Ces dernières semaines, j’ai conçu et animé, avec mon partenaire organisme de formation bordelais Idewan, une formation pour l’un de ses clients : une agence publique qui aménage de grands sites urbains, construit des équipements structurants et participe aux plus grands projets de développement métropolitain.
Deux demi-journées. Quarante cadres et spécialistes métier. Une promesse volontairement sobre : « Tirer parti de l’intelligence artificielle pour améliorer son efficacité au travail ».
Ce que je retiens de cette expérience n’est pas tant la formation elle-même que ce qu’elle révèle, très concrètement, des attentes actuelles des cadres et dirigeants face à l’IA.
Et on est assez loin de la caricature.
Ce que le terrain montre, loin des discours sur l’IA
Ce que j’ai vu, ce sont des professionnels confrontés à des métiers contraints, exposés juridiquement, politiquement, parfois médiatiquement. Des gens qui produisent des notes, analysent des marchés publics, rédigent des arbitrages, préparent des décisions. Et qui se demandent comment intégrer l’IA dans tout ça sans faire n’importe quoi.

Premier enseignement : la demande porte sur le cadre, pas sur l’outil.
Les demandes parlent d’eux-mêmes : « opérationnalité », « champ des possibles », « prompts pertinents et sécurisés », « importance du filtre humain », « éviter les dangers de l’IA »…
Ce qui est attendu, ce n’est pas que l’IA pense à leur place, c’est qu’elle travaille correctement, sous contrôle, dans un périmètre explicite.
Deuxième point, plus sensible : la question du pilotage.
Quand les usages précèdent la gouvernance
Beaucoup de dirigeants ont déjà identifié le phénomène, parfois un peu tard : les usages existent. Ils se sont installés. De façon diffuse, individuelle, rarement documentée. Le shadow IT, version IA.
La réaction habituelle serait de serrer la vis. Mauvais calcul.
Ce que j’observe, c’est plutôt une posture inverse : reprendre la main sans casser l’élan. Outiller les équipes d’un cadre méthodique et sécurisant, embarquer les plus réfractaires, canaliser et valoriser les plus enthousiastes. Gouverner plutôt qu’interdire.
Et c’est là que l’IA cesse d’être un sujet « outils » pour devenir un vrai sujet de direction générale.
Comment gagner en qualité, en efficacité, en productivité, sans exposer l’organisation ? Comment passer de bricolages individuels à des assistants IA réellement utiles, spécialisés, traçables ? Comment envisager des automatismes — voire des agents IA — sans fantasmes technos ni prises de risques inacceptables ?

Sur la forme, les retours sont tout aussi éclairants.
La formation est jugée « très ludique », « dynamique », avec « de nombreux tests ». Un équilibre assumé entre présentation et mise en pratique. Et surtout une animation perçue comme « adaptée au public ».
Il nous tenait à cœur de ne pas prendre une posture d’évangélisation, pas de discours hors-sol, pas de fascination pour la techno. Juste de la méthode, des usages concrets, un regard critique.
C’est un positionnement que j’assume pleinement. Je travaille avec des cadres dirigeants, pas contre eux, et certainement pas à leur place.
Alors je pose la question : êtes-vous sûr que vous voulez ne rien faire ? Laisser les usages se structurer seuls ? Découvrir dans quelques mois que vos équipes ont pris de l’avance… sans cadre, sans méthode, sans filet ?
Avec BXF Conseil, j’interviens sur ces sujets comme conseil et architecte d’usages numériques au service des directions générales. J’accompagne des organisations privées, publiques et parapubliques dans la structuration de leurs usages, la montée en compétence des cadres dirigeants, et la mise en place de dispositifs réellement maîtrisés. BXF Conseil s’appuie, lorsque c’est pertinent, sur un écosystème de partenaires formation certifiés capables de prendre le relais opérationnel et pédagogique, y compris auprès de clients exigeants, à forts enjeux organisationnels et réglementaires.
La formation n’est alors plus une fin en soi, mais un levier parmi d’autres au service d’un pilotage éclairé. Reste à décider si vous préférez subir ces transformations… ou les organiser.