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Des économies d'énergie à l'indépendance énergétique : réponses et questions sur l'éco-construction

Moi qui suis racketté de 200 € tous les 2 mois par EDF, la faute à la déplorable construction de la maison que je loue à Bordeaux, l’humidité, le chauffage, l’eau chaude, etc, et encore heureusement que le climat est clément par chez nous, je me prends de temps en temps à rêver à ces maisons du futur-qui-existe-déjà dites ‘à faible consommation’, voire ‘passives’ ou encore mieux , énergétiquement indépendantes.


Une maison traditionnelle en Finande, en été

C’est pourquoi j’ai profité des conférences organisées par l’Échangeur de la CCI de Bordeaux ce jeudi 19 juin, sur ‘Éco-construction et nouvelles technologies’. Les interventions depuis Vienne (Autriche), Helsinki (Finlande), Stockholm (Suède) et Copenhage (Danemark), même si elles avaient une tonalité très commerciale, permettaient de voir comment s’oriente l’offre de produits et de savoir-faire pour arriver à ce type de construction. Les pays scandinaves étant très froids et peu ensoleillés (l’Autriche seulement froide en montagne), ils ont dû depuis longtemps optimiser leur habitat.

Ce que j’ai retenu.

En moyenne, une maison consomme 75 % de l’énergie pour le chauffage, 11 % pour l’eau chaude, 11% pour les appareils.

Une maison standard consomme de l’ordre de 120 KWh / m2 / an
Une maison à faible consommation, 45-60 KWh / m2 / an
Une maison ‘passive’, moins de 20 KWh / m2 / an
Le summum étant l’indépendance énergétique, voire générer plus d’énergie quelle n’en consomme !

Les principales façons de réduire la consommation d’énergie sont de rendre la maison étanche à l’air (films, qualité des ouvertures et des jonctions), de l’isoler (toit, murs, sol, vitrages), de supprimer les ponts thermiques (jonctions murs-toits et autours des ouvertures).

Il faut assurer une ventilation forcée efficace, réversible, de préférence avec récupération de chaleur (air préchauffé par géothermie, puits canadiens…).

Optimiser l’ensoleillement direct : orientation, pare-soleils… et capter l’énergie solaire : panneaux thermiques et/ou photovoltaïques.

Pour les besoins en chauffage résiduels, employer une pompe à chaleur, un poële à combustion de biomasse (pelets, copeaux de bois), connecter la maison à un réseau de chaleur urbain ; Alimentés par des chaudières collectives à biomasse, ils répondent à 1/3 des besoins en Finlande (10 x moins en France)

Et employer des appareils électroménagers classe A, à faible consommation.

J’ai découvert cet appareil innovant, un accumulateur de chaleur solaire permettant de restituer l’énergie sous forme d’eau chaude ou d’eau froide (sol chauffant/raffraichissant…) : une climatisation réversible à énergie solaire, sans consommation électrique ! C’est finlandais et ça s’appelle Climatewell

De formidables perspectives d’économies d’énergie et d’éco-habitat. Je suis toujours enthousiaste.

Sur l’Économie des économies d’énergie, il ne faut pas l’ignorer : mettre en oeuvre toutes ces méthodes de conception, de construction et ces équipements renchérissent sensiblement un coût de construction qui est déjà aujourd’hui bien ‘boosté’ par les matières premières (fer…), l’énergie (ciment, transports…), le modèle social français (charges sociales…), la normalisation (sécurité, qualité…), la pénurie de main d’oeuvre spécialisée etc. etc.

Bref, le surcoût exclusivement lié à l’éco-construction serait de l’ordre de 10 % à 5 %
Par exemple, un équipement tel Climatewell coûtera dans les 30 000 € pour faire passer une maison de 200 m2 à 20 KWh / m2 / an.
C’est pas donné…
Les triple vitrages coûtent plus cher que les double. Les isolants naturels et efficaces 30% plus cher que la laine de roche, la géothermie qui n’est pas encore dans des prix de mass market et le reste à l’avenant.

Mais il y a un retour sur investissement.
Sur une durée de 25-30 ans,
Une économie d’énergie chiffrable – aux prix 2008 – à 50 000 €. Le prix d’une belle voiture.
Potentiellement, une surcote à la revente (ça, c’est de l’argument de marchands, parce que les équipements et éco-matériaux d’aujourd’hui sont évidemment plus chers et moins performants que ceux de demain, alors il doit y avoir une décote aussi, par rapport à du neuf…)
Paraît-il, que la labellisation Éco-construction donnerait droit à un COS augmenté par rapport à la normale. On pourrait construire plus de surface sur son terrain. Un bénéfice direct dans certaines zones. A voir.

Sans compter la satisfaction de tendre à l’autosuffisance énergétique et d’avoir réduit son émission de CO2 de 15 tonnes par an.

Cependant, un trouble m’habite : concernant l’habitat ancien – immeuble anciens, immeubles récents si mal construits, pavillons ‘économiques’ qui se sont tant étalés autours des villes et même à la campagne… Comment on traite ? Par quel bout on attrape leur isolation, leur exposition, leur réseau d’énergie, leurs huisseries, leur équipement… ? Qui investit ? Qui finance ?
Dernières questions : et dans le locatif, comment motiver le propriétaire à investir dans les travaux d’amélioration dont son locataire profitera ? A quant la prise en compte du bilan énergétique dans le calcul du loyer ?