Le bassin : une aire marine protégée ?

Cet article du journal Le Monde du 23/11/2007 nous apprend que la France relance sa politique de protection du milieu marin.

Fort bien. La France possède après les USA la plus grande surface maritime territoriale. Il est normal qu’elle s’implique dans sa protection.

On dit que les zones littorales sont les plus sensibles car là se loge la diversité des espèces et là se concentrent les activités humaines. Bon.

Et précisément, le Bassin d’Arcachon est « nominé » pour faire partie des heureux espaces qui seront prochainement protégés, eu égard à ses caractéristiques exceptionnelles.

Le Monde nous précise que « les associations de défense de l’environnement font pression pour la création d’un maximum de zones où les activités humaines seront interdites. »

Stratégie Aires Marines Protégées

Stratégie nationale pour la création d’aires marines protégées1)

Je ne sais pas qu’en penser.

Stérilisation des activités humaines ?

Possibilité de transiger sur des pratiques raisonnées ?

Tenez, évitons les procès d’intention et concentrons nous sur les faits actuels. Voici donc comment, sur le site du Réseau des aires marines protégées, la SEPANSO décrit les enjeux et problèmes rencontrés sur la réserve naturelle du banc d’Arguin

Enjeux identifiés :

Enrayer le développement des activités socio-économiques qui se fait actuellement au détriment de la protection du patrimoine naturel.

Usages problématiques du milieu :

Usages traditionnels :

– Activités de plage : sur-fréquentation estivale

– Plaisance : sur-fréquentation estivale

– Batellerie : sur-fréquentation estivale

– Pêche (filets, casiers, à pied) : sur-pêche, nombreuses infractions à la réglementation

– Ostréiculture : activité actuellement illégale

Usages récents :

– Fly-surf : nombreuses infractions à la réglementation

– Jet-ski : nombreuses infractions à la réglementation

Quelques notes en passant :

Les kitesurfeurs, ouhhh ! ils font de l’ombre aux nids de sternes… Salauds !

Sur les jets, surtout assis, je ne veux pas faire penser que je suis favorable à cette activité obscène.

La Batellerie, ce sont les transports en commun des touristes. Qui est contre les transports en commun ?

Plus important : l’ostréiculture (comme toutes les agricultures), intervention rationnelle de l’homme sur son milieu pour optimiser une équation de production, n’est-elle pas par nature une activité déstructurante, polluante, traumatisante pour son milieu ? Que faut-il faire ? Existe-t-il un modèle d’ostréiculture « durable », respectueuse de l’environnement ? Faut-il revenir à la technique ancestrale de cueillette ? Faut-il renoncer à cette activité ? La pêche professionnelle : même question, finalement.

Plus futile mais non moins sociétal : faut-il empêcher les pêcheurs amateurs d’aller à la loubine ou au casseron, de poser des filets à rougets, de ramasser des seaux de palourdes ? Mais on fait ça depuis 4000 ans ! Est-ce réellement nuisible ?

L’homme est au sommet de la chaîne alimentaire : dans son intérêt, il doit veiller à ne pas polluer ni démanteler les échelons inférieurs, mais il ne peut pas s’empêcher de manger ! Au nom de quelle équation devrait-on interdire de ramasser des coquillages et de pêcher ?

Sur la plaisance (enfin un sujet auquel je connais quelque chose), je ne vais pas enfoncer la porte ouverte des différents types de navires qui impliquent différents comportements très inégaux devant l’impératif environnemental. Ami lecteur, toi et moi sommes évidemment du bon côté (moi, en tous cas, avec mon voilier). Mais… gare à nos antifoulings, nos déchets, nos « eaux noires », les traumatismes provoqués par nos ancres, au mouillage, l’électrolyse, la production de gaz à effet de serre (et les fuites d’hydrocarbures) de notre moteur auxiliaire, voire au bilan carbone de la construction du bateau ! Pire, si toi, tu fais fabriquer tes voiles à Taïwan ou Hong Kong, ajoute le kérozène du transport, la pollution de l’usine à tissus vétuste et le bilan social des couturières… Ouhhh !

Bref, je me méfie du lobby écologiste qui fait de la lutte contre les activités humaines un objectif sournois et ministériel, et qui émerge parfois sous forme de réserve naturelle, de natura 2000, de nouvelles prohibitions… Les nouveaux quakers, éco-fondamentalistes, priorité à la larve de coléoptère, dehors, l’être humain…

Allez, pour aller plus loin, retour à l’objectivité avec la Fiche Aires marines protégées sur Wikipedia.


  1. Stratégie nationale pour la création d’aires marines protégées (.pdf