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La viande pour les nuls

Les morceaux du Boeuf
Musée des morceaux du Boeuf

Alors selon Les Echos point fr de ce soir, un syndicat de producteurs de viande s’est mis d’accord avec la grande distribution, et sous la bienveillante autorité de l’État (et sans doute avec l’aide financière de l’Europe), a décrété que désormais les pièces de bœuf porteront des dénominations plus simples à comprendre pour les Consommateurs. Pareil pour le mouton etc.

Adieu semelle, gîte à la noix, macreuse et jumeau ; bonjour steak, escalope ou rôti trois étoiles. A partir de la semaine prochaine, les noms anatomiques des morceaux de boeuf, de veau, d’agneau et de brebis vont disparaître des étiquettes des barquettes en vente au rayon libre-service des grandes et moyennes surfaces. Un virage important puisque la viande est aujourd’hui vendue à 80% en GMS, précise (…).
Un arrêté pris par la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF) en juillet dernier impose une nouvelle dénomination « simplifiée », après l’adoption d’un accord interprofessionnel sur ce sujet en janvier. Quelques chanceux, comme l’entrecôte, le gigot, le faut-filet ou le rumsteack, continueront de figurer sur les étiquettes. Ils font parti des rares morceaux que les consommateurs sont encore capables de citer.

La viande pour les nuls, quoi…

Nul, ça oui, à mon avis pour 3 ou 4 raisons.

Nul parce que, si toujours dans cet article, « … les industriels espèrent relancer une consommation de viande qui recule depuis déjà une vingtaine d’années… » cette baisse de consommation était plutôt une bonne nouvelle.

Pourquoi ?
Mais parce que manger de la viande en quantités telles dans les pays développés — supérieure à 200 g par jour — est deux fois trop par rapport aux recommandations pour une bonne nutrition (Source : le Figaro). Bref, c’est très mauvais pour la santé, et le budget de la sécu, les déficits etc. Ils l’ont compté ça dans le coût de la baisse de la consommation ?

Nul parce que l’élevage tel qu’il est pratiqué est une aberration écologique. Démo dans l’excellent site notre-planete.info

… la viande de boeuf détériore environ dix fois plus l’environnement que les autres produits alimentaires d’origine animale, parmi lesquels le porc et la volaille. En effet, ce type de bétail exige en moyenne 28 fois plus de terres et 11 fois plus d’eau d’irrigation ; de plus, il émet 5 fois plus de gaz à effet de serre et consomme 6 fois plus d’azote que les œufs et la volaille…

Entrecôte à la plancha
Entrecôte à la plancha

Nul parce que, sur un autre plan, le vocabulaire spécialisé de la boucherie est une partie de notre patrimoine, de notre culture, et en le supprimant du langage courant, comme éliminer un toponyme ancien chargé de sens en donnant à une rue le nom d’un mort, c’est appauvrir notre culture, réduire notre vision du monde, attaquer la résilience de notre société…

Nul enfin, (attention aux paradoxes apparents, j’assume) parce que, même si notre santé ne nécessite pas de manger de la viande, celle-ci participe à l’alimentation et à l’art de la table traditionnels et procurent du plaisir. À condition que cette viande soit issue d’élevages respectueux de la nature et des animaux.

Tout cela à débattre, bien sûr.