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Dimanche 5 août 2001 : ludique

Grande conversation
entre Ludo et "le Fol"
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Habituellement
compagnon de jeux de cartes et de tours de magie, Ludo nous fait l'honneur
de sa présence en ce premier dimanche d'août. Ludo, il rentre
d'un mois de vacances, de surf et d'émotions à Bali, autant
dire que l'enjeu est de taille. A bord : outre cet équipier déphasé
mais toujours élégant (n'a-t-il pas embarqué une
somptueuse bouteille de sucre de canne à la vanille pour édulcorer
le ti-punch ?), mes filles et Patrick.
Belle halte au banc de la Vigne sur la fin du montant. Pique-nique. Baignade.
Thierry a aussi échoué son Flight Dream sur le banc. Quand
celui-ci est recouvert, départ sous voiles vers le retour, à
contre courant. Il y a assez d'eau pour couper par le Four plutôt
que de faire le tour via Hautebelle, la route habituelle.
Une dernière halte sur la dune perdue pour la baignade dans 1,20
m d'eau tiède, puis le dernier bord à la plage de Claouey
puis au corps mort. La dernière étape, certes ne relève
pas de ce livre de bord mais mérite le détour : quelques
assiettes de tapas dans l'excellent établissement de Paulo, le
"44".
Dimanche 12 août 2001 : mieux que l'UCPA !
Ce WE, Valérie
est descendue exprès de Paris pour faire un tour sur l'Iboga. Un
véritable début de journée de vacancier : petit tour
du marché de La Teste, en fin de matinée, avec l'inévitable
et essentiel café, à la terasse du café d'Eric, pour
prendre les véritables nouvelles (pas celles que l'on lit dans
Sud-Ouest ; par exemple : qui a relaté la disparition du safran
de Denis alors qu'il était mouillé dans le delta de la Leyre
dimanche 5 août ?) ; l'avitaillement fait, on prend le chemin
vers Claouey par la route. A bord de la Volvo : Valérie, Partick
et l'excellent David, qui ont lié destin avec l'Iboga pour la journée.
Le vent est régulier - ouest-sud ouest 15 à 20 nds. Le soleil
est au rendez-vous. Il reste 2 h de descendant. Route au sud, évidemment.
Une belle surprise en passant au Canon : le départ de la régate
de pinasses à voile ; 12 voiles qui se lèvent en même
temps, l'accélération spectaculaire des meilleures embarcations,
le chavirage définitif (on ne renfloue pas une pinasse remplie
d'eau : on la traîne jusqu'à la plage) de celle qui avait
gagné le dimanche précédent au Mouleau ; les premières
options de parcours pour tirer parti du courant et du vent, le balet des
autres bateaux en bois : monotypes CVA, bacs à voile, chaloupes...
On est vraiment gâté.
La descente du chenal d'Arès et du Piquey en déjeunant.
Pas de vin à bord ; certains foies ont besoin de repos ;
juste un ou 2 apéros au pastis... A l'heure de la renverse, les
passes sont encore loin. Aucune importance, une ébauche de banc
de sable nous sourit au large du Pyla. L'Iboga, dérive haute au
vent arrière, vient y planter son étrave pour une belle
partie de baignade dans une eau limpide et sous le soleil en buvant du
café moulu de frais.
Les vagues des bateaux à moteur rentrant du banc d'Arguin (le "rail
d'Arcachon") rendent le mouillage très chahuté et finissent
par nous convaincre qu'il faut reprendre la mer.
Le vent a un peu forci. Réduction de voile d'avant en prévision
des bords de près au vent debout. Et navigation le long du front
de mer d'Arcachon. Exceptionnellement, au lieu de nous lamenter sur le
carnage esthétique de l'outrecuidance immobilière qui a
défiguré, ces 20 dernières années, ce qui
était une station balnéaire de charme (tiens, un sujet de
"coup de gueule"), nous régalons nos yeux des quelques
villas qui ont résisté, vestiges évocateurs de la
belle époque.
A Eyrac, débarquement de Patrick et David, directement sur la plage
en évitant les baigneurs. Puis direction au nord : Mapoutchet
au bon plein, chenal de l'Ile au près (nombreux virements lof pour
lof - le foc n°1 est appréciable), chenal d'Arès au
largue et chenal de Lège au près serré entre les
bateaux, pour changer. Tout le trajet, Valérie a tenu la barre
avec instinct puis compétence. La prochaine fois, en cata de croisière
aux antilles, elle devrait pouvoir faire plus que les fois précédentes !
Le
programme disait :
>Dimanche : remise à neuf des poumons sur le Bassin - tour
de l'Ile
>aux oiseaux - baignade...
Programme tenu.
Mercredi 15 août 2001 : tour des hauts sous orage
J'ai fait
de la voile seul ce mercredi des fêtes de
la mer, entre pétole sous soleil de plomb et rafales sous grains
orageux. Je n'en menais pas large sous les éclairs ! Au loin, Arcachon
sous de violentes averses... Un joli tour dans les hauts du Bassin, à
part ça : traversée, au moteur puis voile, des "argiles"
jusqu'au chenal de l'Ile ; remontée sous spi (pour essayer mes
nouveaux bras de spi en spectra et poulies de renvoi Harken, récup'
du Melges de Vincent) jusqu'au large d'Andernos par Girouasse, puis Moutchalette
; vers Lorbègue, rentré le spinaker (devenu intenable avec
les sautes de vent et passage au nord-nord ouest), cap au 330 vers Arès
via la belle plage aux cygnes de Sant-Brice, barre amarée, le bateau
se gouverne seul ; fuite devant l'orage et gestion de la dérive
qui a tendance à toucher souvent sur les hauts-fonds : la marée
a commencé à descendre ; l'orage ratrape l'Iboga au large
d'Arès. Je capelle le ciré et fais cap sur Jane de Boy,
au nord de Claouey. Puis, de retour au corps mort, rangement du bateau
et sieste en attendant que la pluie cesse.
Dimanche 2 septembre 2001 : Bernet
Julie, Alice,
Marie, Marcelo, Patrick. Spi entre Claouey et Grand-Piquey. Basse mer
et début du montant au banc de Bernet, pique-nique, café,
baignade, sieste. Teychan , Mapoutchet, traversé de la matte jusqu'à
Hautebelle (plus rapide que de remonter le chenal de l'île à
contre courant en tirant de nombreux bords ; mais nécessite une
marée assez haute). arrivée en pleine régate de pinasses
des Festivoiles de Claouey. Arrivée à la plage. Montage
du nouveau safran.
Dimanche 21 octobre 2001 : Rater un train sur le Bassin ?
Sept semaines
sans naviguer sur l'Iboga ! Le nouveau safran jamais essayé...
Frustré du week-end précédent, qui n'avait jamais
vu se réaliser l'Avis de Tempête à cause duquel j'avais
renoncé à voiler. Météo prise de la veille
: fin des précipitations à partir de 12:00, arrivée
du soleil dans le courant de l'après-midi et vents force 6 secteur
sud-ouest au large, allant en faiblissant. Aujourd'hui, le skipper prend
ses responsabilités en décidant de sortir quand-même.
A part un vent fort (29 nds), les critères d'une excellente sortie
sont réunis avec, à bord : Alice, Julie, Béné,
Nathalie (c'est pour elle, le train de 20:45 à ne pas rater) et
Hélène. La basse mer étant à 15:13, le départ
est donné à 12:30 de la cale de Claouey pour une virée
mouvementée.
Rodéo Lofs
La compétence de l'équipage n'ayant d'égale que l'extraordinaire
confiance du skipper, les voiles sont finalement en place (foc n°
1 et GV entière blindée) grâce à l'énergie
de Béné et de Julie. Je barre. Il faut reconnaître
que c'est pour le moins... technique. Que le bateau va vite au travers
avec le courant ! Chenal d'Arès : face aux 29 nds de vent, dans
un flux descendant, je n'ai jamais vu de vagues aussi grosse si haut dans
le bassin ! Série de virements lof pour lof jusqu'à Graouères.
Première option : faire le tour de l'île par l'est, de sorte
de conserver du travers-portant ; nous ne sommes pas ici pour souffrir,
non plus.
Le Chenal de l'île au grand largue, plus confortable pour l'équipage
que la session de près dont nous sortons, est un véritable
rodéo ponctué de départs au lof sauvages ; Il faudrait
réduire la GV d'1 voire 2 ris mais, dans cet étroit chenal,
comment se mettre bout au vent pour la manoeuvre ? J'espère être
plus abrité dans Mapoutchette, sur la descente vers Arcachon, pour
réduire. En attendant je "gère" l'excès
de toile et ses conséquences agitées ainsi que le moral
de l'équipage... enfin, je gère plus ou moins. Car au sortir
du chenal, le bateau refuse toute autre allure que le près - impossible
d'abattre d'un degré - et me voilà contraint de subir plus
que capable de gouverner. Ca craint. Bon, dans le Bassin, il ne peut rien
nous arriver de plus grave que d'échouer quelque part. Justement,
"au sortir du chenal" n'était pas la sortie du chenal,
mais l'avant-dernière balise. Il faut remonter la dérive
: le bateau navigue maintenant sur quelques centimètres d'eau des
hauts de l'île. Jusqu'à plus d'eau. Le bateau s'est installé
sur un parc à huîtres désaffecté.
3 heures sur un parc
Quelques tentatives pour déséchouer plus tard - moteur arrière
toute, plus perche (qui s'enfonce inéluctablement dans la vase),
le skipper annonce à son équipage que, finalement, à
force de "gérer", il a résolu d'attendre en ce
lieu hospitalier la remontée des eaux prévue 3 heures plus
tard. Rien de grave : nous aurons de la pitance à volonté
avec les huîtres sauvages qui prolifèrent sous le bateau,
le paysage est magnifique avec les Tchanquées en contre jour et
le port de l'île en perspective, le soleil s'impose, le bateau ne
bouge plus et, surtout, Nathalie ne ratera pas son train, eu-égards
aux prévisions réalistes de retour que l'on peut faire en
ces circonstances.
Et, de fait, ces 3 heures seront exquises, avec le pique nique autour
du carré (beaucoup trop de vent à l'extérieur), le
café chaud fabriqué à bord (mon luxe), le ramassage,
le désatroquage et l'ouverture d'huître aux formes improbables,
les soins aux multiples coupures des doigts consécutives, la chasse
aux crabes, les échanges de souvenirs et de pensées et l'attente
contemplative de la marée montante. Bientôt, il va falloir
quitter ce havre, puisque le train n'attendra pas et que l'eau est là,
sous le bateau. Cette fois enfin, le skipper assure en préparant
un gréement minimum pour le retour, car le vent est très
peu tombé, il faut le reconnaître (seule réelle imprécision
des prévisions météo à 12 heures).
"t'inquiète : je maîtrise :-)"
Le retour est comparativement très calme, au bon plein jusqu'à
Graouères, au grand largue jusqu'à Hautebelle puis au travers
jusqu'à Madonne. Il s'agit de montrer que le skipper maîtrise
quand même, aussi, le retour à la plage se fera sous voile
; une très belle manoeuvre en vérité. Normalement.
Car un manque à virer (il y a encore pas mal d'embarcations au
corps-morts dans l'estey) propulse l'Iboga sur la mate au sud de l'estey
de Madone. Echoué ! Pas grave, la marée monte. Et, comme
l'héroïsme a ses limites, Mariner, le fidèle hors-bord
devra finalement nous sortir de ce dernier mauvais pas. Las ! Il n'y a
plus une goutte d'essence dans la nourrice ! Eh non, l'héroïsme
n'a pas de limite. Surtout quand il vient compenser une évidente
impréparation cumulative. C'est donc en maillot de bain, enfoncé
dans la vase jusqu'aux cuisses que je pousse le bateau jusqu'à
l'eau avant que de m'y hisser sous les yeux assez inquiets ("t'inquiète
: je maîtrise :-)") de l'équipière d'avant. C'est
la dernière acrobatie de la journée.
L'arrivée à la plage est vraiment une belle manoeuvre que
je suis fier d'avoir offerte à mes équipières du
jour. Il n'y a plus qu'à débarquer équipage et bagages
avant que de ramener l'Iboga à son corps-mort, au vent arrière
sous voiles. Tiens ? J'ai perdu la gaffe dans la bagarre... Elle n'aura
pas duré longtemps celle là. En guise d'épilogue
: il reste à ce moment là largement assez de temps pour
amener Nathalie à son train de Bordeaux.
J'ai appris que certaines équipières souffraient de courbatures
le lendemain. Moi aussi. Qui a dit que ce n'est pas du sport de naviguer
en croiseur sur le Bassin ?
Epilogue : il parraît que la train de Paris est parti à l'heure,
ce soir-là. Sans Nathalie, retenue par un apéro à
Andernos, puis par la sortie du stade de Bx... Alors ça, c'est
pas ma faute !!!
Samedi 27 octobre 2001 : heure d'hiver
Il semble qu'Hélène n'a pas été écoeurée
par l'Iboga dimanche dernier puisque en ce beau samedi de fin de saison,
elle a renoncé à une promenade à bicyclette dans
les Graves en contrepartie d'une après-midi sur l'eau.
Rien à voir avec la dernière fois : le vent est stable sud-est
6 nds, faiblissant ; davantage de soleil que de nuages. Départ
vers 16:00, à marée haute avec le courant descendant, au
largue, on a l'impression de ne pas avancer et pourtant on fait de la
route. Passé Grand Piquey, route du retour pour ne pas arriver
après la nuit. Au près bon plein, contre le courant :
on a l'impression de bien marcher si on regarde l'eau glisser le long
de la coque. Il ne faut surtout pas prendre de point de repère
- bouée, pignots... - sinon la vérité saute aux yeux
: l'Iboga marche à peine mieux qu'un bateau au corps-mort !
Il finit par faire plutôt froid. C'est pourquoi, rendu dans le chenal
de Lège, je décide de finir d'un coup de moteur (nous avons
fait du carburant avant de partir) ; mais en vain : 479 coups de lanceurs,
le coeur à 270 pulsations/mn et un aérosol de "start
pilot" plus tard, force était de se rendre à l'évidence
: le retour se ferait à l'ancienne, sous voiles... et au ralenti
contre le courant. Heureusement qu'il restait un peu de vent. Et ce n'est
pas avant l'embrasement du coucher de soleil, finalement, que s'achevait
cette belle après-midi régénérante.
Dernier jour à l'heure d'été. Demain à la
même heure, il fera grand nuit. C'est toujours ça de gagné
sur le destin.

Vue du Bassin depuis le Canon - photo : Chantal
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