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Faites ce que je vote, pas ce que je dis (ou le contraire)

J’avais, en 2005, poussé un cri dans un billet d’humeur sur les Chroniques de l’Iboga : « 600 000 € pour “retaper” une cabane tchanquée ! ».
Grâce à l’article de Sud Ouest cité ci-après (et même dans Le Moniteur), je découvre maintenant que le projet a été voté alors même que son financement n’est pas assuré au point qu’il faille solliciter des souscripteurs particuliers en plus des contribuables !

ÎLE AUX OISEAUX. –La Fondation du patrimoine et la ville ont lancé hier une souscription pour la déconstruction reconstruction de la cabane tchanquée 53. Début des travaux à la fin du mois
Une souscription pour la cabane 53
Sud Ouest 02/10/2007:Bernadette Dubourg
«La cabane tchanquée 53 est un des joyaux de notre patrimoine. Après avoir beaucoup réfléchi, nous avons opté pour la déconstruction reconstruction. La cabane sera reconstruite à l’identique, elle retrouvera ainsi ses piliers originels en bois. Il nous tarde de la revoir », a assuré, hier matin, le maire de La Teste-de-Buch, Jean-François Acot-Mirande, au moment de signer une convention avec la Fondation du patrimoine pour le lancement d’une souscription, destinée à aider au financement de ces travaux.
Les travaux de déconstruction reconstruction, qui débutent le 22 octobre (lire par ailleurs) sont évalués à 600 000 euros. Une aide est demandée au Conseil général et au Conseil régional. Pour le reste, c’est la ville qui paiera.(…)

Mais, au delà de cette affaire de budget disproportionné, ce que Sud Ouest nous permet de souligner, c’est une cocasserie (je ris jaune) dans ce projet de la mairie de la Teste.

Le maire la commune de La Teste de Buch explique (comme il le faisait précédemment dans une itw à France 3, etc.) que la cabane retrouvera comme à l’origine, des piliers en bois.
Ah, très bien : satisfaction de la Tradition retrouvée… Des piliers en pin local bien sûr… Ah ? non ? Pas en pin ? En quoi alors, en chêne ? en Robinier (Acacia) ? Non plus…

Ces nouveaux piliers en bois seront en bois… exotique. En Azobé, précisément, taillé carré pour rappeler les poteaux en béton armé.

Comme le précise un érudit (merci Xavier) du Bassin : La première cabane tchanquée (construction Pibert et Mozas sur pilotis en bois) a vécu 60 ans (1883-1943). La cabane 53 (construction Longau sur piliers en béton armé) a vécu 59 ans (1948-2007). La cabane Landry (construction Landry sur pilotis en bois) survit depuis 61 ans (1946-2007), pour combien de temps encore.

Oui. Mais vous comprenez : en plus d’être « originel », le bois exotique c’est imputrescible et toutes ces qualités, classe 5, sa durabilité… bla bla.

Sauf qu’il ne faut pas confondre durable et durable. Cela n’est justement pas une pratique durable d’employer du bois d’Afrique. Ca soulève plein de problématiques importantes : conditions techniques et sociales d’exploitation forestière dans les forêts primaires, pérennité des peuplements, érosion de la biodiversité, bénéfice pour les populations locales, consommation d’énergie fossile pour le transport…

Ca a l’air anecdotique. Pour moi, c’est symptomatique.
On s’arrange de tous les paradoxes, n’est-ce pas ?

Alors, voilà. Pour être un peu constructif (hé hé) j’ai trouvé une page qui présente assez bien les problèmes des achats responsables de bois, et une autre page, plus militante mais pas moins intéressante, sur la déforestation des forêts primaires.