Non ce n’était pas le radeau… Une belle découverte humaine au détours d’un mail amical

Pour le titre, j’hésitais avec les trompettes de la renommée, une autre chanson de Brassens, et puis la référence était trop diffuse. Oui : trompettes > Jéricho, la ville > Théodore Géricault, le peintre > le radeau de la Méduse > le banc d’Arguin > le banc d’Arguin. Comment quel rapport ? Et bien, vous n’êtes pas sans savoir que notre réserve naturelle, le banc de sable, là dans les passes du bassin, ben, oui, le banc d’Arguin, il porte ce nom en référence au banc d’Arguin, l’original, près des côtes du Sénégal, là où la frégate la Méduse s’échoue le 2 juillet 1816 par l’incompétence de son commandant, et à partir de quoi, des 150 passagers entassés sur un radeau, seulement 15 seront retrouvés plus morts que vifs après 13 jours de dérive. Si cette histoire vous intéresse, vous aurez tous les détails sur le site Histoire du Sénégal : le naufrage de La Méduse et le tableau de Géricault.

Oui, mais, le rapport ? J’arrive…

Ça commence par un mail de l’ami Noël Courtaigne1, qui relaie à ses correspondants nautiques préférés le message d’un certain Simon. Celui-ci, de passage au Ferret, cherche des embarquements à la voile pour découvrir les beaux endroits du bassin, et les photographier à partir de son cerf-volant. Ah, c’est intéressant. Un coup de google plus tard, je sais plein de choses sur Simon et Marion, notamment qu’ils habitent depuis 3 ans à Nouakchott, en Mauritanie, qu’elle a travaillé comme juriste pour la réserve naturelle du banc d’Arguin, qu’il est géographe et a développé une prestation de prises de vues aériennes par cerf volant pour le marché de l’environnement, le développement local… et qu’ils ont réalisé un très beau livre d’information et de photo — « Le banc d’Arguin en Mauritanie » —, les peuples des pêcheurs à la voile, les paysages, les traditions, la faune et la flore…

Un coup de téléphone, pour faire connaissance en vrai. Bon contact. Il est en effet au Ferret justqu’à la fin du mois avec Marion, Sarah et Maria-Antonia, je suis avec Emmanuelle, nous sommes dispo pour une sortie sur l’Iboga le lendemain samedi. Affaire conclue.

Nous voici donc au RV, à la cale du Phare. La marée monte pour 2 heures encore. Le ciel est chargé de nuages et la lumière un peu blafarde. Le vent soutenu sans être violent et les conditions réunies pour une petite sortie en direction de l’île.

Agréable navigation, en faisant connaissance. Nos équipiers connaissent la voile, c’est un plaisir de les laisser manœuvrer. Nous approchons au maximum de l’île, quartier nord. À l’ancre. Un essai d’anvoi du cerf volant. Mais pas si simple : le mécanisme de télécommande a souffert lors du dernier voyage, et il ne fonctionnera pas. De toutes façons, le vent mollit et peine maintenant à emporter la nacelle ; rembobinage d’urgence avant que l’appareil ne caresse la surface de l’eau !.

Le lancer de cerf volant photographique Tentative de prises de vue depuis un cerf volant, par Simon et Marion. En Mauritanie, ça marche très bien ;-)

Le lancer de cerf volant photographique
Tentative de prises de vue depuis un cerf volant, par Simon et Marion. En Mauritanie, ça marche très bien ;-)

Tandis que tout l’équipage descend à la découverte de l’île, je reste à bord pour assurer que le bateau sera toujours flottant au moment du retour, car le descendant est entamé et il ne s’agit pas de passer la nuit sur l’escoure de l’île… Prudent éloignement vers le chenal.

Et revoilà l’équipage. On s’approche. on embarque, on touche, on pousse, on descend et on pousse, puis on remonte et voilà : il y a assez d’eau pour nous échapper. Un coup de moteur pour rallier le chenal de l’île, envoi des voiles. Le silence du vent dans les voiles et du clapot contre la coque.

Ainsi jusqu’au Ferret. Toujours sous voiles, direction le mouillage. Mais à 10mn près, nous ratons le corps mort. Rien de grave, le bateau restera à l’ancre et nos nouveaux amis se feront un plaisir de venir tranquillement à la marée suivante pour l’amarrer convenablement.

Mais la marée justement n’est pas terminée et se poursuivra dans une très agréable villa familiale traditionnelle chargée d’histoires et de souvenirs au fort pouvoir d’évocation (cette odeur si caractéristique des villas ferret-capiennes un jour de pluie en été, cet accastillage d’optimist vintage qui traine sous un arbousier…)

Voici donc une très belle page des Chroniques de l’Iboga qui se tourne et très certainement que les En Haut seront amenés à revenir prochainement pour monter quelque opération de mise en valeur du patrimoine de la petite mer de Buch comme ils ont su le faire chez nos cousins mauritaniens.

Si vous voulez en savoir plus sur les réalisations et prestations de Simon et Marion avec leur structure En Haut, visitez leur site Web.

Complément du 22 août : un article sur Simon et nancy, par Yannick Delneste dans Sud Ouest


  1. Noël, érudit, entre autre du Bassin, offre généreusement sur l’internet sa formidable collection commentée de cartes postales sur le bassin d’autrefois