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Le naufrage du 19 novembre 1996

À Monsieur mon assureur

Bordeaux, le 20 novembre 1996

Monsieur,
ainsi que nous venons d'en discuter, je vous confirme par la présente le sinistre, survenu probablement entre 9 h 00 et 16 h 00 (selon horaire des marées)hier mardi 19 novembre, qu'a subi mon bateau Jouët 680 IBOGA.

Selon les apparences, celui-ci a rompu son amarre au cours du fort coup de vent qui sévit encore, alors qu'il était mouillé à son corps-mort habituel, côté sud de l'estey de la Madonne à son "port d'attache" Claouey.

Le bateau m'a été signalé à Arès, drossé à la digue de terre qui sépare un réservoir du Bassin (camp de vacances à gauche de la vieille tour d'Arès). Rendu sur leslieux sans délais (à 20 h 00), j'ai constaté les dommages apparents suivants :
- arrachage du davier sur ferrure d'étrave ;
- arrachage, par ragage de la chaîne, d'une section de rail de fargue bâbord avant ;
- déterioration de la liaison coque-pont à cet endroit ;
- housse de bôme disparue et grand-voile déferlée battant au vent ;
- fort ragage des arbustes de la digue, à tribord, contre la coque et les chandeliers.

J'ai pris les mesures conservatoires suivantes :
- frappé le mouillage, en plus du reliquat de chaîne de corps-mort lesté d'un essieu de chariot ostréicole ;
- enlevé le moteur hors-bord ;
- enlevé le safran et le gouvernail ;
- ôté de dessous les plus grosses pierres et parpaings risquant d'endommager la coque.

Sur vos conseils j'ai mandaté l’Expert pour prendre les mesures nécessaires.

Le chantier naval a été contacté par l’Expert ; il apparaît que les conditions de météo ne permettront pas de remorquer le bateau avant jeudi ou vendredi.
L’Expert me recommande de retirer l'équipement de sécurité qui s'y trouve encore. Ce que je ferai à basse mer cet après-midi.

Je demeure à votre disposition pour tout complément d'information en ma possession et suis dans l'attente de la suite des démarches d'indemnisation des dommages et dépenses liées.

Je vous prie, Monsieur, d'agréer mes meilleures salutations.



Le point du lendemain

À Monsieur mon assureur

Bordeaux, le 21 novembre 1996

Monsieur,

Je me suis rendu sur le lieu d'échouage de l'IBOGA hier après-midi pour le vider de son équipement et suis en mesure d'apporter les informations suivantes sur l'état du bateau.

La pleine mer et le vent passé au Nord ont permis au bateau de s'écarter d'une dizaine de mètres du talus de la digue contre laquelle il s'appuyait mardi ; l'ancre n'a pas dérapé mais l'aussière présente une légère usure au point de ragage contre la ferrure d'étrave ; la GV a été récupérée par l’Expert dans la journée.
J'ai constaté une déterioration importante du gel coat en divers endroits des œuvres mortes et une usure de l'antifoulling là où il a frotté sur les briques et les parpaings (il faudra vérifier aussi le gel coat des œuvres vives et l'état des lèvres de dérive). J'ai également constaté la destruction de la poulie basse de palan d'écoute de GV (taquet coinceur). Enfin, un chandelier est tordu.

J'ai écarté le mouillage plus au large, augmenté la touée et repositionné l'ensemble pour un tirage plus dans l'axe du bateau (je vous rappelle qu'il n'y a plus de davier). Enfin, j'ai donc vidé totalement le bateau, cabine et coffre arrière.

Espérant ainsi contribuer à minimiser les dommages, je demeure à votre disposition
et vous prie, Monsieur, d'agréer mes meilleures salutations.


Epilogue du naufrage :

Finalement le chantier a pu remorquer l'Iboga 3 jours plus tards ; il a préparé un devis "optimal" que l'Expert s'est empressé de ravaler au strict nécessaire. En gros il y en avait pour 14 000 F (dont 3600 F à ma charge) avec :
- remorquage et sortie de l'eau jusqu'au chantier
- changement d'un rail de fargue
- soudage du davier inox
- un peu de tissus et de résine
- révision de la grand-voile

Rien de grave en définitive, et en plus le bateau a passé l'hiver au sec.