posent leurs filets en écoutant la radio, le Bassin n’est pas ravagé de vagues d’étraves et nulle moto crotte japonaise ne souille cette paix calme et laborieuse. Le ciel est nuageux et le restera jusqu’en début de soirée. J’ai largement le temps devant moi, le courant dans le nez mais le vent bon plein à portant. Le bateau marche à 5 nds. Je le dirige le long des bords de chenaux, où le courant est moins fort, jusqu’au champs de mouillage de Piquey que je traverse, puis de l’autre côté du chenal, le long des parcs, jusqu’au Courbey, que j’emprunte pour accéder au Teychan ; traversée du Teychan jusqu’à la jetée de la Chapelle (là ou j’ai passé tant de jours d’été étant plus jeune) ; je longe les plages d’Arcachon en souffrant une fois de plus de voir ce front de mer martyrisé par les promoteurs avec la complicité des autorités locales successives. Bref…

Port d’Arcachon

Arrivé dans la rade d’Eyrac, je prépare l’accostage : sortir et placer pare-battages et aussières du côté qui portera, affaler et ferler le génois, démarrer le moteur et le laisser chauffer tandisque le GV est amenée et grossièrement ferlée aussi. Si tout va bien, quand tout est prêt, le bateau doit être rendu face à l’entrée du port. Ce jour là, il n’y a pas trop de monde qui entre ou sort : pas de vagues, pas de risques de contacts ; c’est plus facile pour manoeuvrer en solo. Autrement, il faut se préparer plus au large. Fut un temps où mon HB était HS et où je rentrais en solo sous voile. Maintenant, c’est le confort et davantage de sécurité pour le matériel… A l’intérieur du port, direction le ponton 11 où est amarré le bac à voiles « Pdt Pierre Mallet » auquel je ne crains pas d’accoster très délicatement avant de m’amarrer à couple (C’est toujours d’accord, hein, Jean, Jean-Louis… ?).

Il est à peine midi. Un peu de rangement et de nettoyage, lecture… entre 13:00 et 14:00 (ou, si vous préférez, « entre midi et deux », mais à partir d’une heure seulement), j’ai le privilège de recevoir Hélène qui vient partager un pique nique à bord. Heureux et original intermède.

Quand Aurélien arrive, au lieu de rester au port, me faisant rater mes engagements bordelais, je lui propose une traversée du Bassin compatible avec mon timing. Le temps de contrôler qu’il pourra prendre le train suivant et c’est parti pour Claouey.

C’est très tendu, le retour…

Il est 14:30, la marée baisse depuis 2 heures et le vent est bien léger… Traversée directe de la rade d’Eyrac, lente remontée du chenal de Cousse au bon plein à contre courant. Un très agréable moment à causer du bateau, du bassin, les tchanquées, les chenaux et autres sujets intéressants… Puis, entrée laborieuse dans le chenal de l’Île pour profiter du courant mais, là, le vent dans le nez, je calcule que : – on en a pour plus d’une heure à sortir dans le chenal d’Arès et, à ce train, je vais rater le Citram ; – il y a encore assez d’eau sur les terres pour couper direct vers Hautebelle. Hum, assez d’eau, juste assez alors : la dérive touche vite et, comme nous sommes au près, il faut démarrer le moteur pour nous déhaler face au vent et au courant. Le petit 4cv a bien du mal et je trouve le temps long en voyant les 60 cm d’eau qui nous permettent de flotter tout juste. Nous ne sommes pas loin de l’échouage ridicule et de 6 heures d’attente désastreuses. Il suffirait que le moteur tombe en panne là.

Rade de Claouey vue de l'arrêt Citram

Rade de Claouey vue de l’arrêt Citram

Car nous avons dépassé le point de non retour depuis longtemps. Je trouve le temps très long… Définitivement, 4cv, c’est pas assez pour un Jouët 680. Mais, finalement, nous nous retrouvons dans le chenal d’Arès. Un petit bord sous voile pour passer Hautebelle et puis c’est le retour du moteur car nous n’avons vraiment plus de temps à perdre. Pendant la remontée du chenal de Lège, rangement complet du bateau pour être prêt à débarquer aussitôt pris le corps-mort. Rendre le moteur à mon oncle Jacques (merci, Jacques) qui me l’avait prêté en remplacement provisoire du Mariner toujours chez le mécano que maintenant ça commence à bien faire… et, finalement, rallier à pieds le départ du Citram. Nous avons 20 mn d’avance. Parfait. Un peu de speed, mais ça finit bien. Il faudrait ne jamais se laisser dicter les horaires quand on prend un bateau. Tiens, par comparaison avec un avion Bordeaux-Paris, ça vous viendrait à l’idée de risquer de prendre un RV en fonction de l’heure d’arrivée hypothétique ? Non ? Et bien en bateau c’est pareil voire pire : non seulement on ne sait jamais à quelle heure on rentrera, mais on risque même de se mettre en danger sous prétexte d’horaires de retour « obligé ». (Lundi 23 juin)