Le Bassin et les passes d’Arcachon, par JM Bouchet

Article de Jean-Marie Bouchet, Directeur de recherche au CNRS, Ifremer Arcachon, paru dans la revue « Cols Bleus » n° 2392 du 19 avril 1997

Jean-Marie Bouchet, scientifique et véritable amoureux du Bassin, l’étudie, le décrit, l’explique et le fait aimer depuis 1966. Il est l’auteur de fameuses cartes thématiques du Bassin aussi explicites et instructives que belles. Dans cet article de Col Bleus, le magazine de la Marine nationale française, il décrit et explique les passes du Bassin, ses dangers et les naufrages les plus marquants de son histoire, mais aussi l’histoire de son balisage et des aides à la navigation.

Extraits

Le vent est tombé, le bassin est calme comme un lagon. Au large, la mer est belle, la météo excellente. Mais, la très longue houle générée par les dépressions de l’Atlantique nord-ouest arrive sur les fonds de trente mètres, tout près de la côte, puis sur ceux de vingt-cinq mètres. Brutalement, sur moins d’un demi- mille, elle bute sur cette immense dune sous-marine de l’entrée, qui se trouve à cinq mètres sous la surrface. Elle se cambre, casse, déferle, entraînant avec elle des centaines de tonnes de sables et de graviers, puis elle affronte les courants de jusant puissants qui sortent du bassin. Les passes sont alors fermées par un mur d’eau continu. Les déferlantes peuvent dépasser douze mètres de haut lors des tempêtes. Dans les creux, le fond est tout près, mais personne n’y est allé voir pour le dire. Nombreux ont talonné. Certains sont passés.

Un autre cas de figure peut se présenter : au large, règne une mer agitée, moutonneuse, un vent fort d’ouest souffle. Le bassin subit un méchant clapot. Pourtant les passes sont praticables, car la houle est tombée. C’est le paradoxe arcachonnais.

Passe sud et passe nord sont de tous temps les deux exutoires soit antagonistes, soit en alternance, selon un cycle d’ouverture et de fermeture de 70 à 80 ans. Cet ensemble mobile progresse lentement vers le sud depuis la nuit des temps. De 1708 à 1996, la passe sud a ainsi migré vers le sud de 11 kilomètres. En 1708,elle occupait la position de la passe nord actuelle en latitude et longitude. Son orientation du fait de sa dérive est rarement plein ouest. Son axe s’incline, atteint la côte du Pyla, son extrémité continue sa progression et finit par s’accoler à la côte à la latitude du «wharf» de la Salie, aujourd’hui comme en 1923 ; mais à ce moment, ou quelques années auparavant, la passe nord devient active. C’est actuellement le cas.

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