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Le Web ma changer*

Il faut connaitre ses limites pour les dépasser et ses défaut pour les corriger – s’efforcer de.
Un des trucs que je sais que je ne fais Pas Bien, c’est de tenter de paraitre pour plus intelligent que je ne suis.
Fausse modestie outrancière ?
Démonstration…

Comme tout un chacun, c’est à dire peut-être 1% de la population française en comptant les préados, ce qui n’est déjà pas mal, je me surprends à prendre un malin plaisir à exhiber – je veux dire à publier – mes petites histoires, mes pensées du matin, mes indignations de revue de Presse, mes éclats de rire, mes expériences humaines, techniques professionnelles et passionnelles et souvent les deux en même temps, la couleur de l’antifouling de mon bateau, comment j’ai paramétré ma fonera, etc.

C’est ainsi que j’édite :

  1. depuis 6 ans, les Chroniques de l’Iboga, entre 50 et 100 visiteurs/jour, la plupart, j’en suis sûr, par pur malentendu (voir ma récente note à ce propos)
  2. depuis 1 an, un blog plus généraliste, le e-Moleskine, dédié à tous les sujets qui ne traitent ni de bateau ni de Bassin d’Arcachon ; que j’écris et que vous lisez en ce moment (j’adore les paradoxes temporels !) ; 5 à 20 visiteurs/jour
  3. depuis je ne sais plus trop, un peu moins de 6 ans, mais remanié et développé l’hiver dernier cause recherche d’emploi, mon site CV & portrait ; 2 à 15 visiteurs/jour
  4. depuis 6 mois et moins, diverses fiches et profils sur divers sites censés mettre les gens en relation… combien de CV, combien de photos, combien d’expériences professionnelles… n’étant pas chez moi, aucune idée de leur fréquentation (à quand une gestion décentralisée de l’identité numérique qui évitera une telle débauche de doublons impossible à maintenir et permettra de garder le contrôle de ses données ?)

Et, de fait, ces exhibitions/publications m’ont valu – et je leur suis reconnaissant de l’intérêt qu’ils m’ont porté – quelques rencontres humaines de qualité. Rencontres fondées sur une communauté de regard sur le monde qui nous entoure, ou une commune passion pour des choses, lieux, pratiques qui me tiennent à coeur. Il n’y a de toutes façons aucune autre motivation que celle-ci à écrire à tous vents et ainsi exposer ses idées : rencontrer, partager, débattre…

Là ou je dérape, c’est que parmi ces rencontres il y a nombre de gens brillants, pertinents, importants, introduits, influents… tenez, par exemple… vous rigolez où quoi ? vous avez vraiment cru que j’allais citer des noms ?
Je reprends. Oui, toute cette blogosphère 2.0 collectivomunautaire, ces blogroll, ces mybloglog, ces myspace etc. On finit par avoir l’impression de se connaitre un peu, d’avoir Vraiment des choses en commun, ne serait-ce qu’une connivence. Ca n’est pas forcément faux. Je dirais que tout dépend des intentions réciproques.

L’autre paramètre, justement, c’est que, à la recherche de « nouvelles missions pour venir créer de la valeur par mon expérience et mon talent à résoudre les problèmes nouveaux et consolider ma carrière », je suis un peu en permanence en train de réfléchir à mon auto-promo ou, mieux, à faire en sorte que tous ces gens brillants talentueux et influents aient envie de buzzer « le produit fxbodin ». Mais pas du grossier linkbaiting, du scandale à bon compte. Peut-être ais-je torts et que comme disait (…) « en bien ou en mal, l’important c’est qu’on parle de moi. »

Nous voilà en plein coeur de la problématique.

A force de vouloir me faire : – connaitre – apprécier – consulter – recruter mais alors que sur des aspects subtils, complexes, élaborés… je me retrouve à faire sur le Web ce que je sais parfaitement que je suis ridicule quand je me laisse aller à le tenter dans la vraie vie : faire mon intéressant !

Pas de raison que cela fonctionne mieux en ligne qu’en « vrai ». N’est-ce pas ?

Alors, une morale et que cesse cet étalage d’états d’âme : simplicité, sincérité, identité… le Zen et l’art du e-perso-marketing ? perfection du geste désintéressé, abolir l’idée de réussir, laisser le but s’imposer à l’intention puis à l’acte… et être accompli.

Pffou. Je vais me reservir un thé, là.

note sur le titre : Je sais, je sais, n’est pas Ghislaine Marchal qui veut.