Samedi 8 et dimanche 9 juillet 2000 : 8e aux 18 heures d’Arcachon

Enfin j’ai réussi à inscrire l’Iboga aux 18 h d’Arcachon, depuis 5 ans que je voulais les faire. Nous avons traversé en fin de matinée, pour retrouver au ponton du port de plaisance la Chunga, aussi engagée dans la course, skippée par Herber (il est énervé, Herber : les bateaux à couple ont cassé une jambette de pavoi), et Magorn, le Rocca de Eric, et puis le Microsail de Fred (en plein bricolage jusqu’au dernier moment : ses galhaubans ont cassé ; il a juste le temps de démater, en faire sertir des neufs et remonter le tout) et, enfin, l’Edel 2 vert de Mathieu. L’Iboga sera manoeuvré par Stéphane, qui a bien mérité son embarquement (voir plus bas : carénage), Patrick (aussi caréneur, mais moins expérimenté) et Gérard, l’ami de lycée qui n’a jamais mis les pieds sur un voilier mais il connaît des blagues. L’armement de sécurité compte au moins 7 bouteilles de bon vin, de quoi ripailler à 12 et un lecteur de CD. Les 18 heures, habituellement, c’est une longue course, fatigante, avec au moins 4 h de calmes plats en fin de nuit, alors il faut prévoir.

Et bien justement, cette année, il n’y aura pas moins de 20 noeuds de vent, et jusqu’à 35 nds dans la matinée de dimanche ! Bon, à 18 h on rate un peu le départ (le moteur a calé dans le port, il a fallu sortir sous voiles au près, et avec ce monde !), mais la course sera assez longue, jusqu’à midi demain, pour se refaire. Et les tours se succèdent ; en moyenne 2h30 par tour : de Thiers à la bouée de la plage du phare, au près ; remontée sur la bouée de Bélisaire au largue ; long bord au portant sous spi jusqu’au CVA ; louvoiement jusqu’à la jetée Thiers pour le pointage, et ainsi de suite.

Au début, l’ambiance est au top : verres de pastis, vieux Blues à fond, réglages subtils, toasts de bateau à bateau… et, la nuit venant, le silence se fait, la concentration se renforce… La nuit sera vraiment éprouvante, avec une demi lune qui nous abandone en pleine obscurité vers 2 h. Les yeux rougissent de scruter les lumières vertes et rouges des autres concurrents, imaginer les bords du chenal, sentir la forme de la voile, retrouver le girophare orange des bouées de parcours… Entre 3 et 4 h, on passe vraiment près d’un bateau qui arrivait de face sous spi, après, notre spi s’enroule pendant un départ au lof qui veut nous envoyer dans les pignots du Grand Banc.

Au petit jour, très gris, les bords sous spi sont chacun plus difficiles avec le vent qui monte et les forces qui déclinent. J’ai même été au désepoir de prendre un ris dans la GV, vers 10 h. Vivement midi… Je m’endors littéralement à la barre. Et enfin c’est la fin. On est tout près du port, tant mieux. Retour au ponton, remise des cagnards au comité et, en attendant la proclamation des résultats, on range, on nettoie, on écope les 20 l d’eau qui ont jailli par le puit de dérive… et on mange enfin. Il y a plein de restes, et on a même pas bu tout le vin ! Après une rapide enquête auprès des bateaux que je sais conviviaux et festifs, il semble que nous ne sommes pas les seuls à avoir négligé les activités bachiques pour nous consacrer à notre survie. Le soir, un peu écoeuré par le vent et la pluie, je décide de trouver une voiture pour rentrer. Le bateau restera à Arcachon une semaine.

Les résultats seront plutôt gratifiants : 62,6 miles parcourus, 63e distance sur 133 bateaux classés, et 8e de la classe (sur 50) en distance compensée.

Bravo l’Iboga ! La prochaine fois on fera encore mieux.