Entre bancs et esteys

régate typique arcachonnaise : à l’ancre face au courantAiguillonné par les succès régatiers de la saison 2006 et, histoire de me mettre un peu la pression, j’avais prévu de longue date d’engager l’Iboga à la « balade entre bancs et esteys », course organisée par le Cercle de la Voile d’Arcachon, ce samedi 7 avril.

Brieffing organisé à 10:00 au CVA pour un RV sur la ligne devant Thiers, à 11:00. Des horaires bien pratiques si l’on a son bateau à Arcachon…

Comme l’Iboga est basé au Ferret, il faut un peu anticiper : une bonne heure de route de puis Bordeaux, départ de la plage, à la pleine mer de 08:40. A bord : moi. Le reste de l’équipage – Mathieu, Béa et Hélène – me rejoindra au port. Epais brouillard sur le pourtour du Bassin ; dissipation partielle à l’heure où je pars, paysage superbe, évidemment. Pétole blanche. Marée descendante. C’est au moteur que je rallie Arcachon. Arrivée au ponton du CVA à 10:30. J’ai pu mandater Mathieu pour effectuer les formalités d’inscription. Préparation du jeu de voiles, les écoutes de spi, le cagnard de course n° 19… accueil des 2 équipières un peu retardées par les embouteillages et la préparation des sandwiches…

Sur les trace de Dino Buzzati

les camarades de jeuEt c’est toujours dans la même pétole blanche, sous un soleil agréable, tombent les polaires… que l’Iboga se joint à la flotte qui rejoint la ligne pour… une longue attente. D’abord, au moteur, face au courant, près d’une heure, puis à l’ancre, quand on en accepte l’idée (c’est qu’il faudra la remonter après). Qu’attendons-nous ? Le vent, seulement. Sympa l’ambiance, entre les bateaux. Entre Jeficau et l’Iboga transitent d’amicaux gobelets de pastis ; échanges de nouvelles avec les camarades jouëtistes, les bacs à voile et les autres… pique-nique sur le pouce… préparation psychologique allongé dans le cockpit… et, c’est peu avant la renverse (vers 14:15) que le vent se manifeste.

Un départ assez confus ; sûrement que les régatiers ne sont pas encore rôdés en ce début de saison, à une procédure un peu… spécifique… mais quand finalement c’est le moment de traverser la ligne et de s’élancer vers Péreire, par dessus le vacarme des voiles fasseyantes, quelques cris, cracs et crunchs signalent accrochages redoutés, prévenus ou avérés. Il y a des filières qui souffrent, chandeliers qui plient, des rails de fargue qui dévient et peut-être même de la fibre éventrée… et, encore des cris. Mais, ces avanies ne nous concernent pas et, dès que nous arrivons à toucher un peu d’air propre, c’est bien parti au près, pour ce parcours.

Ya de la résine dans l’air

La première marque de parcours à contourner et mouillée au large de ce qui était autrefois le bois de Bernet. Là, un incident relationnel se produit entre l’Iboga et un Béluga dont le barreur a décidé par intimidation de se frayer un passage et exige que je vire de bord pour lui permettre de manoeuvrer. Un trait de caractère : on ne me parle pas comme cela si on souhaite obtenir mon consentement. C’est ce que je tente de faire comprendre au braillard. La bouée est passé, l’Iboga avant et dedans, les deux bateaux au près, bord à bord, à la même vitesse (pas trop grande). Et l’autre, de donner un coup de barre volontairement, à venir choquer son étrave contre mon bordé !!! Echange d’injures, puis, pour en pas rester plus longtemps dans le voisinage de ce type (et aussi parce que c’est la logique du parcours) je finis par décider moi-même que c’est le moment de virer de bord.

Manque pas d’air

Il n’y a pas d’autre épisode aussi intéressant le reste du parcours. La bouée 14 (rouge) est passé et nous permet d’envoyer le spi. Long bord vent arrière sous spi, courant portant, avec 1 empannage vers Thiers. Nous suivons de loin Jefficau, mais sans parvenir à remonter sur lui. Derrière, Galip, et l’autre Jouët en course, Maloe IV. Passage de la bouée du Teychan, d’ailleurs, peu derrière le Béluga de tout à l’heure qui est en train de contrarier un autre concurrent avec ses manoeuvres terroristes, ce qui nous fait penser que le type est coutumier de la méthode. Affalage du spi et envoi du génois léger pour une remontée lof pour lof contre le courant, jusqu’à passer la balise de la pointe du Tès. Une section qui sera marquée par une régate contre Galip. Galip que nous voyons finement se glisser entre le banc du Tès et les parcs à huîtres et ainsi gagner, au prix de nombreux virements, une précieuse distance. C’est ainsi que, après avoir par 2 fois touché de la dérive le banc de sable (satanée dérive qui manoeuvre mal…), l’Iboga finit par passer la ligne devant le CVA.

Un dernier tour au fond du port pour débarquer mon équipage.

Le soir même, conversation avec Jef (de Jefficau) : en fait, le parcours était réduit la régate s’achevait à la fin du bord de spi ! Nous serions donc finalement devant le Galip de Patrick Lucas (celui qui est passé derrière le banc, à la fin ; pardon : après la fin !) donc 2e Jouët 680 de la course.

Iboga : 2e des Jouët 680 !

Le classement des Jouët 680 engagés, sur 34 inscrits dans le groupe croiseurs : Jefficaud 10e, Iboga 18e, Galip 19e et Maloe IV, 26e. Grand bravo à Jefficau, avantagé, il est vrai par sa superbe peinture de coque neuve et sa nouvelle dérive. Le reste du classement sur le site du CVA.

Mais la journée n’est pas finie : je dois maintenant ramener le bateau au Ferret. Le vent a pas mal forci.

La route du retour est plaisante : un bon 4 bft soutenu, orienté Nord-nord-ouest, un peu frais, mais efficace. En sortant du port, un bord de près, en travers du chenal et ensuite, cap sur le phare, d’abord au près puis de plus en plus débridé. Face au courant, donc pas très vite, il faut 1 heure pour atteindre Péreire, puis travers au courant en traversant de Bernet au Ferret, 1/2 heure seulement pour la même distance. Arrivant au largue je m’offre un atterrissage sous voiles. C’est une heure et demie avant la PM, à peu près, assez d’eau pour aller à la plage, tranquillement ferler les voiles, ranger un peu, déposer mon sac à la voiture puis d’un coup de moteur aller au mouillage.

Presque 12 h sur l’eau pour moi ; une super journée d’avant saison.