Iboga aux 16 heures d’Arcachon 2007

J’en entends d’ici des qui interloquent : mais… pourquoi il dit « 16 heures » ? Euh, c’est « les 18 heures d’Arcachon », non ?

On se calme… j’explique :

Patrice à la barre, fx à l'écoute de spi - Photo : Benoît Chochon

Patrice à la barre, fx à l’écoute de spi
Photo : Benoît Chochon

En fait, l’Iboga n’a couru que 16 heures car j’ai choisi de « décrocher » à 09:00. Décrocher, oui, je veux dire « lever l’ancre qui nous empêchait de reculer devant le Ferret depuis 7 heure du matin », privilégiant le confort de la journée à venir à un hypothétique gain de quelques miles supplémentaires. Pour être clair, je suis allé prendre mon corps mort tant qu’il était encore en eau plutôt que de rester jusqu’à la fin en course et alors obligé d’attendre le soir pour ranger le bateau. Bon, tant mieux pour le reste de la flotte : le vent s’est levé entre 10:00 et 11:00, lui permettant effectivement de grignoter quelques miles supplémentaires.

A part cette looongue session à l’ancre dans le dernier tour, à part aussi une plus brève session à l’ancre dans le 2e tour, nous avons eu assez de vent pour prendre un réel plaisir à naviguer et à faire marcher l’Iboga.

Noter le comportement parfait de la nouvelle GV semi latée « Bordeaux Voiles« , dont c’est la 3e sortie. Démonstration que sur ces dériveurs intégraux, la forme de la GV est primordiale pour la marche du bateau.

Autrement, nous n’avons pas eu d’épisode de pure régate, ni sur un bord, contre quelque concurrent direct du Jouët 680 (Gib Sea 68, Blue Djin, Sun 2000…), ni de passage de bouée trop scabreux. Ah, si, précisément sur le 2e tour, qui devait être le 3e de Cuty Tou, dans un vent très mou et un courant fort rude, nous avons obligé ce champion à arrondir un peu plus la bouée ; nous n’avions surtout pas le choix (mais la priorité, si, alors…)

Allez, après avoir développé la fin et éludé le corps de la croisière, je saute aux résultats (classement réel uniquement) :

144 inscrits 129 classés dont, seulement, 3 Jouët 680 :

  1. 1er Desperado, 89e, 46,80 miles
  2. 2e Iboga, 96e, 44,35 miles
  3. 3e Drop VIII, 100e, 40,45 miles et une moyenne d’âge à bord de 74 ans !

Parmi les autres vrais concurrents,

devant : le Gib Sea 68 Toutoune, avec une belle avance de près de 10 miles (soit plus d’un tour d’avance !), un Blue Djin, le Flight Dream, 2 Sun 2000 (presque ex aequo avec le 1er 680)

derrière : 3 Gib Sea, 4 Blue Djin, 1 Sun 2000

J’avais aussi été gentiment « chauffé », sur le blog de l’Iboga, par un futur concurrent en Start 6 ; dans mon esprit, ce bateau se classe en général bien devant le 680 et, de fait, il y en a 1 bien devant à + 10 miles, et un autre bien derrière (qui a dû s’endormir à l’ancre quelque part)

Voilà pour l’analyse « sportive ».

Autrement, quelques épisodes marquant :

Le convoyage du matin : Bordeaux, à 08:00 j’étais sur la route du Ferret que j’atteignais à 09:00. La marée descendante, je devais quitter le mouillage avant 09:30. J’ai ainsi pu préparer le bateau, et en compagnie de mon équipier Benoît, partir sous voile en direction d’Arcachon : traversée du chenal de Piquey au près, puis, rendu dans le Teychan, face à un fort courant (coefficient 69), au niveau de la jetée de la Chapelle, décision de finir au moteur pour arriver assez vite au port afin de garder du temps pour les travaux nécessaires avant la course : formalités d’engagement du bateau, bricolages indispensables et avitaillement.

Cap sur le ciel !

Cap sur le ciel !

Les préparatifs : l’avitaillement sera finalement assuré par l’autre équipier : Patrice, qui ralliera le bateau à 15:30 chargé de victuailles et de breuvages euphorisant. Entre temps, après l’inscription (70 € + les licences !!!), après une pizza/bière sur le pouce et sous le soleil radieux de ce samedi, après un passage chez le Père Noël (la coopérative maritime, mais comme c’est pas Noël, on touche avec les yeux !), quelques interventions indispensables :

  1. révision générale et amélioration du palan de dérive ; oh, bonheur d’une dérive qui obéit de nouveau à la descente comme à la remontée…
  2. remplacement de la drisse de spi (moyennant une intervention aux 7/8e du mat)
  3. échange de l’écoute de GV
  4. remplacement de la drisse de palan de pataras

Départ des 18 heures d’Arcachon vus de l’observatoire – Photo prise par Jean Saint Martin et publiée ici avec son aimable autorisation. Un grand merci à lui.

Le départ : le coup de feu a été tiré vers 17:00 ; nous étions un peu en arrière de la ligne et comme le courant montait assez fort, dans la perturbation générale du vent provoquée par tous ces spis déployés, il nous a fallu 15 à 20 mn pour… passer la ligne devant Thiers ! puis une fois dégagés de cette « formalité », nous avons résolu d’aller chercher de l’air frais et un peu moins de courant contraire à proximité des parcs à huîtres.

La première bévue : au premier passage devant Thiers, avec toute la vitesse du courant au milieu du chenal, nous nous souvenons que le parcours impose de passer entre la jetée et une marque obligatoire ! Obligés de faire demi-tour, nous retrouver face au courant avec ce vent toujours minimum, renvoyer le spi et nous déhaler lamentablement dans le sens inverse pour passer cette marque. Marque que nous enroulons donc, mais, vu du jury, nous arrivons à l’envers ! Ils ne comprennent rien… espérons qu’ils inscriront quand même notre passage… Pour l’Iboga, plus de 20 mn de perdues.

La 2e bévue : ayant scrupuleusement rentré les coordonnées des marques de parcours dans le GPS, je me fie au GOTO de l’appareil pour le cap à suivre. mal m’en prend : je me rends compte que nous esquivons largement la bouée en face du phare ! Et rebelotte : l’Iboga doit se détourner pour passer cette bouée avant de continuer. Heureusement, là, le courant porte comme il faut. Pas trop de temps perdu, mais assez pour permettre au 680 Desperado de nous rattraper et de s’échapper en direction de la bouée de Bélisaire.

La pétole du coucher du soleil : un grand classique des 18 heures d’Arcachon ; et effectivement, alors que l’Iboga gagne de précieuses fractions de miles face au courant, nous voyons, loin devant, Desperado débouler travers au chenal (il a eu la sagesse d’aller chercher le vent loin de la côte) et tenter d’enrouler cette bouée, puis, dériver, dériver… et finir par virer et se remettre à gratter contre le courant. Il n’est pas le seul : à part les yachts tout carbone (et Cuty Tou), la plupart de la flotte ne parvient pas à étaler le jus à cette bouée. Et comme de coutume, mouiller l’ancre devient la seule manière de gagner des places. A bord de l’Iboga, nous commençons à envisager le dîner (oui, l’apéro a été pris et repris dans le tour précédent). Mais assez rapidement, le souffle d’air devient perceptible et nous prenons le risque de relever l’ancre et de repartir au combat. Avec succès (épisode du Cuty Tou arrivant sur la bouée en même temps que nous)

Impression générale : ce fut une croisière très agréable avec en général un vent suffisant et bien orienté pour faire gazer le bateau. Une seule grande pétole de 07:00 à 10:00 que nous avons passé à l’ancre (comme la totalité de la flotte) dans le chenal devant la jetée du Ferret. La nuit fut douce et claire avec une pleine lune magnifique. Beau spectacle du nuage de feux verts et rouges au loin vers le CVA, alors que nos remontions le chenal accompagné de quelques fantomatiques ombres de bateaux. Nombreux bords sous spis, au largue et au près, mais pas trop d’épisodes de louvoiement, donc à bord, une tension vers l’efficacité, le bon réglage, la vitesse, mais pas d’excès de manoeuvres.

D’autres ressources en ligne :

Quelques autres photos de la course, par Sébastien Meys, webmaster officiel du CVA ;-)

Enigme : saurez-vous retrouver l’Iboga… Indice : « 7682 »

Enfin : les résultats complets !

Je laisse compléter mes deux valeureux équipiers que je remercie pour leur dynamique participation et pour leur contribution respective à l’excellente ambiance à bord de l’Iboga pendant cette épreuve qui fut surtout du plaisir.